par RFI
Article publié le 26/05/2009 Dernière mise à jour le 27/05/2009 à 03:43 TU
Mamadou Tandja, le président du Niger a dissous par décret, ce mardi, le Parlement. Cette décision intervient au lendemain d’un avis défavorable de la Cour constitutionnelle, qui s’était prononcé contre l’organisation d’un référendum visant à prolonger le mandat du président. Son dernier quinquennat prend fin en 2009.
Ce sont vingt-trois députés de cette Assemblée qui ont saisi, le 8 mai dernier, la Cour constitutionnelle pour avoir son avis sur le projet de référendum annoncé par le président Tandja. L’avis défavorable au chef de l’Etat est tombé le lundi 25 mai.
Par ailleurs, ce sont des députés de cette même Assemblée qui forment la Haute cour de justice, celle-là même qui a accordé une liberté provisoire le 23 avril dernier à l’ex-Premier ministre Hama Amadou, l’ancien dauphin devenu l’ennemi politique numéro un du pouvoir. Il était écroué pendant dix mois dans une affaire de détournement de trente-neuf millions de francs CFA.
Le président Tandja ne dispose pas d'une majorité à l’Assemblée nationale. Son parti le MNSD (la coalition du Mouvement national pour une société de développement) ne compte que 48 députés sur 113. Dans la situation politique actuelle, le scénario entre le chef de l’Etat et l’Assemblée était à qui va dégainer le premier.
L’Assemblée a la possibilité de renverser le gouvernement par une motion de censure. Elle avait aussi la possibilité de mettre en accusation le président de la République, surtout après l’avis défavorable de la Cour constitutionnelle, si celui-ci persistait dans son projet de référendum.
L’arme que détenait encore Tandja, était La dissolution de l’Assemblée. Et il vient de l’utiliser. Le décret vient d’être lu en séance plénière, il y a quelques minutes à Niamey, en l’absence du président de l’Assemblée, Mahamane Ousmane.
Le fil des événements |
Mamadou Tandja a attendu la dernière année de son second mandat pour lever le voile sur ses ambitions. Depuis son élection en 1999, le chef de l'Etat avait promis à plusieurs reprises qu'il ne toucherait pas à la Constitution et qu'il se retirerait comme prévu en décembre 2009.
Il y a deux mois, lors de la visite de Nicolas Sarkozy à Niamey, le président nigérien l'avait encore répété mais en ouvrant une brèche. Mamadou Tandja avait alors déclaré qu'il pourrait écouter « l'appel du peuple » lui demandant de se maintenir au pouvoir trois ans de plus afin de boucler tous les projets engagés.
« Coup de force »
Le 8 mai, ce faux suspense prend fin et le gouvernement annonce l'organisation d'un référendum avant la fin de l'année pour permettre l'adoption d'une nouvelle Constitution sans limitation de mandats. Dès le lendemain, c'est le tollé dans la classe politique.
L'opposition mais aussi des partis alliés au président organisent un grand rassemblement à Niamey pour dénoncer ce qu'ils n'hésitent pas à appeler « un coup de force ». Quelques jours plus tard, ce sont les sages de la Cedeao qui viennent rappeler à l'ordre les autorités nigériennes. Mamadou Tandja n'en a cure et maintient son projet de référendum.
Lundi, la Cour constitutionnelle saisie par des députés donne un avis défavorable. La réplique du président est immédiate, il dissout l'Assemblée nationale. La crise politique, jusque-là sous-jacente, est désormais ouverte. |