Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Etats-Unis/Economie

General Motors dépose le bilan

par Claire Fages

Article publié le 01/06/2009 Dernière mise à jour le 01/06/2009 à 15:53 TU

General Motors : 90 milliards de dollars de  pertes accumulées depuis 2005.(Photo : Jim Young/Reuters)

General Motors : 90 milliards de dollars de pertes accumulées depuis 2005.
(Photo : Jim Young/Reuters)

Le constructeur automobile américain, ancien numéro un mondial, a déposé le bilan devant la justice des faillites à New York, ce lundi 1er juin. L’objectif est de voir renaître un « nouveau GM », d’ici deux à trois mois, au prix d’une injection de fonds publics massive (50 milliards de dollars supplémentaires) et d’une réduction drastique des coûts.

« Aujourd’hui restera un jour historique pour l’entreprise : la fin de l’ancien General Motors et le début d’un nouveau ». C’est ainsi que l’administration du président Barack Obama a annoncé, dimanche 31 mai, que le constructeur automobile, numéro un mondial 77 ans durant, allait déposer le bilan. General Motors s’est placé sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites, ce lundi. Ce qui, si le redressement judiciaire est accepté par le tribunal de New York, mettra le groupe à l’abri de ses créanciers et facilitera donc sa restructuration.

Le scénario est semblable à celui de Chrysler, un des trois « grands » de Detroit, dont la mise en faillite a permis la reprise des actifs sains par un consortium mené par l’Italien Fiat - un processus qui vient d’être avalisé par la justice américaine, dimanche 31 mai. Mais la faillite de General Motors est autrement plus spectaculaire, à la mesure des pertes accumulées depuis 2005 : 90 milliards de dollars !

Le plan de restructuration devrait durer deux à trois mois, deux à trois fois plus longtemps que celui de Chrysler. Cette restructuration sera portée à bout de bras par le gouvernement américain – et dans une moindre mesure par le gouvernement canadien. A eux deux, ils injectent à nouveau 50 milliards de dollars dans l’entreprise – qui a déjà reçu 20 milliards de dollars de l’Etat fédéral américain - en échange de 72,5% des actions du « nouveau GM », rebaptisé ironiquement « Government Motors ! »

Le reste du capital se distribuera ainsi : 17,5% au fonds de gestion de l’UAW (le syndicat des ouvriers de l’automobile) en charge de la couverture médicale des retraités ; et 10% aux créanciers détenteurs d’obligations qui ont souscrit au plan de restructuration ; les uns et les autres recevront des bons qui leur permettront de grimper à 20% du capital, pour le premier, à 25% pour les seconds).

En contrepartie, General Motors va devoir suivre une cure d’amaigrissement sévère. Outre la vente de 65% d’Opel au groupe austro-canadien Magna et à la banque russe Sberbank, finalisée samedi dernier, en Allemagne, quatre des huit marques du constructeur devraient être abandonnées : Saab, Saturn, Pontiac et Hummer. Seules les plus rentables seront conservées : Buick, Cadillac, Chevrolet et GMC, qui totalisent 83% des ventes du groupe.

Onze usines devraient rapidement fermer sur le sol américain, trois autres seront bientôt condamnées au chômage technique. Avec à la clé 24 000 suppressions d’emplois, sur un total de 62 000 salariés encore aujourd’hui, aux Etats-Unis. Sur 6 000 concessionnaires, seuls 3 600 devraient subsister d’ici la fin de l’année prochaine. A l’échelle mondiale, GM souhaite dès cette année passer de 244 000 employés à moins de 200 000.

Fritz Henderson, nouveau PDG de General Motors, depuis le limogeage, en mars dernier, de Rick Wagoner, sera chargé de conduire cette mue. L’administration américaine, elle, affirme qu’elle n’interviendra pas dans la gestion au jour le jour du groupe, malgré son financement massif. Elle dit cependant espérer récupérer sa mise d’ici cinq ans.