par Anne-Laure Marie
Article publié le 06/10/2009 Dernière mise à jour le 08/10/2009 à 13:17 TU
Quand nous avons lancé cette enquête «expresse» sur les inondations en Afrique de l'ouest, Guejopaalgnane nous a écrit depuis Loumatyr au Sénégal : «Je ne sais pas quelles sont vos intentions dans ce travail, mais c'est une très bonne initiative. Elle permet de faire voir les eaux et quelque chose d'autre dans le miroir des eaux.» Nos intentions sont bien celles-là,«faire voir les eaux» et si comme le souligne Abdou depuis Rabat au Maroc, «nous avons constaté que le fait de montrer tout simplement des images ne résout pas les problèmes des inondations», peut-être verrons-nous «quand même quelque chose d'autre dans le miroir des eaux». en regardant par exemple ces images de Rosso en Mauritanie envoyées par Aboubakry avec ce seul commentaire : «La ville de Rosso en Mauritanie a enregistré des pluies diluviennes les 27 et 28 août 2009, ce qui a entrainé l'évacuation de plus de 4000 familles au Pk 7. Un phénomène récurrent:une partie de la ville est construite dans une zone inondable, le sol est argileux et la nappe alluviale est peu profonde. Résultat: à la moindre pluie c'est la catastrophe.»
Les premières photos nous sont parvenues début juillet de Michel, un membre de l'atelier des médias qui habite Abidjan, Côte d'Ivoire. Malgré le peu de lumière sur les images, on y distingue nettement deux hommes, progressant péniblement dans un paysage urbain, de l'eau par dessus les genoux.
Début septembre, de nouvelles images en provenance du Burkina Faso cette fois avec des routes défoncées par des torrents d'eau boueuse, des ponts emportés, des autocars aux toîts presque entièrement immergés. On imaginait que les voitures devaient être dessous...
Du Sénégal, presque simultanément Serigne notamment nous montrait
comment il fallait désormais trouver une embarcation pour traverser les rues de certains quartiers de la banlieue de Dakar.
La ville de Rosso, en Mauritanie était entièrement inondée, les écoles dans plusieurs villes et villages du Togo idem : en nous envoyant ces images, une soixantaine au total, les membres de l'atelier des médias nous ont fait voir une réalité que ne peuvent décrire les rapports du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations unies pour l'Afrique de l'ouest, l'OCHA. 600 000 personnes touchées par les inondations en 2009, peut-on y lire, quand il y en avait déjà eu 800 000 en 2007 ! Pour comprendre la réalité derrière les chiffres, vos témoignages et vos photos sont précieux.
«Moi je suis à Ndjaména au Tchad, nous écrit Aboubakar le 11 septembre, et ici aussi nous avons eu des inondations suivies de dégâts, des route routes quasiment impraticables et des maisons qui tombent... je vous enverrai quelques photos que j'ai moi-même prises ici sur place.» Peut-être Aboubakar a-t-il eu des problèmes de connexion ou tout simplement d'accès à l'électricité, peut-être a-t-il oublié...Nous n'avons pas eu la possibilité de voir ses images...
En filigrane, la question du réchauffement climatique...
En invitant les «décideurs politiques» à «prendre à bras le corps la question du réchauffement climatique afin de ne pas connaître le pire dans les années à venir», Mouanga Menayami, originaire de Pointe Noire en République du Congo, écrit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. La question a d'ailleurs bien entendu été posée à plusieurs reprises sur l'antenne de Rfi et notamment ici ( pour tenter d'expliquer l'intensité des précipitations).
Depuis Bamako au Mali, où les pluies torrentielles ont inondé les cultures et compromettent dors et déjà fortement les récoltes à venir, Ramata Diaouré, rédactrice au bihebdomadaire 22 septembre, se demande d'ailleurs pourquoi les climatologues maliens ne sont pas davantage associés à des mesures de prévention de telles catastrophes. Du coup, c'est le programme de «pluies provoquées» récemment mis en place par le gouvernement qui suscite la suspicion d'une partie de la population :
Rédactrice au bihebdomadaire 22 septembre
Membre de l'Atelier des médias de RFI
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