Article publié le 05/06/2009 Dernière mise à jour le 05/06/2009 à 05:23 TU
De notre correspondante à Nouakchott, Manon Rivière
Cérémonie de signature de l'accord officiel en présence (au centre) du chef de l'Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, et des différents protagonistes de la crise mauritanienne.
(Photo : Manon Rivière/RFI)
La cérémonie a mis du temps à commencer, mais vers 21 heures (Temps universel), le président sénégalais Abdoulaye Wade a fait son entrée dans le palais des Congrès de Nouakchott. Devant l’ensemble de la classe politique mauritanienne et devant un parterre de journalistes, les différents protagonistes de la crise ont pris place sur l’estrade. Tous alignés. Avec à leurs côtés, les représentants du groupe de contact sur la Mauritanie. Pour la photo officielle, le chef de l’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, s’est installé au centre. Avec à sa droite, le président du RFD, Ahmed ould Daddah, et à sa gauche, le président mauritanien par intérim Ba M’Baré, suivi de l’ex-général Mohamed ould Abdel Aziz.
L’accord a finalement été signé par les mêmes personnes qui l’avaient paraphé à Dakar en début de semaine, à savoir Abderahmane ould Moine pour le RFD, Mohamed ould Maouloud pour le FNDD et Sidi Ahmed ould Rais pour le camp de la majorité.
Frénésie militante
A noter toutefois que la cérémonie a été très perturbée par la présence dans l’enceinte du palais des Congrès de centaines de militants survoltés. Il s’agissait surtout de sympathisants du candidat Mohamed ould Abdel Aziz, mais des portraits géants d’Ahmed ould Daddah (RFD) et du président déchu Abdallahi ont aussi été exhibés. Dans une pagaille généralisée, les premiers orateurs ont eu bien du mal à se faire entendre. La foule criant des slogans hostiles ou favorables aux différentes personnalités politiques présentes. Le service d’ordre n’est pas parvenu à calmer les plus vindicatifs et l’on pouvait lire sur les visages des membres du groupe de contact une certaine surprise, teintée d’agacement. « Les militants sont rentrés par les portes de derrière ! », s’indignait aussi un journaliste local.
Tout au long de la cérémonie de signature de l'accord, les militants ont scandé le nom de leur leader politique favori. «Vive Aziz» pour les uns, «Vive Daddah» ou «Vive Sidi» pour les autres. Perturbant la lecture des discours des différents membres du groupe de contact sur la Mauritanie.
(Photo : Manon Rivière/RFI)
Malgré tout, plusieurs discours solennels ont été tenus à la tribune. L’ambassadeur d’Allemagne, Son Excellence Eberhard Schanze, en a profité pour inviter les différents protagonistes à la « sagesse, à la prudence et à l’efficacité » dans la mise en œuvre concrète de cet accord. Car c’est bien de cela qu’il s’agit aujourd’hui : il faut au plus vite désigner un gouvernement de transition et permettre la tenue d’un scrutin transparent à la date du 18 juillet prochain.
Beaucoup d’interlocuteurs, à l’image de l’Ambassadeur de Chine, ont parlé d’une « décision historique » pour la Mauritanie, un pays qui confirme ici « son choix de la démocratie ». Des propos repris par le leader de l’opposition Ahmed ould Daddah. Le président du RFD a toutefois tenu à souligner que cet accord « restait fragile et qu’il fallait que les Mauritaniens se réunissent pour le fortifier ».
Le président sénégalais a pris la parole en dernier. Sur un ton plutôt direct et franc, il a rappelé que les trois camps « étaient partis de très loin dans cette négociation ». Abdoulaye Wade a aussi rendu un hommage appuyé au président déchu, Sidi ould Cheikh Abdallahi, grand absent de cette cérémonie. Il a salué son « abnégation et son patriotisme » dans son renoncement au pouvoir. La cérémonie s’est ensuite achevée sous les youyous de la foule surexcitée. Le concert de klaxon prolongeant l’esprit de fête jusque dans les rues de la capitale mauritanienne.
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