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Etats-Unis/Honduras

La crise hondurienne s'invite dans le débat politique américain

par Amélie Baron

Article publié le 29/07/2009 Dernière mise à jour le 29/07/2009 à 21:56 TU

L'administration Obama a annulé mardi les visas diplomatiques de quatre membres du nouveau gouvernement hondurien. Un geste de soutien au président Manuel Zelaya, chassé du pouvoir le 28 juin dernier, geste que certains élus républicains du Congrès américain n'approuvent pas. La droite américaine mène ainsi une campagne contre le président Obama.

Roberto Micheletti lors d'une conférence de presse à Tegucigalpa le 28 juillet 2009.(Photo: Reuters)

Roberto Micheletti lors d'une conférence de presse à Tegucigalpa le 28 juillet 2009.
(Photo: Reuters)

Pour le Département d'Etat américain, l’annulation de ces visas est une procédure normale. Si ces personnes avaient obtenu leurs documents alors qu’elles travaillaient dans l’équipe de Zelaya, elles ne peuvent les conserver aujourd’hui puisqu’elles se sont rangées derrière le nouveau gouvernement hondurien, non reconnu par Washington.

Très tôt, Barack Obama avait condamné le coup de force mené par l'armée du Honduras. Les Nations unies, ainsi que les présidents latino-américains, avaient aussi dénoncé l’éviction par la force du chef de l’Etat. Tous ont réclamé sa réintégration.

Mais ce n'est pas la position de certains élus républicains qui considèrent, eux, la prise de pouvoir de Roberto Micheletti comme « une action réussie des patriotes honduriens pour sauvegarder leur système constitutionnel ». Jim DeMint, sénateur de Caroline du Sud, estime que Manuel Zelaya « était en train de devenir un dictateur et donc qu’il a été évincé à raison ».

 « Obama fait cause commune avec les marxistes »

Ce qui dérange surtout les conservateurs américains, c'est que le président déchu est un allié d'Hugo Chavez, fervent opposant des Etats-Unis. L’annonce de cette annulation de visas est jugée par les républicains comme un stratagème pour ramener Manuel Zelaya au pouvoir.

Après le coup d'Etat, l'administration Obama avait également décidé d'annuler une aide militaire de 16,5 millions de dollars destinée à Tegucigalpa.

Toutes ces mesures ont provoqué un tollé chez les républicains américains. En signe de protestation, les sénateurs conservateurs ont d’ailleurs symboliquement voté contre les nominations de deux diplomates en charge des relations des Etats-Unis avec l’Amérique latine.

La droite républicaine mène donc une campagne contre le président américain, qu’elle accuse de faire cause commune « avec les marxistes et les ennemis des Etats-Unis ». Dans ce front d’opposition, Jim DeMint a déclaré que Barack Obama s’est « précipité aux côtés de Chavez et Castro avant de connaître les faits ».

Une délégation d’élus du Congrès s’est même rendue le week-end dernier dans la capitale hondurienne pour y rencontrer Roberto Micheletti. Un soutien qui renforce la position du président de fait, en manque de légitimité.

Pour sa part, Manuel Zelaya considère que les putschistes « sont isolés, ils sont cernés, ils sont seuls ». Lui qui avait demandé à Washington d’annuler les visas des dirigeants du putsch, s’est félicité de la décision.