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Mauritanie/Présidentielle

Le général a gagné

par  RFI

Article publié le 19/07/2009 Dernière mise à jour le 20/07/2009 à 10:03 TU

L'auteur du coup d'Etat de 2008 remporte le scrutin présidentiel avec 52,58% des suffrages, selon des résultats totaux provisoires. Le résultat doit encore être validé par le Conseil constitutionnel. Les candidats de l'opposition contestent les résultats. Mohamed Ould Abdel Aziz s'est exprimé dimanche soir au cours d'une conférence de presse à Nouakchott.

Le président élu Mohamed Ould Abdel Aziz, lors de sa conférence de presse, à son siège de campagne de Nouakchott, dimanche 19 juillet.(Photo : Manon Rivière/RFI)

Le président élu Mohamed Ould Abdel Aziz, lors de sa conférence de presse, à son siège de campagne de Nouakchott, dimanche 19 juillet.
(Photo : Manon Rivière/RFI)

Le meneur du putsch du 6 août 2008 a été élu président dès le premier tour du scrutin, mais l'opposition a dénoncé un « coup d'Etat électoral ». « Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a recueilli 52,58% des voix est élu président de la République », a indiqué le ministre de l'Intérieur Mohamed Ould Rzeizim, après avoir donné les résultats provisoires totaux du premier tour. La participation s'est élevée à 64,58%.

Ce scrutin est censé mettre un terme à la grave crise née du coup d'Etat militaire ayant renversé le premier président démocratiquement élu du pays, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, qui ne se représentait pas. A la suite du putsch, l'Union européenne (UE) avait notamment suspendu son aide.

« Les élections se sont déroulées dans de très bonnes conditions. Je félicite les électeurs mauritaniens pour leur esprit de responsabilité et leur civisme », a ajouté le ministre de l'Intérieur, lui-même issu des rangs de l'opposition. « Et j'affirme ici que je n'ai reçu aucune réclamation ou recours mettant en cause la sincérité du vote en dépit d'informations qui nous sont parvenues sur la publication par quatre candidats (de l'opposition) d'un communiqué contestant les résultats du vote », a-t-il souligné.

L'opposition parle de « mascarade électorale »

Le ministre faisait référence aux déclarations des quatre principaux candidats de l'opposition, qui ont dénoncé dimanche matin devant la presse une « mascarade électorale qui cherche à légitimer le coup d'Etat » du 6 août 2008.

Messaoud Ould Boulkheir s'exprimait au nom de trois autres candidats: Ahmed Ould Daddah, Ely Ould Mohamed Vall et Hamadi Ould Meimou, ex-ambassadeur et candidat indépendant. Ils ont demandé aux « entités compétentes » comme le Conseil constitutionnel et le ministère de l'Intérieur de ne pas « accepter la validation » des résultats et au peuple mauritanien de « se mobiliser pour mettre en échec ce coup d'Etat électoral ». Ils accusent le général Ould Abdel Aziz de fraude massive comprenant la « manipulation du fichier électoral », la « corruption généralisée » et l'utilisation de faux documents électoraux.

Selon les résultats totaux provisoires, le président de l'Assemblée nationale et candidat du front anti-putsch Ould Boulkheir arrive loin derrière avec 16,29% des voix. Il est suivi par le chef du principal parti de l'opposition, le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), Ould Daddah, avec 13,66%.

Le candidat islamiste modéré Jemil Ould Mansour, qui se présentait pour la première fois, décroche la quatrième place avec 4,76% des voix, juste devant Ibrahima Sarr (4,59%), issu de la minorité négro-mauritanienne et qui avait appuyé le putsch.

Le colonel Ould Mohamed Vall, l'ex-chef de la junte (2005-07) qui avait rendu le pouvoir aux civils au terme d'une transition souvent saluée comme exemplaire, et qui fut un temps présenté comme un challenger sérieux du général putchiste, son cousin, ne recueille que 3,81% des suffrages. « Ces résultats sont provisoires et seront transmis au Conseil constitutionnel pour les valider après d'éventuels recours », a précisé le ministre de l'Intérieur.

Lors d'une conférence de presse dimanche soir, le président élu a rejeté toute accusation de fraude.

Conférence de presse du président Abdel Aziz

De notre correspondante à Nouakchott, Manon Rivière

C’est dans une salle surchauffée, en présence de ses plus proches soutiens et devant des dizaines de journalistes de la presse locale et internationale que Mohamed ould Abdel Aziz a tenu à s’exprimer ce dimanche soir. Une conférence de presse organisée quelques minutes à peine après l’annonce des résultats, par le ministère de l’Intérieur.

« Je remercie à travers vous l’ensemble des Mauritaniens, a-t-il déclaré aux journalistes dans son introduction. Ma victoire est une victoire contre la pauvreté, la misère, la maladie, l’ignorance », a encore ajouté celui que l’on surnomme ici « président des pauvres ».

« Cette élection a été jugée libre, transparente et démocratique. Je souhaite qu’après ce scrutin on parvienne à mettre notre pays sur la voie du développement et que tous les Mauritaniens pourront en profiter », a-t-il dit.

Concernant les accusations de « fraudes massives », portées par 4 des candidats à cette élection présidentielle, dont Messaoud ould Boulkheir, Ahmed ould Daddah et Ely ould Mohamed Vall, le nouveau président mauritanien a réaffirmé que le scrutin s’était déroulé dans de bonnes conditions.

« Je ne me sens pas visé par ces accusations, notre camp n’a pas fraudé ! Les candidats qui parlent de fraudes sont incapables de présenter des cas concrets de fraudes ! », a-t-il martelé.

« Nos cartes d’identités sont infalsifiables, il n’y a pas eu de bourrage des urnes, il n’y a pas eu de dépassement du nombre des inscrits. Non, ce n’est pas possible qu’il y ait eu des fraudes », a encore précisé le nouveau président de la République mauritanien.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Plus de 300 observateurs internationaux étaient déployés dans le pays, notamment de l'Union africaine (UA), de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et de la Ligue arabe. Aucun observateur européen n'était présent, officiellement pour des « raisons de calendrier », selon une source diplomatique. En avril, l'UE avait officiellement suspendu pour deux ans sa coopération en raison du coup d'Etat, assurant que cette coopération ne pourrait reprendre sans « retour à l'ordre constitutionnel ».