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Etats-Unis

Deux prisons américaines pour remplacer Guantanamo

par Stefanie Schüler

Article publié le 03/08/2009 Dernière mise à jour le 03/08/2009 à 16:38 TU

Sam Brownback, sénateur républicain du Kansas s'est prononcé contre le transfert de prisonniers de Guatanamo dans la prison militaire de Fort Leavenworth dans l'Etat du Kansas.(Photo : AFP)

Sam Brownback, sénateur républicain du Kansas s'est prononcé contre le transfert de prisonniers de Guatanamo dans la prison militaire de Fort Leavenworth dans l'Etat du Kansas.
(Photo : AFP)

C'était l'une de toutes premières décisions de Barack Obama. Quelques jours seulement après son arrivée à la Maison Blanche, le tout nouveau président ordonnait la fermeture de Guantanamo d'ici janvier 2010. Mais le projet a pris du retard. Le gouvernement américain est en effet confronté à un véritable casse-tête juridique : trouver une solution pour les quelque 230 prisonniers toujours détenus sur la base américaine, dont certains ne sont ni libérables, ni jugeables. L'administration américaine envisage finalement de déplacer ses détenus dans un centre de détention spécial aux Etats-Unis. C'est ce qui révèle ce lundi la presse américaine.

Une prison de haute sécurité à usages multiples aux Etats-Unis, c'est ce qui cherche aujourd'hui l'administration Obama. Il y aura des salles d'audience pour les procès jugés devant les cours fédérales, des commissions militaires pour poursuivre les personnes soupçonnées de terrorisme et des espaces de vie pour les personnes, dont la libération a été autorisée mais qui ne trouvent aucun pays prêt à les accueillir. C’est la description d'un centre de détention spécial qui pourrait bientôt être installé sur le sol américain pour accueillir des détenus de Guantanamo.

« Pourquoi construire chez nous ce que nous avons déjà à Guantanamo ? »

Selon le Washington Post, qui cite des membres du gouvernement américain sous couvert d'anonymat, les sites à l'étude sont Standish, une prison de haute sécurité dans le Michigan, dont la fermeture est actuellement envisagée, et la prison militaire de Fort Leavenworth dans l'Etat du Kansas. La réaction des élus républicains du Kansas ne s’est pas fait attendre : « Cela n’a pas de sens de dépenser des millions de dollars pour construire ce que nous avons déjà à Guantanamo », a déclaré le sénateur Sam Brownback.

Plus globalement, la perspective d'un transfert de détenus de Guantanamo aux Etats-Unis ne suscite guerre d’enthousiasme outre-Atlantique. L'opinion publique ainsi que de nombreux parlementaires et organisations des droits de l'homme s’y opposent pour l’instant avec véhémence. L'Union américaine pour les libertés civiles - par exemple - s'est insurgée. Pour elle, « la fermeture de Guantanamo sera un geste vide de sens s'il est ouvert ailleurs sous un autre nom ».

Des considérations économiques pourraient l’emporter dans le Michigan

Dans l’Etat du Michigan, en revanche, on commence à s’intéresser aux conséquences que ce plan de transfert de détenus pourrait avoir sur l’économie régionale. La prison de Standish, que l’administration Obama étudie également comme un possible site pour l’emplacement du nouveau centre de détention des prisonniers de Guantanamo, devrait en effet fermer en octobre prochain. Elle emploie actuellement 300 personnes et fournit du travail à quelque 1 600 d’autres.

Si le pénitencier fermait définitivement ses portes, les effets seraient immédiats dans une région déjà sinistrée par la crise économique et où le taux de chômage dépasse les 15%. Certains politiciens locaux s'insurgent pourtant, à l’instar du sénateur républicain Pete Hoekstra dans les colonnes du quotidien Detroit News : « Nous n'allons tout de même pas construire l’avenir du Michigan sur le dos de 100 ou 200 détenus de Guantanamo ».  

Dimanche soir, la Maison Blanche a fait savoir qu’aucune décision n’était encore prise concernant l’ouverture d’une prison spéciale pour les détenus de Guantanamo sur le sol américain.