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Piraterie / Somalie

La marine néerlandaise prend le commandement d’Atalante

par Stéphanie Maupas

Article publié le 02/08/2009 Dernière mise à jour le 03/08/2009 à 01:26 TU

La frégate Evertsen.(Photo : S. Maupas / RFI)

La frégate Evertsen.
(Photo : S. Maupas / RFI)

La marine royale néerlandaise s’apprête à prendre la relève de la flotte espagnole à la tête de la force navale de l’Union européenne, dans l’océan Indien. Futur quartier général sur la zone, la frégate Evertsen a quitté le port de Den Helder, au nord des Pays-Bas, dimanche.

De notre correspondante à La Haye, Stéphanie Maupas

Dans le port militaire de Den Helder, au nord des Pays-Bas, les familles des marins embarqués, dimanche matin, sur la frégate Evertsen, agitent des mouchoirs blancs, échangent sourires ou larmes. Dans onze jours, les Marines auront rejoint le golfe d’Aden. Mais ils ne partent pas à la guerre. « Ce n’est pas une guerre au sens classique du terme », estime l’amiral Peter Hudson, commandant en chef des opérations de la force navale européenne de lutte contre la piraterie, Atalante. « Il y a des personnes qui conduisent des activités criminelles qui déstabilisent les échanges commerciaux, la liberté de circulation (…) Près de vingt pays sont engagés dans la lutte contre la piraterie, les Chinois, les Américains, les Européens ! Nous voulons être sûrs que les pirates ne parviendront pas à détruire les échanges mondiaux ».

L’option militaire : réponse provisoire à la piraterie

Lancée en décembre 2008, après avoir obtenu l’aval des Nations unies et de Mogadiscio, qui permet aux différentes forces en présence d’agir jusque dans les eaux territoriales somaliennes, l’opération navale européenne, dont le mandat s’étend jusqu’à décembre 2010, coûtera, pour la première année, 8,3 millions d’euros. Cinq Etats membres – la France, l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie et la Suède – sont engagés de façon permanente. Deux Etats tiers, la Norvège et la Croatie, ont rejoint la force au cours des dernières semaines. La présence néerlandaise est, à ce jour, provisoire. Néanmoins, les Pays-Bas succèderont aux Espagnols le 13 août et prendront la tête du commandement dans l’océan Indien. Sur le papier, la force doit permettre aux bateaux du Programme alimentaire mondial (PAM) de transporter sans dommages l’aide alimentaire à la Somalie et de protéger les navires les plus vulnérables. Mais elle n’offre qu’une réponse provisoire au problème de la piraterie dans l’océan Indien. « L’Union européenne, avec les Nations unies et l’Union africaine, font leur possible pour essayer de stabiliser la Somalie. Mais d’ici là, nous devons faire notre possible pour minimiser l’impact de la piraterie sur le commerce mondial » estime l’amiral Hudson.

Atalante n’a pas pour mandat de combattre la pêche illégale

L’Union européenne, comme les Nations unies, pointent volontiers les problèmes politiques somaliens pour expliquer l’explosion de la piraterie dans l’océan Indien. Certaines ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International évoquent la pêche industrielle illégale, la pollution des côtes somaliennes, utilisées à moindre coût pour y enfouir les déchets toxiques de l’Occident. Plusieurs pirates, arrêtés par les forces navales depuis un an, ont eux aussi exprimé leur désarroi. Anciens pêcheurs, ils se sont convertis à la piraterie pour survivre arguent-ils. Pour l’amiral britannique, « il y a des personnes en Somalie, qui évoquent la pêche illégale, la pollution des eaux somaliennes, et différentes sortes d’activités qui menacent leur vie. Bien sûr, si nous sommes témoins de ce type d’activités, notre responsabilité est d’en référer au gouvernement en Somalie. Mais ce n’est ni mon rôle, ni mon mandat de traiter de la pêche illégale. La Somalie a l’ambition de pouvoir assurer le contrôle de ses côtes, mais d’ici là, je leur réfère tel ou tel cas, de sorte à leur permettre d’avoir une image claire de ce qu’il se passe. »

Une centaine de pirates en attente de procès

Une centaine de pirates sont en attente de procès à Mombasa, au Kenya, après la signature d’un accord entre Nairobi et l’Union européenne ainsi qu’avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni. L’Evertsen, comme les autres bateaux de la force navale dispose, à bord, d’un conseiller légal. En renvoyant les pirates au Kenya, l’Union européenne n’a trouvé, là encore, qu’une solution provisoire. De nombreux pirates ont été relâchés par les différentes forces, faute de savoir où et comment les juger. Le groupe de contact des Nations unies sur la piraterie planche depuis plusieurs mois sur ce point. En attendant, sur l’océan, les premiers succès de l’opération Atalante n’ont pas freiné la frénésie des pirates. Au printemps, ils ont étendu leurs zones d’attaques au sud et au nord de l’océan Indien, de Madagascar jusqu’aux Seychelles.