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Iran / Procès

Le mea culpa des accusés

Article publié le 02/08/2009 Dernière mise à jour le 02/08/2009 à 13:53 TU

Le journaliste irano-canadien Maziar Bahari, après son audience à Téhéran, le 01 août 2009.(Photo : AFP)

Le journaliste irano-canadien Maziar Bahari, après son audience à Téhéran, le 01 août 2009.
(Photo : AFP)

Dans le procès d’une centaine de manifestants contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, qui s’est ouvert le samedi 1er août, plusieurs accusés font machine arrière. Parmi eux Mohammad Ali Abtahi , membre éminent du camp réformateur, qui a déclaré à la barre que le scrutin du 12 juin avait été régulier, ou encore le journaliste irano-canadien Maziar Bahari. Compte-rendu de cette première journée d'audience.

Avec notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi

Le pouvoir iranien n’a pas voulu faire les choses à moitié. Assis au premier rang, les responsables réformateurs, dont certains étaient membres du gouvernement de l’ex-président Mohammad Khatami, portaient des vêtements de prisonniers.

Premier à intervenir, l’ancien vice-président chargé des relations avec le Parlement, Mohammad Ali Abtahi, un homme très proche de l’ancien président Khatami, a démenti toute fraude lors de la présidentielle du 12 juin, comme l’avait affirmé le responsable de l’opposition. Il a ajouté que le chef de l’opposition, Mir Hossein Moussavi, s’illusionnait sur la situation du pays.

Sur les bancs des accusés, se trouvait également le journaliste irano-canadien Maziar Bahari, travaillant pour Newsweek, ainsi que le sociologue irano-américain Kian Tajbaksh. Le journaliste Maziar Bahari a déclaré que les médias étrangers étaient les instruments d’une « révolution de velours » contre le pouvoir islamique, révolution menée par l’Occident, avant de demander pardon au guide suprême pour avoir participé aux manifestations, et porté atteinte à la sécurité du pays. Dans un communiqué, le chef de l’opposition Mir Hossein Moussavi, a démenti tout lien entre le mouvement d’opposition et l’étranger.

Selon la télévision d’Etat, les audiences doivent se poursuivre ces prochains jours. En organisant ce procès, le pouvoir iranien a voulu montrer sa détermination.

Khatami dénonce un procès « mis en scène »

L’ancien président, Mohammad Khatami, est monté au créneau pour dénoncer ce procès. Il a effectivement affirmé que ce qui s’est passé lors de cette première séance est contraire à la Constitution, à la loi et aux droits des citoyens. Il a ajouté que ce genre de mise en scène est avant tout contraire aux intérêts du régime et portait atteinte à la confiance de l’opinion publique. Il a également affirmé que les aveux obtenus dans ces conditions n’avaient aucune valeur.

Plusieurs journaux réformateurs ont repris le même thème. Ainsi le quotidien réformateur, Etemad Melli, a déclaré que les confessions faites par les accusés n’avaient aucune valeur.

Si les journaux réformateurs critiquent le procès, en revanche, le ton est très différent chez les journaux conservateurs. Ainsi le quotidien ultraconservateur, Kayhan, soutient à la une que le procès a permis de révéler les preuves de la trahison de Mohammad Khatami et de Mir Hossein Moussavi, le candidat de l’opposition.

S.G.

A écouter

Olivier Roy, chercheur au CNRS et spécialiste de l'Iran

« Les accusés, soudainement, plaident coupable, vont dans le sens de l'accusation et s'accusent eux-mêmes, donc très manifestement c'est une mise en scène. »

02/08/2009