par Myriam Berber
Article publié le 08/05/2008 Dernière mise à jour le 08/05/2008 à 14:14 TU
Malgré des réserves de pétrole et d’essence plus élevées que prévu aux Etats-Unis, les cours du brut ont atteint des niveaux record ces derniers jours aussi bien à New York qu’à Londres. Dans le sillage des cours du pétrole, les prix à la pompe n’en finissent pas de battre des records. Une envolée des cours nourrie par la forte demande asiatique, les tensions géopolitiques et la spéculation.
Les cours du pétrole restent, jeudi 8 mai 2008, tout près de leurs niveaux record atteint mercredi. Le Brent de la mer du Nord a grimpé au dessus des 122 dollars le baril à Londres, tandis que le brut américain s’envolait à près de 124 dollars le baril à New York. Au total, les cours du pétrole ont bondi de plus de 7 dollars cette semaine. Cette nouvelle effervescence intervient alors que les nouvelles sont globalement rassurantes aux Etats-Unis, premier consommateur d’énergie.
Selon le ministère américain de l’Energie (DoE), les stocks de pétrole brut ont augmenté de 5,7 millions de barils, la semaine dernière, alors que l’on attendait une progression de 1,63 million. Les stocks d’essence, très surveillés en raison de la période des grands déplacements estivaux aux Etats-Unis, ont eux aussi progressé de 800 000 barils, soit mieux que les 100 000 barils annoncés par les spécialistes. A l’inverse, les réserves de produits distillés qui comprennent le gazole et fioul domestique, ont baissé de 100 000 barils.
Les marchés pétroliers, un refuge pour les spéculateurs.
Mais dans un climat d’extrême tension sur les prix du pétrole, la moindre alerte suffit de mettre le feu au baril. Les tensions géopolitiques au Nigeria pourraient encore réduire l’offre sur les marchés. Depuis février 2006, l’offre du huitième exportateur mondial a, en effet, diminué en raison d’actes de sabotages du Mouvement d’émancipation du delta du Niger (Mend) contre les sociétés pétrolières. De même, la tension autour du programme d’enrichissement nucléaire de l’Iran et la demande très forte en provenance de la Chine et de l’Inde suscite les craintes sur les approvisionnements. Selon le dernier rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie, la Chine deviendra le premier consommateur mondial d’énergie devant les Etats-Unis peu après 2010.
La baisse continue du dollar tout au long de cette année face à l'euro, oriente également les investisseurs vers le pétrole libellé en billet vert, encourageant la spéculation, et contribuant de fait à réduire l'offre. Plus le dollar va mal, moins le pétrole coûte cher aux investisseurs. Les marchés pétroliers sont ainsi devenus un refuge pour les fonds spéculatifs, qui y investissent massivement, désertant les autres types de placements financiers.
Hausse des prix à la pompe
La spéculation est d’autant plus vive que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé de ne pas relever ses quotas de production. En outre, de nouveaux signes indiquent une résistance de l’économie américaine, notamment une accélération des gains de productivité au premier trimestre. Des chiffres qui ont convaincu les investisseurs que la demande énergétique n’allait pas baisser aux Etats-Unis, malgré le ralentissement de la croissance.
Dans le sillage des cours du pétrole, les prix à la pompe n’en finissent pas de battre des records. Aux Etats-Unis, le prix moyen avoisine les 3,51 dollars le gallon d'essence (3,78 litres). Les records précédents dataient de 2005, au lendemain de l'ouragan Katrina. Ce mouvement s'insère dans un scénario dominant qui veut que le prix moyen de l'essence atteindra les 4 dollars le gallon aux États-Unis au cours des prochains mois, au plus fort des déplacements de l'été. La pression sur les prix à la pompe est également bien réelle en France, Selon le dernier relevé de l’Union française de l’industrie pétrolière (Ufip), publié mercredi 7 mai 2008, le litre de super sans plomb atteint désormais 1,40 euro en moyenne. Quant au gazole, il s’établit à 1,33 euro.
Une situation qui pourrait perdurer : la banque d’investissement Goldman Sach, un grand acteur financier sur le marché des matières premières et du pétrole a prévu, cette semaine, une montée des cours du pétrole vers les 200 dollars dans les deux ans. Il y a trois ans, Goldman Sachs avait prédit un baril à 100 dollars, puis à 125 dollars.