par RFI
Article publié le 28/07/2009 Dernière mise à jour le 28/07/2009 à 16:09 TU
Les violences dans l'extrême nord-est du Nigeria s’aggravent de jour en jour entre les forces de l'ordre et les extrémistes islamistes pro-talibans. La ville de Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno, a été placée sous couvre-feu depuis lundi soir. Selon la police, 206 personnes y ont été tuées lundi. Des sources locales s’attendaient mardi à un assaut imminent des forces de l’ordre. Le nord du Nigeria est très majoritairement musulman et plusieurs Etats de cette région ont instauré depuis l’an 2000 la charia, la loi islamique, ce qui a suscité régulièrement des violences meurtrières. Les troubles actuels, attribués à la « secte d’ex-étudiants » Boko Haram, visent le système de gouvernement nigérian dans son ensemble.
Il reste au moins une poche de résistance et les forces de sécurité ont l'intention de prendre d'assaut un quartier où se trouvent le leader des islamistes radicaux, Mohamed Yusuf, ainsi qu'une poignée de ses partisans. Ces hommes se sont littéralement barricadés, les autres islamistes ont fui la ville. La police les recherche maintenant aux alentours.
Les forces de sécurité ont reçu carte blanche du président Umaru Yar'Adua pour rétablir l'ordre. Elles ont été placées en état d'alerte maximum. Un habitant de Maiduguri que RFI a pu joindre au téléphone, mardi matin, a expliqué qu'on pouvait circuler en ville de nouveau, mais que la plupart des magasins, des banques et le principal marché de la ville sont toujours fermés.
Des policiers et des militaires circulent dans les rues de la ville. Ils arrêtent et ils fouillent les voitures, ils contrôlent également les identités. Le couvre-feu est maintenu pour mardi soir. Dans la ville de Kano, également, les forces de l'ordre patrouillent mais la situation est calme.
Les islamistes visent le mode de gouvernement du pays
Il est difficile de savoir quelles sont les motivations des islamistes qui revendiquent leur proximité avec les talibans d'Afghanistan. Une chose est sûre, c'est le gouvernement qui est dans leur collimateur. Les troubles religieux, ethniques et politiques ont fait ces dernières années des centaines de morts dans le nord du Nigeria à Kaduna, Zamfara, Sokoto, Jos et également à Bauchi, Yobe, Borno et Maiduguri.
Si l’on a, jusqu'ici, noté un jeu d’influences économiques et sociales dans la cohabitation entre musulmans et chrétiens, les troubles actuels visent le système de gouvernement dans son ensemble sur fond d’application de la loi islamique, la charia. Le combat est mené par des groupes ou sectes qui s’en prennent aussi aux leaders religieux. C’est le cas de la secte islamiste radicale Boko Haram qui, selon les autorités, a des noms sur sa liste noire. Son chef, Ustaz Mohammed Yusuf soutient que « la démocratie et le système d’éducation à l’occidental doivent changer. Autrement cette guerre qui commence va durer encore longtemps ». Boko Haram signifie « l’éducation moderne est un pêché » en langue haoussa.
En décembre de l’année dernière, un groupe de cinq cents mercenaires moudjahidines ont été interceptés alors qu’ils ralliaient la ville de Jos dans l’Etat du Plateau pour venir en soutien à leurs frères musulmans opposés aux chrétiens de la ville. Depuis 2000, la loi islamique est appliquée dans plusieurs Etats du nord : Zamfara, Kaduna, Kano et Sokoto. Mais les autorités s’efforcent tant bien que mal de maintenir le respect du principe constitutionnel de la séparation de l’Etat et de la religion. La question est : jusqu’à quand va encore durer cet équilibre ?
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