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Indonésie

Large victoire du président sortant

par Solenn Honorine

Article publié le 08/07/2009 Dernière mise à jour le 08/07/2009 à 14:40 TU

Le  président sortant, Susilo Bambang Yudhoyono, plus communément appelé par ses initiales, SBY, a été facilement réélu avec 60% des voix. Il entre ainsi dans l’histoire de son pays comme le premier président en exercice reconduit dans ses fonctions lors d’élections libres.
Susilo Bambang Yudhoyono est réélu à la tête de l'Indonésie, le 8 juillet 2009.(Photo : Beawiharta/Reuters)

Susilo Bambang Yudhoyono est réélu à la tête de l'Indonésie, le 8 juillet 2009.
(Photo : Beawiharta/Reuters)

Les sondages de sorties d’urnes durant les législatives d’avril dernier lui accordaient déjà une très nette victoire. Non seulement au niveau national, mais aussi dans la répartition des voix. Les sondages donnaient SBY en tête des votes dans toutes les provinces de l’archipel sauf trois : Bali, bastion historique du parti de Megawati Sukarnoputri, et deux provinces de Sulawesi, l’île natale du troisième candidat, Jusuf Kalla, crédité de moins de 15% des voix.

Yudhoyono s’est déjà exprimé devant la télévision indonésienne, mais s’est bien gardé de crier victoire. D’ailleurs, ses adversaires ont, eux aussi, déclaré vouloir attendre les résultats officiels qui n’arriveront pas avant la fin du mois. Ce genre de prudence est typique du président sortant, surtout vu que l’opposition a mis en garde contre le risque de fraudes liée à des erreurs massives sur les listes électorales. D’ailleurs, par crainte de troubles dans la capitale, 16 500 policiers avaient été déployés dans la capitale près des bureaux de vote les plus sensibles.

L’élection s’est déroulée sans incident. Si contestations il y a, elles auront lieu auprès des cours de justice, un signe fort de la solidité de la troisième plus grande démocratie au monde, après l’Inde et les Etats-Unis. « C’est le genre d’attitude, le genre de compromis qui n’existent que dans une vraie démocratie », insiste le politologue Jusuf Wanandi, président du think tank indonésien CSIS. Cela tranche franchement avec l’instabilité qui traverse les faibles démocraties de la région, entre les clashs récents en Thaïlande, les tensions en Malaisie et les « people power » à répétition des Philippines.

Une réélection comme gage de stabilité

La réélection de SBY est donc un signe de stabilité du pays. Elle sera sans nul doute accueillie très positivement par la communauté internationale ; d’ailleurs en prévision d’une victoire du président sortant, la Bourse de Jakarta avait enregistré une hausse ces derniers jours et la roupie s’était renforcée.

Celui que l’on surnomme « le général pensant », pour sa gestion prudente et réfléchie de l’économie, est en effet un homme foncièrement modéré qui a prouvé son attachement aux principes démocratiques. Il est connu pour toujours rechercher un large consensus, parfois aux dépens d’actions rapides. « Mais cela est nécessaire à une jeune démocratie, pour apprendre à construire un vrai dialogue politique », juge le politologue Kevin O’Rourke.

Un programme de réformes audacieuses

Avec SBY aux commandes, l’Indonésie devrait poursuivre ses réformes, lentement mais sûrement. Le pays ne manque pas d’atouts pour prétendre à joindre les rangs du groupe BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), grâce à d’immenses richesses naturelles et une large population encore largement sous-employée. Mais de l’aveu du président lui-même, certaines réformes, pourtant nécessaires, n’ont pas abouti lors de son premier mandat, parmi lesquelles la réforme d’une bureaucratie poussiéreuse et corrompue, et un programme audacieux d’investissement dans des infrastructures négligées pendant dix ans. Ces deux réformes sont indispensables pour que l’Indonésie rejoigne les rangs des poids lourds des pays en développement.

Certains observateurs expliquent ces échecs par le fait que, durant son premier mandat, Yudhoyono manquait d’assises au Parlement pour faire passer des politiques audacieuses et politiquement risquées. Son parti ne contrôlait que 10% des sièges, ce qui l’avait forcé à bâtir de larges alliances qui le forçaient à de fréquents marchandages politiques. Mais son second mandat commence sous de meilleurs auspices. Lors du scrutin législatif d’avril dernier, son parti, le Parti démocrate, a raflé le quart des sièges au Parlement, devenant ainsi la plus large force politique d’une assemblée largement renouvelée (60% des élus sont de nouveaux entrants). SBY aura donc les mains libres pour lancer les réformes nécessaires pour transformer l’Indonésie en tigre asiatique, faire baisser la pauvreté et éradiquer la corruption.