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Chine

Les Ouïghours manifestent à nouveau leur colère

par  RFI

Article publié le 07/07/2009 Dernière mise à jour le 07/07/2009 à 14:23 TU

Malgré la répression et l'important dispositif policier, les Ouïghours ont encore exprimé leur colère mardi matin : 200 personnes environ ont manifesté à Urumqi, la capitale du Xinjiang, une région du nord-ouest de la Chine. Cette mobilisation n’est pas comparable avec celle de dimanche dernier, mais elle témoigne de la détermination des Ouïghours.


Des policiers anti-émeutes chinois patrouillent à Urumqi, le 6 juillet 2009.( Photo:Peter Parks / AFP)

Des policiers anti-émeutes chinois patrouillent à Urumqi, le 6 juillet 2009.
( Photo:Peter Parks / AFP)

La manifestation de ce mardi à Urumqi n'a pas eu l'ampleur de ce qui s'est passé ce week-end, ni en nombre, ni en intensité.

Quelques centaines de personnes sont apparemment allés au-devant d'un groupe de journalistes étrangers en voyage de presse dans un quartier industriel de la capitale provinciale.

« Ratissage systématique »

Les manifestants réclamaient la libération de leurs proches interpellés au cours de ces derniers jours par les autorités. Officiellement, plus de 1 400 personnes ont été arrêtées. Les témoignages font état de « ratissage systématique ».

A l'évidence, le face-à-face a été tendu. Il y a pour l’instant aucun bilan précis sur les violences. Le phénomène s'est étendu à la province et il y a eu des incidents à Kashgar où la police serait intervenue pour disperser quelques centaines de personnes réunies devant une mosquée, ainsi qu'à Aksu où il y avait déjà eu des affrontements de même nature dans les années 1990.

L’élément déclencheur serait apparemment une rixe qui a eu lieu très loin de là, dans la province côtière du Guangdong. Cela remonte au 26 juin dernier. Des Hans et des Ouïghours ont eu une forte altercation après une agression sexuelle présumée. Résultat : deux morts et près de 120 blessé. Les autorités privilégient la piste du séparatisme et du terrorisme dans cette affaire.

Des réactions embarrassées et inquiètes 

Aujourd’hui, l’étranger commence à s'en mêler et c’est des commentaires prudents pour le moment que l’on peut entendre.

Le Japon déclare son inquiétude et appelle Pékin à faciliter le travail des journalistes. Le porte-parole du gouvernement juge les émeutes « très regrettables » et espère une « résolution pacifique ».

A Washington, la présidence a publié un rapide communiqué lundi dans lequel elle exprime sa « profonde inquiétude » et appelle à la « retenue ». Les parlementaires, eux, sont un peu plus virulents : ils réclament une condamnation forte de la part de l'exécutif. Une lettre a été adressée à la secrétaire d'Etat dans laquelle l'idée qui circule est de ne pas autoriser le régime chinois à se livrer à un « nouveau Tiananmen ».

Un lourd contentieux entre les deux communautés

C'est lorsque la colère éclate, et que la violence la plus brutale déborde la simple manifestation de protestation, que l'on mesure alors la profondeur du fossé entre les deux communautés, Hans et Ouïghours. Et il suffit d'un simple fait divers, d'un incident banal, pour embraser une situation qui ne demande qu'à dégénérer.

D'abord, il y a cette exaspération liée à une « sinisation » intensive du territoire au cours de ces vingt dernières années. Le Xinjiang n'est plus une terre majoritairement peuplée de musulmans turcophones ouïghours, mais une colonie de peuplement chinoise où domine l'ethnie Han. Urumqi, par exemple, est peuplée à 70% de Hans.

Chaque communauté a ses « quartiers réservés »

Au Tibet, « l'autonomie » du Xinjiang est un slogan, et comme pour le Tibet, Pékin désigne la main de l'étranger hostile (musulman, terroriste, exilé) pour justifier la répression, exercée au nom de la souveraineté et du patriotisme.

Les Ouïghours, eux, estiment qu'ils sont victimes de discrimination, d'injustice, et qu'ils sont délibérément maintenus dans la pauvreté, en dépit du discours officiel. Ils se déclarent également persécutés sur le plan religieux.

C'est le gouvernement local qui désigne les imams. Le vendredi, la prière, c'est une demi-heure, pas plus ! La pratique religieuse est interdite aux fonctionnaires et l'infraction entraîne le licenciement. Les mosquées sont financées sur des fonds privés, le croissant islamique est banni du décor.

Pourtant, selon les témoignages, au Xinjiang, il n'y a pas de fondamentalistes comme au Pakistan ou en Afghanistan.