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Sommet du G8

Des investissements dans l'agriculture... mais rien d'autre

par David Baché

Article publié le 10/07/2009 Dernière mise à jour le 13/07/2009 à 09:29 TU

Les huit pays les plus industrialisés du monde se sont réunis pendant trois jours à l'Aquila, en Italie. Au terme de cette conférence, une annonce : 20 milliards de dollars seront débloqués sur trois ans afin d'investir dans l'agriculture.

Le G8 s’est engagé à débloquer 20 milliards de dollars pour assurer le développement de l’agriculture tout en restant déterminé à apporter une aide alimentaire d’urgence. (Photo : AFP)

Le G8 s’est engagé à débloquer 20 milliards de dollars pour assurer le développement de l’agriculture tout en restant déterminé à apporter une aide alimentaire d’urgence.
(Photo : AFP)

Pour ce qui aura vraisemblablement été leur dernière réunion à huit, les pays les plus industrialisés de la planète n'auront pas fait de bouquet final.

Unique annonce de ce G8, celle d'une « initiative sur la sécurité alimentaire » de 20 milliards de dollars, au cours des trois prochaines années.

Derrière ce terme, des investissements dans l'agriculture, afin d'augmenter la production et la productivité des cultures africaines. Avant la tenue du sommet, la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, avait interpellé les pays du G8, en leur rappelant que plus d'un milliard de personnes souffraient actuellement de sous-alimentation dans le monde, et que la majorité de ces personnes vivait en zone rurale, et dépendait donc directement de l'agriculture.

Dans leur déclaration finale, les pays du G8 revendiquent une prise de conscience : « L'effet conjugué d'un sous-investissement de longue date dans l'agriculture et la sécurité alimentaire, de l'évolution des prix et de la crise économique a entraîné une aggravation de la faim et de la pauvreté dans les pays en développement.»

D'où la nécessité, plutôt que de se cantonner à de l'aide alimentaire, d'investir dans ce secteur afin de donner à ces populations les moyens de se nourrir elles-mêmes durablement.

L'appel lancé par la FAO a donc été entendu : les Etats-Unis devraient apporter 3,5 milliards de dollars, le Japon et l'Union européenne 3 à 4 milliards chacun, et la France environ deux milliards.

Opacité des chiffres

Le président de la FAO, Jacques Diouf, a salué un « heureux et encourageant changement de politique en faveur du soutien aux pauvres et aux affamés.» Mais du côté de la société civile, on hésite à se réjouir trop tôt en raison de « l'opacité des chiffres.» Selon Jean-Denis Crola, chargé des questions alimentaires à Oxfam France-Agir ici, il faut maintenant « savoir dans le détail à quoi correspondent ces chiffres. Les sommes annoncées semblent compter beaucoup de promesses recyclées », ajoute-t-il, citant notamment le cas de la France, dont les annonces ne feraient que reconduire les engagements déjà pris en 2008, « sans y ajouter de financements additionnels », c’est-à-dire sans les augmenter : rien de moins, mais rien de plus non plus.

Outre ce soutien à l'agriculture, le G8 de L'Aquila n'a pas été riche en annonces. Il faut dire que le désistement du président chinois, Hu Jintao, en raison des troubles survenus dans la région du Xinjiang, a empêché l'avancée de plusieurs dossiers.

Attendus sur le phénomène de l'achat à grande échelle de terres arables par des groupes privés ou des fonds d'investissements, notamment en Afrique, les pays du G8 se sont contentés d'évoquer la future élaboration d'un « code de bonne conduite » à destination des investisseurs. Sans donner d'échéance.

Sur le commerce, les pays du G8 ont réaffirmé leur engagement à « maintenir et promouvoir l'ouverture des marchés et à rejeter toute mesure protectionniste.»

Enfin, sur le climat, les pays du G8 ont affiché un objectif de réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde d'ici 2050, de 80% même pour les seuls pays du G8, et reconnu que le seuil critique des deux degrés Celcius d'augmentation de la température ne devait pas être dépassé. Cependant, aucune mesure n'a été décidée pour atteindre ces objectifs.