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Economie française

Les bonus des traders en question

par Marie Dupin

Article publié le 24/08/2009 Dernière mise à jour le 24/08/2009 à 15:16 TU

Le directeur général de BNP Paribas, Baudoin Prot, après sa rencontre avec la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, le 24 août 2009.(Photo : Éric Piermont / AFP)

Le directeur général de BNP Paribas, Baudoin Prot, après sa rencontre avec la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, le 24 août 2009.
(Photo : Éric Piermont / AFP)

Les banquiers sont, de nouveau, convoqués par les pouvoirs publics pour faire le point sur les bonus accordés aux traders. La rentrée politique commence à peine, et déjà les responsables des banques françaises rencontraient, lundi, la ministre de l'Economie Christine Lagarde, avant une réunion mardi à l'Elysée avec Nicolas Sarkozy. A l'origine de cette convocation, la polémique provoquée, début août, par la banque BNP Paribas.

BNP Paribas a annoncé avoir provisionné 1 milliard d’euros de bonus pour ses traders, alors qu'elle a reçu 5 milliards d’euros de l'Etat en octobre dernier pour l'aider à traverser la crise. A l'époque, l'ensemble des patrons de banques avaient pris l’engagement de mieux encadrer les rémunérations de leurs traders, avant de signer, en février, un code de bonne conduite. Un règlement qui impose notamment aux banques de ne plus proposer de bonus garantis sur plusieurs années.

Les banques affirment avoir respecté ce code de bonne conduite. Désormais en effet, les bonus des traders français sont garantis sur seulement un an. Et c'est ce que les patrons de banques mettent en avant pour se défendre. Ils assurent aussi respecter l'ensemble des règles adoptées lors du G20 de Londres en avril dernier.

Alors, que peut-il ressortir de ces rencontres avec les pouvoirs publics ? Christine Lagarde a demandé aux banquiers de lui faire de nouvelles propositions pour aller « plus loin ». Mais les banques devraient en fait reprendre les principes déjà énoncés en février et proposer de les renforcer.

Des pistes plus radicales

Des pistes plus radicales sont évoquées, notamment par l'opposition qui réclame une taxation des bonus. Mais cette proposition ne devrait pas être retenue. Certains souhaitent aussi la mise en place d'un plafonnement de la rémunération variable. Un trader ne pourrait pas toucher plus d'une certaine somme, mais là encore il est peu probable que le gouvernement aille aussi loin. Enfin, autre mesure envisagée : l'obligation de résultat. Les banquiers ne pourraient plus distribuer de bonus dans le cas où ils ne feraient plus de bénéfice.

Difficile pour l'instant de savoir si l'une ou l'autre de ces propositions sera retenue. Nicolas Sarkozy pourrait tout simplement se contenter de demander aux banques « d'appliquer avec plus de fermeté les règles déjà en vigueur ». Car, d'un côté, Nicolas Sarkozy doit faire face aux attaques très fortes de l'opposition. De l’autre, les banques françaises affirment que, si on leur impose des règles trop contraignantes, les traders partiront travailler à l'étranger, à la City de Londres ou encore à New-York.

Concurrence acharnée

En effet, les bonus ont recommencé à flamber un peu partout. Après la dégringolade des bourses pendant la crise, les opérations de marché sont reparties à la hausse, et donc, avec elles, les rémunérations variables. BNP Paribas a donc jugé bon de provisionner un milliard de bonus pour 17 000 salariés, dont 6 000 traders, soit environ 59 000 euros par salarié. Un chiffre qui peut donner le vertige mais qu'il faut relativiser. La banque américaine Goldman Sachs a déjà prévu de verser des bonus de près de 400 000 dollars en 2009.

La concurrence bat son plein pour attirer les meilleurs traders, et les banques françaises assurent que seule une législation internationale pourra permettre d'endiguer les excès. C'est d'ailleurs le principal message qui devrait ressortir des deux réunions d'aujourd'hui et demain : il faut aller plus loin au niveau international. Le sujet devrait d'ailleurs être à l'ordre du jour du prochain sommet du G20 à Pittsburg à la fin du mois de septembre.