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Liberia

Les anciens chefs de guerre menacent

par  RFI

Article publié le 09/07/2009 Dernière mise à jour le 10/07/2009 à 10:05 TU

Les anciens chefs de guerre libériens oublient leurs querelles et font bloc aujourd'hui. La Commission vérité et réconciliation (TRC, Truth and Reconciliation commission) - mise sur pied il y a trois ans  pour enquêter sur les crimes commis dans le pays pendant la guerre civile libérienne - a rendu son rapport final la semaine dernière et accuse tous les anciens chefs de faction d’avoir commis des « crimes contre l’humanité ». Dans ce rapport de plus de 300 pages, la TRC recommande des poursuites judiciaires contre les anciens seigneurs de guerre libériens qui n’ont pas tardé à réagir. Lors d’une conférence de presse, mardi à Monrovia, les ex-chefs de guerre ont dit - sur un ton menaçant - qu’ils s’opposeraient à toute poursuite judiciaire à leur encontre. Le rapport est aussi très sévère envers plusieurs membres de l’actuel gouvernement de Monrovia, mettant également en cause la présidente Ellen Johnson Sirleaf.

Prince Johnson à Monrovia, le 26 juin 2009.(Photo : AFP)

Prince Johnson à Monrovia, le 26 juin 2009.
(Photo : AFP)

 
Les anciens chefs de guerre libériens sont donc en colère. Ils ont menacé de replonger le pays dans la guerre si jamais un mandat d’arrêt est lancé contre eux. C’est Prince Johnson qui a pris la parole le premier pour déclarer : « Vous ne pourrez jamais arrêter Prince Johnson dans le pays. La TRC dit que moi je suis un criminel notoire. Comment ? Ils sont en train de commettre une grave erreur, faisons en sorte que le pays aille de l’avant ! ». L’ancien chef du Front patriotique national indépendant du Liberia (INPFL) est devenu très menaçant en rappelant des épisodes de la guerre civile de 1989 à 2003 : « Avez-vous oublié les moments où vous courriez dans tous les sens, avec vos affaires et vos enfants, sans savoir où aller exactement ? Que personne ne me poursuive ! N’essayez pas de nous arrêter. Si vous arrêtez un chef de faction vous les arrêtez tous ».     

A l’exception de al-Haji Kromah, chef de la branche mandingo du Mouvement de libération uni pour la démocratie au Liberia, tous les autres anciens chefs de guerre étaient présents à la conférence de presse. Les ennemis d’hier sont du coup devenus des alliés circonstanciels. Yahyah Nimely, ancien chef du Mouvement pour la démocratie au Liberia (MODEL) s’est réjoui de cette nouvelle alliance en disant : « Nous formons désormais un seul bloc. Vous ne pouvez plus rien contre nous ! ».

Parmi la liste des huit principaux chefs de guerre dont la Commission recommande l’inculpation, figure Charles Taylor, actuellement jugé à La Haye pour les crimes commis lors de la guerre civile en Sierre Leone, de 1991 à 2001. Plusieurs membres de l’actuel gouvernement de Monrovia sont également mis en cause dans ce rapport, ainsi que la présidente Ellen Johnson Sirleaf, 70 ans, première chef d’Etat du continent africain, élue en 2005. Elle avait reconnu avoir rencontré Charles Taylor pendant la guerre civile et même avoir collecté des fonds pour ce chef de guerre lorsqu’il se préparait à renverser le président Samuel Doe à la fin des années 1980.