Article publié le 03/06/2009 Dernière mise à jour le 03/06/2009 à 11:15 TU
Au terme de plusieurs jours d'intenses tractations, les délégations mauritaniennes, sous l'égide d'une médiation internationale, ont signé un document qui prévoit la tenue de l'élection présidentielle, initialement prévue ce samedi 6 juin, le 18 juillet prochain. Ce document prévoit également la mise en place, samedi au plus tard d'un gouvernement d'union composé à parité de membres pro et anti-putsch. Cet accord est destiné à mettre un terme à la crise provoquée par le coup d'Etat militaire du 6 août.
Cette proposition des facilitateurs était entre les mains des délégations présentes à Dakar depuis lundi après-midi, mais rallier les trois camps politiques au texte proposé par la communauté internationale a pris un peu de temps.
Selon une source proche des négociations, la délégation représentant le général Abdelaziz a accepté l’accord dès lundi soir. Celle du FNDD, le Front national pour la défense de la démocratie, a marqué son approbation pendant la nuit. Et une partie de la journée de mardi a donc été passée à convaincre le RFD, le Rassemblement des forces démocratiques d’Ahmed Ould Daddah.
Leader du RFD (le Rassemblement des forces démocratiques)
« Cet accord est aussi la réponse que, désormais, la Mauritanie refuse les coups d'État et refuse tout ce qui n'est pas conforme à la loi et à la démocratie. »
Le RFD faisait notamment blocage, selon nos informations, sur la constitution du gouvernement de transition. Le président sénégalais Abdoulaye Wade, lui-même, a décroché son téléphone pour régler les derniers problèmes. Il l’a expliqué tout à l’heure devant la plénière en rendant hommage à chacun des chefs politiques concernés.
Selon les termes de l’accord, le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi devrait signer dans les jours à venir un décret permettant la formation d’un gouvernement transitoire d’union nationale. Il devrait également prendre la décision formelle de renoncer à son mandat de président de la République. Le gouvernement transitoire devra être formé le 6 juin -c'est-à-dire samedi prochain- au plus tard.
Les portefeuilles de ce gouvernement, selon l’accord, devront être répartis de manière paritaire entre d’un côté le camp Abdelaziz, de l’autre le FNDD et le RFD. Le Premier ministre, lui, sera nommé sur proposition du pôle Abdelaziz après consultation des dirigeants des deux autres pôles. Dans ce gouvernement qui sera chargé de l’organisation des élections, les ministères de l’Intérieur, des Finances et de la Communication seront attribués à des personnalités proposées par le FNDD et le RFD.
D’autres dispositions concernent par ailleurs la CENI (la Commission électorale nationale indépendante), les mesures de confiance à respecter pendant la période transitoire ou la poursuite d’un dialogue national inclusif.
« Nous sommes très soulagés » |
Avec notre correspondante à Nouakchott, Manon Rivière Satisfecit dans le camp anti-putsch. Ahmed ould Daddah, le président du RFD a tenu ce mardi soir une conférence de presse pour saluer cet accord de Dakar. « C’est la victoire du peuple mauritanien, a-t-il déclaré. La victoire de la raison contre la violence ». En effet, beaucoup de citoyens anonymes poussent un soupir de soulagement. La perspective d’une élection, boycottée par une partie de la classe politique était loin de les enchanter et de nombreuses personnes disaient craindre des débordements au cours du week-end si elle était maintenue. « Nous sommes très soulagés », confiait aussi des journalistes mauritaniens. Pour beaucoup d’entre eux, cet accord désamorce une certaine tension, palpable au sein de la population dans son ensemble. Au Quartier général du candidat Abdelaziz, il régnait toutefois ce mardi soir une certaine confusion. On attendait une déclaration de l’ancien général, grand favori de ce scrutin, mais finalement, il ne s’est pas exprimé devant la presse. Du côté des militants anonymes, on se montre plutôt déçus par ce report de l’élection, même si l’on pense que Mohamed ould Abdelaziz sera élu haut la main, et ce quelle que soit la date du vote. La situation n’en demeure pas moins inédite sur place, puisque les autorités n’ont pas officiellement proclamé la suspension de la campagne électorale. Autrement dit, les meetings des uns et des autres se poursuivent dans l’attente de la signature du document officiel, « jeudi au plus tard », d'après Ahmed ould Daddah. |
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