par Anne-Laure Marie
Article publié le 08/10/2009 Dernière mise à jour le 08/10/2009 à 13:00 TU
«Les immondices font partie du décor au quotidien des populations...»
Même si l'Organisation Mondiale de la Santé n'a pas fait état d'épidémie depuis les inondations qui ont touché Dakar et ses environs, les cas de paludisme et de diarrhées ont flambé dans les quartiers concernés. Témoignage de Mapote Gaye le 17 septembre. Il évoque la commune d'arrondissement dite «Gueule Tapée» : «Les eaux stagnantes, des chambres inondées, des matelas mouillés, des salons inondés et autres tas d'immondices font partie du décor au quotidien des populations de Fass Colobane Gueule Tapée. (...) Les pluies diluviennes des derniers jours ont causé beaucoup de dégâts dans la commune d'arrondissement de Gueule Tapée FassColobane, où il n'existe point, pour la plupart des quartiers, un réseau d'assainissement adéquat» a laissé entendre Mme Seynabou Wade. Avant d'ajouter: «Malgré l'appui de la ville de Dakar et de l'état à travers le plan Orsec, les besoins demeurent importants». Ainsi, elle demande encore dix camions, pour mieux soulager les populations qui, selon elle souffrent péniblement.» Des camions, des pompes, de l'argent pour financer des projets durables de ré aménagement tout manque. Et Clara confirme : « Les gens de la banlieue ici ont passe les fêtes de la Korite sous les eaux et les saletés.(ndlr les fêtes qui marquent la fin du Ramadan) C'est écoeurant et décevant» Et là encore, les politiques sont montés du doigt pour n'avoir pas su anticiper : «Au Sénégal, d'où je suis, les populations s'étaient installées dans les zones inondables a l'époque de la sécheresse. Les autorités de l'époque, notamment le régime PS, avaient laissé faire, alors que tout le monde savait que, dans le cas de la banlieue dakaroise, ces zones dépressionnaires de Niayes ne sont bonnes que pour le maraîchage. Gouverner, c'est prévoir. Apparemment, ce dicton est inconnu de nos hommes politiques.» conclut David.
«Un boa a été tué dans un quartier de la banlieue dakaroise»
Des bassins de rétention d'eau ont pourtant été construits. Mais «de manière artisanale» sans même de grille qui empêcherait les enfants de s'y noyer, ce qui s'est déjà produit, nous affirme Ousmane. En outre, Serigne et lui attestent l'un et l'autre de la présence de reptiles à proximité de ces bassins. Serigne, qui depuis Dakar, nous a envoyé la grande majorité des photos de la capitale sénégalaise sous les eaux et raconte : «Après les délestages et autres inondations qui les empêchent de dormir, les habitants de la banlieue sont confrontés à un nouveau problème : des bestioles comme des varan et boas ont investi les eaux stagnantes, augmentant ainsi l’insécurité ambiante qu’elles vivent plus de patauger dans les eaux, de cuisiner dans des maisons inondées et de faire même leurs besoins dans les eaux au point de contracter des maladies, les habitants sont confrontés à un nouveau problème. En effet, des bestioles ont commencé à se montrer. Des reptiles féroces comme des varans et des boas. C’est à Touba Thiaroye, un quartier où l’essentiel des maisons est sous les eaux, que ces reptiles se sont manifestés. Des boas et des pythons ont été vus par des habitants. L’un d’eux a été tué pour prouver à ceux qui sont sceptiques que ce des choses qui ne sont pas sorties dans l’imaginaire des populations qui veulent plus d’aide.
Un boa qui a été exhibé comme un trophée de guerre et qui fait trembler nombre de chefs de famille condamnés à vivre dans ces eaux avec leurs familles. À Sam sam 1, où les reptiles ne se sont pas encore signalés, les populations sont sur le qui-vive. Une manifestation est en vue. Imams et délégués de quartier ont promis de se mobiliser aux côtés des jeunes.»
Et là encore, les images sont plus parlantes que de longs discours :
L'eau coupable de destruction en Afrique où on en a par ailleurs tellement besoin ? Pour résumer le sentiment de plusieurs de nos témoins, qui tous pensent que l'homme ne tient plus compte des contraintes naturelles, cette phrase de Guejopaalgnane, enseignant à Loumatyr, Sénégal : « Quels que puissent être les dégâts consécutifs aux pluies, on ne saurait accuser la nature. Ces «inondations» qui malheureusement permettront encore à nos États de recueillir beaucoup de dollars et d'euros ne sont pas des catastrophes naturelles, mais (...) une catastrophe humaine: l'incapacité ou l' «in volonté» de nos États à régler des problèmes pourtant bien connus. Je reviens du village vers Dakar et là bas au village nous avons rendu grâce à Dieu pour avoir fait descendre la bonne eau pour le bonheur des paysans et des éleveurs.»
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