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Corée du Nord

Les travaux forcés pour les deux journalistes américaines

par  RFI

Article publié le 08/06/2009 Dernière mise à jour le 09/06/2009 à 08:02 TU

Les deux journalistes Euna Lee (g) et Laura Ling (d) de la télévision américaine, coupables d'être entrées illégalement en Corée du Nord. (Photo non datée).(Photo : Reuters)

Les deux journalistes Euna Lee (g) et Laura Ling (d) de la télévision américaine, coupables d'être entrées illégalement en Corée du Nord. (Photo non datée).
(Photo : Reuters)

Deux journalistes américaines détenues en Corée du Nord pour entrée « illégale » dans le pays ont été condamnées à 12 ans de travaux forcés. Elles avaient été arrêtées le 17 mars alors qu'elles tentaient, selon Pyongyang, de franchir la frontière sino-nord-coréenne pour s'introduire en Corée du Nord. Dans le contexte global des relations profondément perturbées entre la Corée du Nord et le reste de la communauté internationale, il est vraisemblable que les deux journalistes servent de « pions diplomatiques ».

Le poids exorbitant des condamnations affiche clairement le niveau des enchères. Pour sortir ses deux ressortissantes de ce guêpier, il va en effet falloir que Washington déploie des trésors de diplomatie et finisse par adresser aux Nords-Coréens les signaux qu'ils attendent.

La Corée du Nord sait qu'elle peut compter sur la presse américaine pour maintenir la pression de l'opinion publique sur la Maison Blanche et, tôt ou tard, il faudra bien que celle-ci accomplisse les rituels propices à détendre l'atmosphère.

Le message est assez simple. Pyongyang veut garantir la reconnaissance et la solidité de son régime et elle s'impatiente face à une communauté internationale qui, soit se sert d'elle comme la Chine et la Russie, soit veut la déstabiliser comme c'est le cas des Etats-Unis et de leurs alliés.

Les négociations multilatérales n'apportent aucune solution satisfaisante et c'est donc des discussions bilatérales formelles avec Washington qu'exige la Corée du Nord.

Au cours de ces derniers mois les alertes se sont répétées à un rythme effréné et les relations se sont considérablement tendues : essais de missiles de longue et de courte portée, test nucléaire... devant lesquelles l'ONU est impuissante...

Cette nouvelle étape constitue donc un pas supplémentaire dans ce mode de communication un peu spécial, qu'on appelle « diplomatique »... D'ores et déjà, le message est passé. Washington n'a pas exclu une visite à Pyongyang de l'ancien vice-président américain également patron de la chaîne de télévision qui emploie les deux Américaines condamnées.

:
Obama préoccupé par la condamnation des deux journalistes

 

Avec notre correspondante à Washington, Donaig Le Du

Barack Obama fait savoir dans un communiqué qu’il est

« extrêmement préoccupé » par la condamnation à douze ans de travaux forcés des deux journalistes américaines en Corée du Nord.

Les Etats-Unis ont promis de tout mettre en œuvre et d’utiliser tous les canaux disponibles pour obtenir la libération des deux jeunes femmes.

Mais à Washington on estime que Pyongyang veut utiliser les deux journalistes comme monnaie d’échange, alors que les relations entre la Corée du Nord et les Etats-Unis se sont considérablement tendues ces dernières semaines.

Samedi 6 juin, depuis la France, Barack Obama s’était montré particulièrement ferme sur l’attitude à adopter vis-à-vis de la Corée du Nord. La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a même annoncé que les Etats-Unis pourraient remettre ce pays sur la liste noire des pays soutenant le terrorisme, alors qu’il en avait été retiré en octobre dernier.

La condamnation des deux journalistes à douze ans de travaux forcés serait donc essentiellement un message politique, une réaction à ces menaces américaines. L’ancien ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, Bill Richardson, avait négocié il y a un peu plus de dix ans la libération d’un Américain condamné en Corée du Nord dans des conditions similaires. Il pourrait être à nouveau chargé d’une médiation.

On évoque aussi le nom de l’ancien vice président Al Gore, propriétaire de la chaîne de télévision pour laquelle travaillent les deux reporters.