Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Europe

A l'Ouest, la récession se précise

par Myriam Berber

Article publié le 18/12/2008 Dernière mise à jour le 19/12/2008 à 11:51 TU

Si la zone euro a bien résisté en début d’année au ralentissement économique mondial, cette fin d’année 2008 s’annonce beaucoup plus difficile avec un chômage élevé, un recul de la production industrielle et des exportations. Les grandes économies de la zone euro, France et Allemagne, sont en première ligne. Le Royaume-Uni est aussi durement frappé.
Valeo a annoncé la suppression de 5 000 emplois dans le monde dont 1 600 en France.( Photo : AFP )

Valeo a annoncé la suppression de 5 000 emplois dans le monde dont 1 600 en France.
( Photo : AFP )


« Pour 2009, je pense qu'aucun pays européen n'évitera la récession. Nous, nous espérons être très proches de l'équilibre », a déclaré, jeudi 18 décembre 2008, François Fillon sur la chaîne de radio Europe 1. Le Premier ministre pense néanmoins que la France « résiste plutôt mieux ». D’ailleurs, le gouvernement français table pour l'heure sur une croissance comprise entre 0,2 et 0,5% en 2009 tandis que la Commission européenne prévoit une croissance zéro. Plus pessimistes, l'OCDE et le Fonds monétaire international attendent respectivement -0,4% et -0,5%.

L’économie française fait les frais d’un environnement international en crise. On est maintenant au-dessus de la barre symbolique des 2 millions de demandeurs d'emplois. Et la situation ne devrait pas s'arranger. Selon les prévisions de l'OCDE, le taux de chômage pourrait passer de 7,3 à 8,2% en 2009 et même 8,7% en 2010. Les secteurs les plus touchés devraient être ceux de la construction et de l'automobile. Le bâtiment pourrait perdre 45 000 emplois l'année prochaine sur un total de 2 millions de salariés. Quant à l'automobile, Renault a déjà annoncé près de 5 000 suppressions d'emplois et son concurrent Peugeot a présenté un plan de plus de 3 500 licenciements.

Fermeture des célèbres magasins Woolworths

Le violent coup de frein donné par les constructeurs automobiles est en train d’affecter durement le secteur de la sidérurgie et les fournisseurs. Le numéro un mondial de l’acier ArcelorMittal a annoncé, fin novembre, vouloir supprimer jusqu’à 3% de son personnel dans le monde, soit 9 000 salariés dont un tiers en Europe. Après le premier équipementier automobile français Faurecia, qui a annoncé la semaine dernière la suppression de 1 200 emplois sur la période 2009-2011, c’est au tour d’un autre géant de l’équipement automobile de dégraisser. Valeo a annoncé, mercredi 17 décembre 2008, une réduction de ses effectifs de l’ordre de 5 000 emplois dans le monde, soit près de 10% de ses effectifs. En France, 1 600 emplois vont être supprimés.

La situation est tout aussi préoccupante au Royaume-Uni. Le taux de chômage se situe désormais à 6% de la population active, son niveau le plus haut depuis mai 1999. Les fermetures d’entreprises et les licenciements se multiplient. C’est le cas notamment de la chaîne de magasins Woolworths dont la fermeture est définitivement confirmée pour le 5 janvier prochain. Woolworths était une véritable institution dans le Royaume-Uni, une chaine quasi centenaire de 807 magasins installés à travers tout le territoire. 22 000 salariés permanents et quelque 5 000 intérimaires vont donc se retrouver sans emploi.

Un magasin Woolworths à Putney dans l'ouest de Londres, le 14 décembre 2008.( Photo : Reuters )

Un magasin Woolworths à Putney dans l'ouest de Londres, le 14 décembre 2008.
( Photo : Reuters )

Pour relancer la croissance, la Banque d’Angleterre (BoE) serait prête à suivre l’exemple de la Réserve fédérale américaine dont le taux directeur est désormais proche de zéro. Début décembre, la BoE a baissé son principal taux directeur d’un point à 2%. Il s’agissait de la troisième baisse d’affilée du loyer de la livre, le ramenant au niveau des années 1940. Selon bon nombre d’observateurs, cet assouplissement pourrait augurer d’autres mouvements prochainement. Facteur aggravant : la chute de la livre sterling qui poursuit sa dégringolade vers la parité avec la monnaie unique. Elle est passée pour la première fois sous le seuil de 1,060 euro.

Un 2e plan de relance prochainement en Allemagne

Le ralentissement est également très marqué en Allemagne, la principale économie de la zone euro. Fortement critiquée pour son plan de relance de près de 32 milliards d’euros jugé insuffisant face à la crise, Angela Merkel a reçu, jeudi 18 décembre 2008, les chefs de gouvernement des Länder (régions) pour discuter du financement de nouvelles mesures de relance économique. La chancelière a promis un deuxième plan pour la fin janvier, une fois connu le contenu du programme du président américain élu Barack Obama. Le recul du PIB a atteint 0,5% au troisième trimestre 2008. L’Allemagne est donc en récession pour la première fois depuis cinq ans. Durant les deux premiers trimestres, le pays bravait encore la crise qui touchait déjà durement les Etats-Unis, grâce à la compétitivité de son industrie et la force de ses exportations dans les pays d'Europe de l'Est, eux aussi relativement épargnés par le marasme.

Dans un contexte international difficile, tous les moteurs potentiels de la croissance se sont dégradés. La consommation des ménages, chroniquement faible dans le pays, n’a pas suffit à compenser la chute de 8% des commandes industrielles ou bien encore la chute des exportations. L’Allemagne, championne du monde des exportations, est frappée de plein fouet par la baisse de la demande mondiale. De nombreuses entreprises, notamment dans les secteurs clés de l’automobile et de la chimie, ont commencé à réduire drastiquement leur production et supprimer des milliers de postes d’intérimaires.