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Energie

Le pétrole orienté à la baisse

par Myriam Berber

Article publié le 23/07/2008 Dernière mise à jour le 23/07/2008 à 16:03 TU

Le cyclone Dolly devrait épargner les installations pétrolières du Golfe du Mexique.  (Photo : PEMEX)

Le cyclone Dolly devrait épargner les installations pétrolières du Golfe du Mexique.
(Photo : PEMEX)

Le baril a perdu près de 20 dollars sur les marchés mondiaux en seulement deux semaines, pour se stabiliser aux alentours de 125 dollars. Plusieurs raisons sont à l’origine de cette baisse : un recul de la demande mondiale et des installations pétrolières du golfe du Mexique épargnées par le cyclone Dolly. Autre facteur : plusieurs fonds d’investissement liquideraient actuellement leurs positions spéculatives accumulées depuis plusieurs mois sur les marchés.

Le prix du baril du pétrole n’a cessé de monter depuis le début de l’année. Désormais, on assiste à la tendance inverse. Les prix du pétrole sont repartis à la baisse sur les marchés. Le Brent de la mer du Nord recule ainsi à 127,29 dollars le baril à Londres, tandis que le brut américain s’établit à 126,03 dollars le baril à New York. Au total, les cours du pétrole affichent un recul de près de 20 dollars en deux semaines, depuis leur record historique à 147,27 dollars le 11 juillet dernier.

Plusieurs facteurs permettent de comprendre ce recul du prix de l’or noir. Sous l’impact de la crise économique et des prix élevés, le reflux de la demande pétrolière se confirme aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de pétrole. L’American Petroleum Institute fait état d’une baisse de 1,4% de la consommation en juin et de 3% sur l’ensemble du premier semestre 2008.

Le rebond du dollar

Le rapport hebdomadaire du ministère américain de l’Energie (DoE), publié mercredi 23 juillet 2008, montre également une augmentation des stocks d’essence, très surveillés en cette période de grands déplacements estivaux aux Etats-Unis, de 2,9 millions de barils, les portant à 217,1 millions. Les réserves de produits distillés qui comprennent le gazole et fioul domestique ont également augmenté de 2,4 millions de barils pour atteindre 128,1 millions. Hors des Etats-Unis, plusieurs pays d’Asie, l’Indonésie, la Malaisie, l’Inde mais également la Chine ont été amenés, ces dernières semaines, à revoir leur politique de subventions à l’essence, ce qui a fait baisser la demande intérieure.

D’autres facteurs ponctuels ont contribué à cette baisse. Le cyclone Dolly ne constitue plus une menace grave sur les installations pétrolières du Golfe du Mexique, contrairement aux craintes initiales. Dolly se dirigerait vers les côtes texanes et mexicaines de l’ouest du Golfe. Du fait de sa trajectoire, la perturbation ne devrait causer au pire qu’une petite réduction de la production au Mexique. Certaines compagnies pétrolières comme Shell, Chevron ou ExxonMobil ont évacué du personnel, mais ont assuré que leur production n’en serait pas affectée de manière significative. 

Réglementer les investissements dans le pétrole

Pour Francis Perrin, rédacteur en chef de la revue Pétrole et gaz arabes, un autre facteur a contribué à cette tendance baissière : « Il y a actuellement aux Etats-Unis des discussions très animées à propos de la spéculation sur les marchés pétroliers. Le Senat américain envisage de prendre des mesures pour réglementer les investissements dans les contrats à terme sur le pétrole. Certains fonds ont anticipé ces mesures, et semblent avoir liquidé leurs positions accumulées depuis plusieurs mois sur les marchés financiers ».

Cette baisse récente de l’or noir demeure toute relative. Le niveau actuel du prix du pétrole est de 70% supérieur à celui qu’il affichait l’an dernier. Les prix restent soutenus par les tensions géopolitiques avec l’Iran. Les dernières discussions à Genève pour persuader Téhéran d'abandonner son programme d'enrichissement d'uranium se sont, en effet, achevées sans réelle percée. Bon nombre d'analystes estiment que la tendance de fond du marché pétrolier reste haussière, avec le seuil de 150 dollars comme prochain étape. Pour Francis Perrin, il est encore trop tôt pour se prononcer : « Cette baisse est un véritable ballon d’oxygène pour le pouvoir d’achat dans un contexte économique très difficile. Reste à savoir s’il s’agit d’une légère pause ou si l’on assiste à un début de reversement de tendance ».