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Balkans / Etats-Unis

Les Etats-Unis n'oublient pas l'ex-Yougoslavie

par Maud Czaja

Article publié le 19/05/2009 Dernière mise à jour le 19/05/2009 à 15:04 TU

Le vice-président américain, Joe Biden, à son arrivée à Sarajevo le 19 mai 2009.(Photo : Danilo Krstanovic/Reuters)

Le vice-président américain, Joe Biden, à son arrivée à Sarajevo le 19 mai 2009.
(Photo : Danilo Krstanovic/Reuters)

Le vice-président des Etats-Unis Joe Biden est dans les Balkans depuis ce mardi pour une visite de trois jours. Cela faisait treize ans qu’un haut dirigeant américain n’avait pas mis les pieds dans cette zone, depuis la visite de Bill Clinton en Bosnie en 1996. Joe Biden est ce mardi à Sarajevo. Il se rendra ensuite en Serbie et au Kosovo. Avec ce voyage, les Etats-Unis cherchent à démontrer qu’ils sont toujours engagés dans la région, particulièrement chère à Joe Biden.

« Lorsque je réfléchis à ma carrière d’homme politique, déclare Joe Biden dans son autobiographie publiée en 2007, je suis particulièrement fier du travail que j'ai accompli pour mettre fin au génocide dans les Balkans ». Le vice-président des Etats-Unis a un été l’un des plus ardents défenseurs de l’engagement militaire américain dans cette zone. Il n’avait pas hésité à traiter, en le regardant dans les yeux, Slobodan Milosevic de criminel de guerre. Ce n’est donc pas une surprise si quelques mois à peine après l’investiture du gouvernement de Barack Obama, Joe Biden se rend en personne dans les Balkans où le calme est tout relatif.

Calme précaire dans les Balkans

La Bosnie-Herzégovine piétine. Quatorze ans après les accords de Dayton qui ont mis fin à la guerre, les trois communautés cohabitent mais chacune dans leur coin. Les réformes tardent à venir. Les Bosniaques souhaitent plus d’unité alors que les Serbes de Bosnie de la Republica Srsbka veulent plus de compétences et les Croates les plus radicaux n’ont pour leur part toujours pas renoncé à créer leur propre entité.

Les responsables politiques des trois communautés font preuve de tellement d’intransigeance, qu’en quinze ans, ils n’ont toujours pas réussi à se mettre d’accord sur la traduction de la Constitution qui est de fait toujours en anglais.

Avec cette visite, Joe Biden veut montrer que les Etats-Unis, très occupés en Irak et en Afghanistan, sont toujours impliqués en ex-Yougoslavie. Lors de son étape bosnienne, il abordera avec le chef de la diplomatie européenne Javier Solana la question de la fermeture du bureau du Haut représentant de la communauté internationale en Bosnie-Herzégovine, envisagée pour la fin de l’année. Le pays est en effet toujours sous quasi-tutelle internationale. L’objectif est de créer un poste d’envoyé spécial de l’Union européenne, qui aura moins de pouvoir que l’actuel Haut représentant. Les Etats-Unis et l’Europe sont sur la même ligne : la stabilité de la région passe par une perspective d’adhésion à l’Union européenne.

Le vice-président ne sera cependant pas accueilli à bras ouvert par toutes les communautés. Les Serbes de Bosnie ont clairement demandé aux Américains de se tenir à l’écart et de laisser les dirigeants locaux s’occuper eux-mêmes de leurs problèmes. De leur côté, les Etats-Unis semblent au contraire vouloir continuer de garder un œil sur la région. Le Congrès américain a d’ailleurs demandé le 12 mai dernier la nomination d’un envoyé spécial pour les Balkans.

Les Etats-Unis veulent renouer le dialogue avec Belgrade

Le vice-président américain se rendra ensuite en Serbie pour renouer le dialogue avec Belgrade. Les relations serbo-américaines se sont refroidies depuis la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo, pays qui bénéficie du soutien des Etats-Unis. La situation reste tendue au Kosovo où l’intégration de la minorité serbe est encore loin d’être réalisée. Joe Biden rencontrera le président serbe Boris Tadic et cherchera, d’après des responsables américains, les moyens de parvenir à un modus vivendi entre la Serbie et le Kosovo.

Le vice-président achèvera sa tournée par Pristina, la capitale kosovare. Joe Biden sera le premier haut responsable à être décoré de la médaille d’or de la liberté par le président kosovar Fatmir Sejdiu.