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Royaume-Uni / Libye

L'auteur de l'attentat de Lockerbie a été libéré

par  RFI

Article publié le 20/08/2009 Dernière mise à jour le 21/08/2009 à 12:17 TU

Abdel Basset Ali al-Megrahi escorté par des officiers de police libyens à Tripoli, le 18 février 1992.(Photo : AFP)

Abdel Basset Ali al-Megrahi escorté par des officiers de police libyens à Tripoli, le 18 février 1992.
(Photo : AFP)

L'ancien agent libyen Abdel Basset Ali al-Megrahi, condamné à la prison à vie pour l'attentat contre un Boeing de la compagnie américaine Pan Am en 1988, a finalement été autorisé à quitter sa prison écossaise pour raisons médicales. Atteint d'un cancer en phase terminale, il a gagné son pays, la Libye à bord d'un avion spécial. Les États-Unis ont « regretté profondément » la décision du gouvernement écossais. Les 270 victimes de l'explosion de l'avion, au-dessus de la petite ville de Lockerbie, étaient majoritairement américains.

Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix

En libérant l’ancien agent libyen, le ministre écossais de la Justice savait qu’il prenait là une décision extrêmement difficile et controversée. C’est justement pour cela qu’il s’est longuement justifié.

Les explications du ministre de la Justice écossais Kenny Mac Askill

« Le fait de commettre une atrocité ne peut pas et ne doit pas être une base pour perdre de vue qui nous sommes, les valeurs que nous voulons porter et les croyances selon lesquelles nous voulons vivre. »

20/08/2009 par Muriel Delcroix


De façon très solennelle, Kenny MacAskill a ainsi repris un à un les arguments juridiques auxquels il était confronté. C’est finalement l’argument humanitaire qui l’a emporté à ses yeux.

Le prisonnier libyen, atteint d’un cancer de la prostate en phase terminale, « n’a plus que quelques mois à vivre », a affirmé le ministre.

Abdel Basset Ali al-Megrahi doit maintenant faire face à une peine imposée par une puissance supérieure : « c’est terminal, définitif et irréversible : il va mourir » a ajouté Kenny MacAskill, en ayant auparavant fait remarquer,  pour appuyer encore plus cette libération de compassion, que le peuple écossais était connu pour son humanité.

D’infinies précautions de langage de la part du gouvernement écossais face à l’intense pression internationale, et notamment américaine, pour ne pas libérer le ressortissant libyen.

La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a plaidé jusqu’au dernier moment pour qu’il reste en prison, et les Etats-Unis disent « regretter profondément sa libération ».

La Libye, quant à elle, a rapidement rapatrié son ressortissant, qui a été ramené à Tripoli dans un avion spécial, par un fils du Colonel Mouammar Kadhafi.

Vives réactions aux Etats-Unis

Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet

De Washington au New-Jersey, où résidaient un bon nombre des 189 victimes américaines, une vague d’indignation déferle. Pour le président Obama, c’est une « erreur » et il a annoncé qu’il avait demandé à la Libye de placer al-Megrahi en résidence surveillée jusqu’à sa mort.

Pour Eric Holder, garde des sceaux « justice n’a pas été faite ». Editorialistes de droite comme de gauche sont, pour une fois, d’accord pour condamner la décision de Glasgow, comme l’ont fait de nombreux sénateurs, dont John Kerry, président de la commission des Affaires étrangères.

Mais ce sont les familles des victimes qui sont les plus amères. « C’est une claque au visage » dit l’un de leurs avocats. Ce qui les a le plus ulcérées, c’est que la décision a été prise pour des raisons humanitaires. Montrer de la compassion à l’égard d’un homme responsable de la mort de 270 personnes est une chose que la majorité ne peut accepter. « Tout ça pour du pétrole » se plaint une mère qui a perdu sa fille, alors qu’une épouse dont le mari a péri dans l’attentat déplore que lorsqu’on essaie de concilier justice et politique, « c’est toujours la politique qui l’emporte ».

Lorsque le colonel Khadafi viendra, le mois prochain, planter sa tente à Central Park, pour l’assemblée générale des Nations-Unies, il ne sera pas le bienvenu et aura intérêt à doubler le nombre des amazones chargées de sa protection !

A écouter

Guillaume Denoix de Saint-Marc

« Ce qui est important, c'est que la Libye a reconnu sa responsabilité et indemnisé les familles. Abdel Basset Ali al-Megrahi n'est qu'un sous-fifre dans cette histoire, dont il n'est pas le principal instigateur.[...] le responsable de l'attentat est l'Etat libyen et ses services secrets. »

21/08/2009