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Irlande

La crise pourrait changer la donne du référendum

par Myriam Berber

Article publié le 02/10/2009 Dernière mise à jour le 03/10/2009 à 09:01 TU

Les Irlandais ont voté vendredi pour ou contre le Traité de Lisbonne. Après la victoire du «non » en juin 2008, les derniers sondages laissent à penser que le «oui» a de fortes chances de l’emporter lors de ce second référendum. La crise qui est passée par là, semble la meilleure alliée de l’Union européenne. En deux ans, le taux de chômage a presque triplé sur l’île et le produit intérieur brut s’est effondré de 8% cette année.

Le marché immobilier qui était florissant dans les années 90 est en chute libre.(Photo: AFP)

Le marché immobilier qui était florissant dans les années 90 est en chute libre.
(Photo: AFP)

Pour la deuxième fois, les Irlandais se prononcent par référendum sur le traité de Lisbonne, qui doit être ratifié par les vingt-sept Etats-membres. Mais depuis le 12 juin 2008, date du précédent référendum dont le résultat a été négatif, le contexte n’est plus le même. L’Irlande a été le premier pays de la zone euro à entrer officiellement en récession en 2008.

Le produit intérieur brut irlandais s’est contracté de 8% en 2009. En mai, la confiance des consommateurs a atteint son plus bas niveau  depuis 12 ans et le chômage s’est envolé. Les plus récentes projections de l’Institut européen des statistiques (Eurostat) font état d’un taux de chômage frappant 12,5% de la population active. Il devrait dépasser les 15% d’ici à la fin de l’année, selon le Premier ministre Brian Cowen.

Effondrement de l’immobilier

La hausse des dépenses sociales induite par la crise a également réduit la marge de manœuvre du gouvernement conservateur qui a dû avancer des milliards à l’automne pour éviter l’effondrement bancaire. L’avenir de l’Irlande est très inquiétant. L’agence de notation américaine Standard & Poor's a abaissé, en septembre, la note de crédit à long terme du pays.

Un recul qui contraste avec les taux de croissance record de ces dernières années. Dans les années 90, l’Irlande surnommée « le Tigre Celtique » était le numéro un européen avec une croissance supérieure à 10%, grâce essentiellement à deux secteurs : les services financiers et l’immobilier. Principale cause de cette crise sans précédent donc, la chute du marché immobilier.  

Le rôle protecteur de l’Europe

Les Irlandais comptent désormais sur l’UE pour les sortir de la récession. Les partisans du «oui» au traité de Lisbonne font valoir que la crise confirme l’importance de faire partie d’un grand ensemble comme l’Europe. Ils mettent en avant le rôle protecteur de l’UE, et notamment celui de la Banque centrale européenne qui a notamment injecté 120 milliards d’euros pour sauver les banques irlandaises. A titre de comparaison, l’Islande, île non membre de l’Union européenne, n’a pas bénéficié de cette aide et se retrouve aujourd’hui en quasi faillite.

Rejeter le traité risquerait aussi de détériorer l'image de l'Irlande, qui dépend beaucoup des exportations et des investissements étrangers. Paul Duffy, président de la Chambre de commerce américaine en Irlande, qui représente 600 sociétés implantées sur l'île, a lui aussi mis en garde contre le danger que représenterait un second «non» pour les perspectives d'investissements étrangers en Irlande. En 2006, les sociétés américaines, attirées par les impôts faibles dans le pays, ont ainsi investi 83 milliards de dollars sur l'île, soit plus que les investissements effectués dans l'ensemble des pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine).