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Mozambique

Un pont réunificateur

par  RFI

Article publié le 04/08/2009 Dernière mise à jour le 05/08/2009 à 02:30 TU

Le pont le plus important du Mozambique, reliant les deux berges du Zambèze entre Caia et Chimuara dans le centre du pays, a été inauguré samedi 1er août par le président Armando Guebuza. L’ouvrage, situé à 1 400 kilomètres au nord de la capitale, Maputo, porte le nom du chef de l’Etat, ce qui a suscité quelques polémiques dans la capitale. Mais, surtout, ce pont va permettre de relier directement le nord et le sud du pays et mettre un terme à une situation qui nuisait considérablement au développement économique de plusieurs régions mozambicaines, sans parler des pays de l’hinterland, comme le Malawi ou la Zambie.

Le pont Guebuza, reliant les deux berges du Zambèze.(Photo : kamera.mocubassa.net)

Le pont Guebuza, reliant les deux berges du Zambèze.
(Photo : kamera.mocubassa.net)

« L'histoire de ce pont est presque aussi vieille que notre indépendance nationale et on peut dire qu'il a souffert les mêmes vicissitudes », a déclaré lors de l'inauguration, le 1er août dernier, le président Armando Guebuza. Cela faisait effectivement un moment qu'on attendait cela. L'idée est née dans les années 1950, pendant la colonisation portugaise, mais la guerre de libération a retardé ce projet et les travaux n'ont finalement débuté qu'en 1977, deux ans après l’indépendance du pays.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Les travaux ont ensuite été abandonnés, en raison de la guerre civile qui a duré dix-sept ans, jusqu’en 1992. Ce conflit, entre le Frelimo (Front de libération du Mozambique) et la Renamo (Résistance nationale du Mozambique) a accentué la division du pays entre le Nord et le Sud. Une séparation toujours visible et qui a ralenti le développement économique de plusieurs régions. La construction du pont était une nécessité absolue pour le pays, et tout particulièrement pour les populations des régions du Centre et du Nord.

L'ouvrage est, avant tout, une prouesse technologique. On le doit au consortium portugais Mota-Engil / Soares da Costa. D'une longueur de deux kilomètres et demi sur une largeur de 16 mètres, avec ses quatre voies de circulation, ce pont est le plus grand jamais réalisé sur le continent africain. Son coût : 80 millions d'euros dont 12 millions réglés par le pays et le restant par l’Union européenne, la Suède, l’Italie et le Japon.

« Symbole de l'unité nationale retrouvée »

Avant son ouverture, les Mozambicains souhaitant se rendre du Nord au Sud, empruntaient la route qui s'arrêtait devant le fleuve. Là, ils attendaient parfois plusieurs jours pour embarquer à bord de vieilles barges, souvent au péril de leur vie. Autre intérêt, et non des moindres : le pont va contribuer plus efficacement au développement du commerce car les produits agricoles circuleront plus facilement, ce qui entraînera d'emblée une baisse des prix, notamment des céréales.

Enfin, sur le plan régional, ce pont est un outil d'intégration. Non seulement, il va désenclaver le Malawi voisin, mais il va surtout donner un coup de fouet au tourisme régional, à commencer par celui du Mozambique. Les Sud-Africains déjà attirés par le charme des plages mozambicaines pourront désormais s'y rendre en voiture.

Pour le journaliste mozambicain Fernando Lima, « ce pont est avant tout le dernier symbole de l'unité nationale retrouvée. Il va permettre notamment d’accélérer les liaisons entre le nord et le sud du pays, avec des retombées économiques très importantes ».

Fernando Lima, journaliste mozambicain

« Cinq minutes pour traverser c'est une grande différence : cela signifie que les produits vont coûter moins chers. »

04/08/2009 par Franck Launay