par RFI
Article publié le 23/04/2009 Dernière mise à jour le 24/04/2009 à 04:51 TU
Des Pakistanais qui ont choisi de quitter Buner à cause des violences, le 23 avril 2009.
(Photo : AFP)
400 à 500 hommes lourdement armés circulent dans Buner et ses alentours. Ce sont des talibans pakistanais qui, selon des témoins, ont installé des barrages sur la route principale qui conduit à la ville. La police mal ou peu équipée s’est contentée de laisser faire.
Pour Sam Zarifi, le directeur d’Amnesty international à Islamabad, les 650 000 habitants de la ville craignent le pire : « Ce sont des zones très peuplées. Ces habitants nous ont fait part de leur grande déception parce que maintenant il y a ces talibans qui rodent sur les routes et qui ont pris le contrôle de leurs villages. Des écoles ont été fermées. Le voile pour les filles imposé et les hommes contraints à se laisser pousser la barbe. Le système judiciaire est par terre. Les juges ont été remplacés par des juges talibans. Les populations craignent le pire. »
Cette progression des talibans est un revers pour le gouvernement civil. Le « donnant-donnant » : le cessez le feu dans la région voisine du Swat contre l’instauration de tribunaux islamiques, il y a un mois, n’a rien donné. Les talibans n’ont pas déposé les armes et Islamabad doit recourir au paramilitaires. L’armée de son côté reste en retrait. « Car les soldats sont trop nombreux dans le Cachemire », a expliqué à RFI le rédacteur en chef du journal Nation News. Seule une concertation régionale avec New Delhi permettrait dit-il de sortir de la crise.
L'avancée des talibans |
Avec notre correspondante à Peshawar, Nadia Blétry A peine entré dans le district de Buner, l’un des convois s’est fait tirer dessus. Ce sont des policiers qui escortaient les troupes paramilitaires qui ont été touchés. Cette attaque contre les forces de sécurité est la première dans la région depuis que le gouvernement a signé un accord avec les talibans de la vallée de Swat. Dans la journée de jeudi, les troupes paramilitaires envoyées en renforts à Buner, se sont déployées dans les postes de police du district. Elles ont également été mandatées pour veiller sur les ponts et sur les bâtiments publics. Depuis quelques jours, les talibans venus de la vallée de Swat ont étendu leur zone d’influence dans le district de Buner, situé à moins de cent kilomètres de la capitale pakistanaise. Ils ont pris possession d’édifices religieux, réquisitionné des véhicules d’ONG ou encore installé des barrages sur les routes. Pour cela les militants n’ont pas eu besoin de faire usage de la force. Ils n’ont trouvé aucune résistance, mais plutôt une population apeurée et une absence totale de réactions des autorités. Ce jeudi, le déploiement des troupes paramilitaires a surtout une valeur symbolique. Le gouvernement, largement critiqué par les pays occidentaux pour avoir accordé la «charia» aux talibans en échange de la paix, veut montrer qu’il n’est pas démissionnaire. De leur côté, les militants ont fait savoir qu’ils ne comptaient pas quitter le district de Buner avant que les valeurs de l’islam n’y soient mises en application. |
L'inquiétude des Etats-Unis |
avec notre correspondante à Washington, Donaig Le Du La progression des talibans et de leurs alliés au Pakistan inquiète les Etats-Unis. Après la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, mercredi, ce sont la Maison Blanche et le Pentagone qui font désormais part de leur inquiétude. « Extrêmement préoccupés », c’est la formule qu’emploie Robert Gibbs, le porte-parole de la Maison Blanche, pour définir l’état d’esprit des Etats-Unis au sujet des récents développements de la situation au Pakistan. Le président consacre beaucoup de son temps à ce dossier, poursuit son porte-parole, et les informations de ces derniers jours, à savoir l’entrée en vigueur de la chariah dans la vallée de Swat, et la progression des extrémistes en direction de la capitale, sont extrêmement « troublantes » selon lui. Le ministre de la Défense exprime lui aussi son inquiétude. Alors qu'il rendait visite à des Marines qui s’apprêtent à partir pour l’Afghanistan, Robert Gates a souhaité que les responsables pakistanais prennent des mesures pour contrer l’avancée des talibans. En rupture par rapport à la politique menée par son prédecesseur, Barack Obama a décidé de lier les deux dossiers, celui de l’Afghanistan et celui du Pakistan. La situation là-bas est l’une des priorités de la nouvelle administration. Elle considère que c'est dans cette région du monde que se trouvent les racines du terrorisme. |
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