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Allemagne

La percée de « Die Linke »

par Heike Schmidt

Article publié le 31/08/2009 Dernière mise à jour le 01/09/2009 à 16:27 TU

Oskar Lafontaine, leader du parti de gauche Die Linke, à Berlin le 31 août 2009.(Photo : Wolfgang Rattay/Reuters)

Oskar Lafontaine, leader du parti de gauche Die Linke, à Berlin le 31 août 2009.
(Photo : Wolfgang Rattay/Reuters)

A quatre semaines des législatives en Allemagne, le temps de l’ennui tant décrié est révolu. La gifle électorale subie par la chancelière allemande Angela Merkel en Thuringe et en Sarre sonne le réveil de la campagne au niveau fédérale, jusqu’ici atone. Dans ces deux Länder, les électeurs ont détrôné les conservateurs de la CDU. Le revers des conservateurs fait le bonheur des ex-communistes : « Die Linke » peut espérer faire son entrée dans des coalitions « rouge-rouge-verte » en s’alliant aux sociaux-démocrates et aux Verts. La consolation de la CDU vient de Saxe, où elle sera en mesure de gouverner avec l’appui de leurs alliés traditionnels, les libéraux du FDP.

Même si l’Union démocrate-chrétienne (CDU) arrive en tête dans les trois Länder, elle subit partout des pertes (- 13% en Sarre, -11,8% en Thuringe et -1% en Saxe). Au lendemain de ces résultats décevants pour les conservateurs, le secrétaire générale de la CDU, Ronald Pofalla, a reconnu que ces pertes sont « douloureuses ». Angela Merkel a beau dire que ce scrutin régional n’avait pas l’importance d’un test national et qu’il n’y « absolument rien » à changer à la stratégie électorale, la nervosité risque toutefois de s’emparer de ses troupes au lendemain de ce « Super-Sonntag » (« super-dimanche »).

« La dernière alerte pour le 27 septembre »

Grande favorite des sondages et convaincue de remporter la victoire lors des législatives du 27 septembre, la chancelière comptait rester à l’écart de la bataille électorale. Aujourd’hui, les militants de son parti lui demandent d’en finir avec sa retenue et de s’impliquer d’une façon plus agressive dans la campagne. « Ces résultats sont la dernière alerte pour tous ceux qui pensaient que la victoire électorale du 27 septembre était déjà acquise », avertit le député chrétien-démocrate Wolfgang Bosbach.

« Ceux qui disent que les législatives sont jouées d’avance ont commis une grosse erreur », martèle de son côté le rival d’Angela Merkel, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier. Mais le score de son parti est loin de pouvoir l’assurer. En fait, le SPD profite à peine des piètres résultats de la CDU. Même s’il obtient des scores meilleurs que prévu, il se fait voler la vedette par une gauche radicale qui a crée la surprise en s’imposant comme la deuxième force aussi bien en Saxe qu’en Thuringe. Une revanche tout à fait au goût d’Oskar Lafontaine, le vieux routard de la gauche allemande et ex-président du SPD à l’origine de la création du mouvement « Die Linke » (« La gauche »). « Oskar le Rouge », comme le surnomme ses adversaires, fera certainement son entrée au gouvernement régional aux côtés de ses ex-camarades, les sociaux-démocrates. La gauche radicale participerait ainsi pour la première fois au gouvernement d’un Land d’Allemagne de l’ouest. En triomphant au niveau régional, le parti des ex-communistes est aujourd’hui en position de bouleverser l’échiquier politique au niveau national.

La gauche radicale a le vent en poupe

Jusqu’à présent, le candidat des sociaux-démocrates Frank-Walter Steinmeier, a toujours catégoriquement exclu une telle alliance « rouge-rouge » au niveau fédéral, en faisant valoir les désaccords profonds entre les deux partis, notamment en politique économique et étrangère. Mais s’il laisse les sociaux-démocrates en Thuringe et en Sarre sceller un pacte avec la gauche radicale, ce sera sans aucun doute du pain béni pour le camp rival. Depuis des semaines, la CDU agite ce chiffon rouge en priant les électeurs de ne pas laisser tomber le pays dans les mains des « rouges ».

Les résultats provisoires du triple scrutin

SARRE

CDU : 34,5%  -  SPD : 24,5%  -  Die Linke : 21,3%  - FDP :  9,2%   Les Verts : 5,9%

SAXE

CDU : 40,2%  - Die Linke : 20,6%  - SPD : 10,4%  -  FDP 10%       Les Verts : 6,4%

THURINGE

CDU : 31,2%  -  Die Linke : 27,4%  - SPD : 18,5%  -  FDP 7,6%   Les Verts :  6,2%