par RFI
Article publié le 28/09/2009 Dernière mise à jour le 30/09/2009 à 16:03 TU
Les forces de l’ordre sont intervenues violemment ce matin pour réprimer une manifestation interdite ce jour à Conakry. Elles avaient reçu l’ordre de faire évacuer le grand stade du 28 Septembre occupé par des manifestants, opposés à la probable candidature du capitaine Moussa Dadis Camara, à la présidence de la République en janvier 2010. La junte est au pouvoir depuis le 23 décembre 2008.
La police guinéenne a violemment dispersé les manifestants à Conakry le 28 septembre 2009.
(Photo : AFP)
Tout a commencé ce matin avec un rassemblement de plusieurs centaines de jeunes dans les rues de la capitale. Equipés de pancartes, ils ne faisaient pas mystère de leurs intentions : « Non à Dadis et à bas l’armée au pouvoir ». Ils protestaient contre la probable candidature du chef de la junte, le Capitaine Moussa Dadis Camara, à la présidentielle de janvier prochain qui ne manque pas une occasion pour entretenir le doute sur ses intentions, contrairement à ses déclarations lors de la prise du pouvoir en décembre 2008. Très vite les attroupements ont été dispersés par les forces de l’ordre avec des grenades lacrymogènes.
Aux environs de 11 heures locales, des milliers de manifestants venus des quartiers dits « chauds » comme Bambeto et de la banlieue, ont tenté de repousser les forces de l’ordre. Ils ont reçu le renfort de tous ceux qui voulaient dire leur ras-le-bol des facéties du pouvoir et de son chef. Les forces de l’ordre ont battu en retraite en couvrant leur fuite par des tirs de grenades lacrymogènes.
L’histoire ne s’arrête pas-là
Les manifestants, estimés à plus de 50 000 personnes, ont aussi reculé après que les renforts de gendarmerie sont arrivés sur les lieux. Après des affrontements assez violents, les manifestants ont reculé à hauteur de l’université Nasser de Conakry. Ils ont ensuite convergé vers le stade du 28 Septembre où ils ont trouvé portes closes. Le portail du grand stade a été défoncé.
Après y avoir laissé pénétrer la foule et les leaders politiques dans le stade du 28 Serptembre, les forces armées ont encerclé le stade et ont commencé à ouvrir le feu. Dans la panique les manifestants ont voulu fuir et les militaires épaulés par les policiers ont commencé la chasse aux manifestants. « De nombreux civils ont été tués à bout portant », relatent tous les témoins joints par téléphone, qui racontent aussi que des femmes ont été déshabillées et humiliées.
Quant aux leaders de l'opposition, ils n'ont pas échappé à la colère des bérets rouges. Celou Dallein Diallo a eu cinq côtes brisées, François Fall, le poignet cassé, Jean-Marie Doré, Mouctar Diallo et Sidiya Touré ont été frappés à la tête et ont dû recevoir des points de suture. Ils sont actuellement à la clinique Pasteur sous surveillance militaire.
« Les bérets rouges sont arrivés avec à leur tête le garde du corps Dadis Camara et ils ont tiré dans tous les sens. Il y a eu des morts. »
Le bilan de cette journée est encore à dresser, mais selon plusieurs sources médicales, ce sont des dizaines de civils qui ont été tués. Pour l'heure, Conakry n'a pas encore totalement retrouvé le calme, des groupes de la garde présidentielle arpentent toujours certains quartiers de Conakry. Ces évènements rappellent ceux de 2007 qui firent 180 morts. les bérets rouges s'étaient déjà illustrés par un niveau de violence hors du commun.
A écouter
« Effectivement, il y a eu des morts, mais j'attends encore les chiffres [...] J'attends qu'on me fasse le point de la situation pour voir comment nous allons procéder. Mais très franchement, je suis très désolé. »
29/09/2009
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