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Afrique du Sud

Mondial 2010 : grève illimitée chez les ouvriers des stades

par Myriam Berber

Article publié le 08/07/2009 Dernière mise à jour le 08/07/2009 à 16:13 TU

En Afrique du Sud, les 70 000 ouvriers du secteur des travaux publics ont entamé, mercredi 8 juillet 2009, une grève pour une durée illimitée. Ils réclament une augmentation de salaire de 13% afin de compenser la hausse des prix. Ce mouvement va affecter les délais de livraison des stades et d’autres infrastructures prévus pour la Coupe du monde de football 2010.

Des ouvriers affectés à  la construction du stade Moses Mabhida de Durban (Coupe du monde de football 2010), ont entamé une grève illimitée ce 8 juillet 2009.(Photo : Rajesh Jantilal/AFP)

Des ouvriers affectés à la construction du stade Moses Mabhida de Durban (Coupe du monde de football 2010), ont entamé une grève illimitée ce 8 juillet 2009.
(Photo : Rajesh Jantilal/AFP)


A un an du coup d’envoi du premier Mondial sur le sol africain, les Sud-Africains affrontent l’un des plus importants conflits sociaux. Les 70 000 ouvriers du secteur des travaux publics se sont mis en grève à compter du mercredi 8 juillet 2009 et ce pour une durée illimitée. Payés 221 euros par mois (2 500 rands), ils réclament une augmentation de salaire de 13%. La Fédération des employeurs du bâtiment (SAFCEC) propose une augmentation de 10%. S’il devait durer, ce conflit social pourrait affecter la livraison des futurs stades de la Coupe du monde.

Cette grève menace l’avancement des travaux de construction de six stades neufs (Le Cap, Durban, Polokwane, Nelspruit, Soweto et Port Elizabeth), qui doivent être livrés le 1er décembre 2009. Les quatre stades en cours de rénovation (Johannesburg, Pretoria, Rustenburg, Bloemfontein) ayant été achevés. Les ouvriers demandent des augmentations de salaires afin de compenser la hausse des tarifs d’électricité qui ont fait un bond de plus de 30% en mai. Les prix des produits alimentaires ont également augmenté de 12,3%.

Moins de 2 dollars par jour

Ces hausses de prix pèsent lourd sur les dépenses des plus pauvres dans un pays où 43% de la population vit avec moins de deux dollars par jour. « Quand l’Afrique du Sud s’est vu confier la Coupe du monde, on espérait que les travailleurs de base allaient en récolter les fruits. Mais malheureusement, le Mondial ne va profiter qu’à ceux qui sont déjà riches », s’indigne le négociateur du syndicat majoritaire, l’Union nationale des mineurs (NUM), auquel sont affiliés de nombreux ouvriers du bâtiment. Les investissements du gouvernement sud-africain pour ce Mondial sont évalués à 4,5 milliards d’euros.

Côté travaux, les entrepreneurs ne cachent pas leur inquiétude car cette grève intervient alors que les chantiers abordent la phase finale comme l’explique Jo Campanella, le porte-parole de la Fédération des employeurs du bâtiment (SAFCEC) : « les touches finales sont plus complexes d’un point de vue structurel. Par conséquent, nous sommes plus vulnérables. Si la grève s’installe dans la durée, nous courrons au désastre. Les travaux sur le stade à Durban sont déjà arrêtés depuis près de deux semaines ».

Retard dans la livraison du train Gautrain

La grève menace également la livraison du Gautrain, le train à grande vitesse qui reliera à terme l’aéroport international de Johannesburg à Pretoria. Ce grand projet ferroviaire est l’origine du plus important partenariat public-privé. Construit par un consortium qui réunit notamment le canadien Bombardier, le sud-africain Murray & Roberts et les français Bouygues et RATP, le projet coûte 2,7 milliards d’euros.

Le Mondial est une aubaine pour l’Afrique du Sud entrée en récession en juin pour la première fois en 17 ans. Son produit intérieur brut (PIB) a enregistré une chute vertigineuse de 6,4% au premier trimestre 2009. Les nouveaux chômeurs dans l’industrie automobile ou dans les mines sont venus s’ajouter aux très nombreux Sud-Africains privés d’emploi. Selon les dernières statistiques officielles, 40% de la population est sans travail. Le nouveau président Jacob Zuma s’est engagé à créer un demi-million d’emplois d’ici la fin de l’année.