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Conjoncture

France : fort recul de l’inflation

par Myriam Berber

Article publié le 16/12/2008 Dernière mise à jour le 16/12/2008 à 16:42 TU

L’inflation en France a enregistré une baisse de 0,5% en novembre 2008 par rapport à octobre. Ce recul s’explique principalement par la baisse des matières premières et en particulier celle du pétrole. Mais les prix à la consommation ne reflètent pas toujours l’évolution des cours. Si le prix du gazole est ainsi descendu à moins d’un euro, celui de la baguette de pain est resté stable.
Le prix du gazole, le carburant le plus utilisé en France, est tombé début décembre à moins d’un euro le litre.(Photo : AFP)

Le prix du gazole, le carburant le plus utilisé en France, est tombé début décembre à moins d’un euro le litre.
(Photo : AFP)


On s’attendait à un recul de l’inflation en cette fin d’année 2008 et l’Institut national des statistiques (Insee) le confirme. Pour le mois de novembre, l’inflation recule de 0,5% en novembre 2008 en France par rapport au mois précédent. Selon l’Insee, les prix de détail ne progressent plus sur un an que de 1,6% contre 2,7% le mois précédent. Il s’agit du taux le plus bas depuis septembre 2007. Cette forte baisse reflète essentiellement celle des cours des matières premières. Le prix du gazole, le carburant le plus utilisé dans l’Hexagone, est tombé la semaine dernière à moins d’un euro le litre. Selon l’Union française des industries pétrolières (Ufip), le litre de gazole s’est vendu en moyenne moins d’un euro le litre à la mi-décembre, très loin de son record de 1,45 le litre fin mai 2008. Pour sa part, le litre de super sans plomb est désormais à 1,08 euro contre 1,11 euro une semaine auparavant.

Ce repli du prix des carburants s’inscrit dans la baisse du prix du pétrole. Même s’il est remonté à 50 dollars, l’or noir est globalement à la baisse sur les marchés. Il y a encore une dizaine de jours, le baril était passé sous les 40 dollars. Celui-ci a perdu près de 70% de sa valeur depuis son record historique à 147,27 dollars le 11 juillet dernier. Pour François Carlier, de l’Association de consommateurs UFC-Que Choisir, cela pourrait ne pas durer : « la baisse du prix du baril s’explique aujourd’hui par la récession. Mais le jour où l’économie repartira vers la croissance, on retrouvera certainement les sommets atteints cette année. Le prix du gazole pourrait être encore plus bas si les marges de raffinage n’étaient pas aussi élevées ».

Polémique sur le prix du pain

Les prix de l’énergie, mais également toutes les matières premières agricoles (blé, maïs, soja, cacao, café, sucre ou coton) ont vu leur cours chuter de 25% à 30% depuis le milieu de l’été. Les fonds spéculatifs sont en partie responsables de la situation. Il y a six mois, les matières premières étaient devenues des valeurs refuges pour les fonds d’investissement. Aujourd’hui, ces fonds se retirent des marchés, d’où la baisse. Mais alors que le prix de la tonne de blé a été divisé par deux, le prix du pain est resté stable en France. La baguette est toujours vendue à un prix compris entre 75 et 95 centimes, franchissant même dans certaines boulangeries le seuil d’un euro. Les associations de défense des consommateurs accusent les boulangers de répercuter les cours du blé sur le prix du pain uniquement quand ils sont à la hausse.

Une désinflation qui se transforme en déflation

Pour justifier les prix actuels du marché, les boulangers invoquent un système bloqué au niveau des meuneries qui transforment le blé en farine. Ce n’est pas l’avis du président de l’Association nationale de la meunerie française (ANMF), Joseph Nicot : « le marché du blé se traite avec des contrats à terme. Du coup, le prix actuel est aux alentours de 200 euros. Ce qui signifie que l’on a jamais répercuté le maximum de 280 euros. Par voie de conséquence, on n’est donc pas en mesure de répercuter le minimum de 230 euros ». Les boulangers disent également assumer le coût des salaires. La grille salariale des artisans-boulangers est en effet liée au salaire minimum.

Avec un taux d’inflation de 1,6%, la France est dans la moyenne de la zone euro. Selon Eurostat, la croissance annuelle des prix s’est établie à 2,1% en novembre après 3,2% en octobre. Pour l’économiste Nicolas Bouzou du cabinet Asteres, la situation actuelle n’est pas sans risque : « ce mouvement de désinflation porte en lui un risque, celui de la déflation, c’est-à-dire une baisse prolongée des prix qui se conjuguerait à une chute des profits, de l’investissement, de la consommation et du produit intérieur brut. Nous n’en sommes pas encore là. A 1,9%, l’inflation hors énergie et alimentation ne décroche pas ».