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RD Congo / Angola

Les expulsions réciproques ont été suspendues

par  RFI

Article publié le 15/10/2009 Dernière mise à jour le 15/10/2009 à 17:58 TU

Le Congo et l'Angola ont procédé mutuellement à des expulsions massives durant ces dernières années.(Carte : RFI)

Le Congo et l'Angola ont procédé mutuellement à des expulsions massives durant ces dernières années.
(Carte : RFI)

Les expulsions réciproques entre la République démocratique du Congo (RDC) et l’Angola ont été suspendues. Un accord dans ce sens a été conclu à l'issue d’une visite, mardi 13 octobre, d'une délégation ministérielle angolaise à Kinshasa. Selon les Nations unies, près de 115 000 Congolais ont été refoulés – entre décembre 2008 et juillet 2009 – par le gouvernement de Luanda. Et, en guise de rétorsion, le Congo a mis dehors, à son tour, des ressortissants angolais – 30 000, selon Luanda. Beaucoup étaient des refugiés sur son sol depuis l'époque de la guerre civile angolaise qui a duré de 1975 à 2002. Les autorités angolaises ont averti leur voisin, à plusieurs reprises, qu'elles ne toléreraient plus la présence de Congolais clandestins, notamment ceux qui travaillent dans les zones diamantifères. Mais cette affaire n'est pas le seul contentieux qui existe entre les deux pays voisins.

En 2007, un litige frontalier a suscité des tensions entre les deux Etats. L'Angola a revendiqué plusieurs villages proches de Kahemba, dans la province frontalière du Bas-Congo. Une zone où les filons diamantifères traversent le bornage entre les deux pays. L'Assemblée nationale congolaise a mis sur pied une commission d'enquête mais ses conclusions n'ont jamais été rendues publiques. Même chose pour le rapport des experts angolais et congolais chargés de vérifier le tracé frontalier avec l'aide des cartes coloniales portugaises et belges.

Un autre sujet qui fâche : celui du pétrole. Depuis 20 ans, l'Angola exploite l'or noir qui se trouve dans les eaux territoriales congolaises. Il ya deux ans, le ministre congolais des Hydrocarbures de l'époque a expliqué devant le Parlement qu'une convention signée entre les deux pays permettait dorénavant un partage de l'exploitation à 50/50, ce qui devait générer plusieurs centaines de millions de dollars de recettes. Mais cette manne financière n'a, semble-t-il, jamais été versée. Elle n'a, en tout cas, jamais figuré dans les recettes effectives du budget congolais. Cette année, la RDC a fait voter une loi en urgence sur la délimitation de ses frontières maritimes qui lui a permis de récupérer 200 milles marins. L'acte déposé aux Nations unies a aussitôt été rejeté par le gouvernement angolais qui dénonce un procédé unilatéral.

Autant d’éléments qui exacerbent les tensions. Mais le régime de Joseph Kabila peut difficilement se brouiller avec son puissant voisin angolais dont les interventions ont permis, à deux reprises, de sauver le pouvoir installé a Kinshasa.

Le mécanisme des expulsions réciproques

L'Angola a décidé de remettre de l'ordre dans le pays depuis qu'il a mis fin à sa guerre, en 2002. Luanda veut reprendre le contrôle de l'administration sur tout son territoire. Alors, depuis ces deux dernières années, les Angolais ont décidé de commencer à faire le ménage dans le secteur minier où opèrent beaucoup de clandestins congolais. Ceux-là sont expulsés manu militari depuis plusieurs mois dans des conditions le plus souvent très violentes. Les expulsions ont ensuite touché tous les ressortissants congolais en situation irrégulière. En septembre dernier, l'Angola avait accéléré les expulsions, en particulier dans la riche enclave pétrolière du Cabinda qui accueillera en janvier certains matchs de la Coupe d'Afrique des Nations.

Il y a environ un mois, la RDC, à son tour et en mesure de rétorsion, expulse des milliers d'Angolais installés souvent depuis des lustres au Congo démocratique. Ces Angolais avaient fui les vingt-sept ans de guerre civile chez eux. Le gouvernement angolais a affirmé que beaucoup de ces ressortissants expulsés n'étaient pas en situation irrégulière au Congo.

Une délégation ministérielle de Luanda est arrivée en début de semaine a Kinshasa, porteuse d'un message du président Dos Santos à son homologue congolais Joseph Kabila. Au terme de deux jours de travail, les deux pays ont annoncé qu'ils suspendaient les expulsions en attendant de mettre en œuvre des mécanismes qui permettent de régler la question dans les meilleures conditions. En fait, ce n'est pas la première fois que les deux pays annoncent qu'une commission mixte est mise en place pour traiter le problème. Des visites de ministres ont été organisées à plusieurs reprises, notamment en Angola, mais visiblement sans que le dossier progresse.

Les Angolais se plaignent, en expliquant qu'ils n'obtiennent pas de réaction ou de réponse quand ils avertissent leurs voisins congolais qu'ils veulent que leurs ressortissants installés illégalement en Angola rentrent chez eux. Pour l'heure donc les expulsions sont gelées de part et d'autre. Les autorités angolaises ont commencé à transférer, mercredi 14 octobre, vers leurs provinces d'origine, une partie des 30 000 Angolais expulsés. A Luanda, un conseil extraordinaire des ministres s'est penché sur l'élaboration d'un plan d'urgence destiné à venir en aide à ces refoulés.

« Nous voulons rassurer nos citoyens, les déportations sont finies. Nous allons évaluer les pertes de propriétés et prendre les mesures qui s'imposent », a déclaré, mercredi 14 octobre, le vice-ministre des Affaires étrangères Jorge Chicoty, à son retour de Kinshasa, en ajoutant : « en attendant, le plus important est qu'ils gardent leur calme ». Le ministre angolais a promis que leur sécurité et celle de leurs propriétés est assurée. Ce qui laisse penser que l'Angola a demande aux autorités congolaises d'agir dans ce sens.