par Frédérique Misslin
Article publié le 09/07/2009 Dernière mise à jour le 10/07/2009 à 00:22 TU
Lueur d'espoir pour le Honduras. Première réunion de médiation après le coup d’Etat au Honduras. Les deux rivaux Manuel Zelaya et Roberto Micheletti se retrouvent ce jeudi à San José, au Costa Rica, pour « dialoguer ». Le Président Oscar Arias va jouer les intermédiaires et tenter de trouver une sortie de crise. Un vrai challenge puisque les positions des deux protagonistes semblent inconciliables.
Le président destitué du Honduras Manuel Zelaya (d) en compagnie du ministre des Affaires étrangères du Costa Rica Bruno Stagno, le 8 juillet 2009.
(Photo: Reuters)
Oscar Arias dispose d’une telle aura en Amérique latine qu’il eut été impensable de refuser son invitation. Manuel Zelaya et Roberto Micheletti ont donc accepté sans sourciller de s’asseoir à la même table, à San José, pour discuter de la crise qui secoue le Honduras. Mais ils se sont rendus au Costa Rica en traînant les pieds. Au programme de ce premier contact entre le président déposé et le président de fait, des discussions mais pas de concessions. Les uns parlent toujours de « coup d'Etat », les autres de « succession constitutionnelle ». Manuel Zelaya et Roberto Micheletti se disputent le siège de président du Honduras depuis le 28 juin dernier. Le premier, évincé par les militaires, exige que les nouvelles autorités abandonnent le pouvoir pour qu'il puisse achever son mandat. Seul signe d’assouplissement : il se dit prêt à renoncer à briguer une seconde fois la magistrature suprême. Roberto Micheletti, lui, ne veut pas entendre parler du retour à Tegucigalpa du chef de l'Etat (déchu et poursuivi dans son pays pour haute trahison). Les putschistes envisagent malgré tout une amnistie politique pour Manuel Zelaya et suggèrent aussi l’organisation d’un scrutin anticipé. La prochaine élection présidentielle est prévue le 29 novembre prochain.
Un imbroglio juridique
La crise couvait depuis plusieurs semaines. Le 28 juin 2009, le président Manuel Zelaya est arrêté à son domicile, par l’armée, et expédié manu militari, en pyjama, vers le Costa Rica. Le chef de l’Etat, élu en 2006, tentait depuis plusieurs mois de modifier la Constitution dans le but de briguer un second mandat. Le Congrès hondurien, la Cour Suprême avaient statué, avant le renversement, sur l’illégalité de la consultation populaire que comptait organiser Manuel Zelaya. Ce dernier n’en a pas tenu compte. Les putschistes estiment avoir agit pour « protéger la Constitution ». Depuis lors, Roberto Micheletti assure l’intérim du pouvoir. Son rival, élu et légitime, est aussi un homme controversé. Manuel Zelaya pratique l’opportunisme politique : il est passé en quelques années d’un conservatisme assumé au socialisme populiste. Il s’est montré hors la loi en tentant de réformer la Constitution pour briguer un second mandat.
Le Honduras isolé
Le renversement de Manuel Zelaya a clairement plongé le pays dans la crise. Le Honduras est aujourd’hui divisé entre les partisans du président déchu et ceux qui soutiennent les nouvelles autorités. A Tegucigalpa, Roberto Micheletti peut se prévaloir du soutien de l’armée, du Congrès, de l’épiscopat, de la Cour suprême, des grandes entreprises et de la moitié de la population. Mais cette union sacrée s’oppose à l’inflexibilité de la communauté internationale qui condamne le coup d’Etat.
Les Etats-Unis, qui dans un premier temps n’ont pas voulu apparaître en première ligne dans ce dossier, se montrent aujourd’hui très fermes. Le 7 juillet dernier, Barack Obama déclarait « Manuel Zelaya ne nous plaît pas, mais nous le défendrons au nom du principe de stabilité démocratique ». Dans la foulée, le Honduras a été privé de 200 millions de dollars d'aide américaine « tant que l'ordre constitutionnel ne serait pas rétabli ». La classe politique hondurienne a d’ailleurs été très surprise de se voir rejetée par Washington puisqu’il est bien connu que l’armée du Honduras a une longue histoire de totale coopération avec les Etats-Unis. L’interventionnisme passé des Américains dans la région a laissé des traces.
Oscar Arias, médiateur tout désigné |
|
A lire également