Kosovo
Ismail, un Albanais en France<br> <br>
Ismail Raka a 48 ans. Contraint de s'exiler pour fuir les exactions serbes, il est arrivé en France il y a un mois, accompagné de sa mère, de sa femme et de son fils. Cet ancien garçon de café habitait Katjanic, à une dizaine de kilomètres de la frontière macédonienne.
RFI : Pourquoi êtes-vous parti du Kosovo¯?
Ismaël Raka : J'ai fui en Macédoine car je craignais pour ma vie et pour celles des miens. On ne pouvait pas sortir dans les rues, il y avait des Serbes partout. Nous sommes restés dans une cave plus de 5 jours. Puis nous nous sommes cachés dans les montagnes avoisinantes, pour ne pas être tués et nous avons gagné la Macédoine où j'ai travaillé quelques temps comme interprète avec des organisations humanitaires françaises.
RFI : Avez-vous de la famille en France¯? Et qu'allez-vous faire¯?
IR : J'ai un cousin qui habite à Paris ainsi que deux neveux. Je suis venu en France mais je n'ai pas eu pas le choix. Il y avait la guerre chez moi. Alors comme je parlais le français et que j'avais de la famille en France, mon arrivée et celle de mes proches a été assez facile. Je compte bien pouvoir travailler. Je devrais avoir d'ici quelques jours une carte de séjour d'un an ainsi qu'une carte de travail. Pour le moment, je regarde surtout la télévision pour savoir ce qui se passe chez moi.
RFI : Maintenant que l'accord de paix de Kumanovo a été signé entre Belgrade et les pays de l'OTAN, souhaitez-vous revenir au Kosovo¯?
IR : Pour vous dire la vérité, je ne vais pas rentrer tout de suite. Nous ne serions pas encore en sécurité chez nous. Il n'y a plus de travail au Kosovo, plus d'habitation, plus d'argent, il n'y a plus rien. Si un jour la situation s'arrange, je rentrerai au Kosovo, car c'est mon pays, mais pour le moment je compte rester ici avec ma famille.
RFI : Que pensez-vous de ce conflit¯? Et de l'UCK¯?
IR : Tout d'abord, on peut dire merci aux Européens. Ils nous ont défendu contre les Serbes et le régime de Milosevic. Mais ce qui est dramatique, c'est que l'OTAN ait été obligée de bombarder le Kosovo pour défendre les Albanais. Mais je comprends tout à fait leur comportement. L'UCK a défendu le Kosovo, c'est normal. Si j'avais été armé, j'aurais rejoint l'Armée de Libération du Kosovo. J'espère que l'UCK aidera la KFOR à reconstruire notre pays et à faire régner la paix de nouveau.
RFI : Les Serbes fuient à leur tour le Kosovo. Comprenez-vous leurs craintes¯?
IR : Pour vous dire toute la vérité, je pense que c'est mieux pour eux. Si je savais qui a tué les membres de ma famille, je me ferai justice moi-même. Il vaut mieux qu'ils partent en exil pour ne pas subir des représailles. S'ils restent, certains d'entre nous pourraient se venger ce qui entraînerait une nouvelle guerre civile au Kosovo, une nouvelle guerre ethnique. C'est mieux pour tout le monde qu'ils partent. Du moins, pour l'instant.
Ismaël Raka : J'ai fui en Macédoine car je craignais pour ma vie et pour celles des miens. On ne pouvait pas sortir dans les rues, il y avait des Serbes partout. Nous sommes restés dans une cave plus de 5 jours. Puis nous nous sommes cachés dans les montagnes avoisinantes, pour ne pas être tués et nous avons gagné la Macédoine où j'ai travaillé quelques temps comme interprète avec des organisations humanitaires françaises.
RFI : Avez-vous de la famille en France¯? Et qu'allez-vous faire¯?
IR : J'ai un cousin qui habite à Paris ainsi que deux neveux. Je suis venu en France mais je n'ai pas eu pas le choix. Il y avait la guerre chez moi. Alors comme je parlais le français et que j'avais de la famille en France, mon arrivée et celle de mes proches a été assez facile. Je compte bien pouvoir travailler. Je devrais avoir d'ici quelques jours une carte de séjour d'un an ainsi qu'une carte de travail. Pour le moment, je regarde surtout la télévision pour savoir ce qui se passe chez moi.
RFI : Maintenant que l'accord de paix de Kumanovo a été signé entre Belgrade et les pays de l'OTAN, souhaitez-vous revenir au Kosovo¯?
IR : Pour vous dire la vérité, je ne vais pas rentrer tout de suite. Nous ne serions pas encore en sécurité chez nous. Il n'y a plus de travail au Kosovo, plus d'habitation, plus d'argent, il n'y a plus rien. Si un jour la situation s'arrange, je rentrerai au Kosovo, car c'est mon pays, mais pour le moment je compte rester ici avec ma famille.
RFI : Que pensez-vous de ce conflit¯? Et de l'UCK¯?
IR : Tout d'abord, on peut dire merci aux Européens. Ils nous ont défendu contre les Serbes et le régime de Milosevic. Mais ce qui est dramatique, c'est que l'OTAN ait été obligée de bombarder le Kosovo pour défendre les Albanais. Mais je comprends tout à fait leur comportement. L'UCK a défendu le Kosovo, c'est normal. Si j'avais été armé, j'aurais rejoint l'Armée de Libération du Kosovo. J'espère que l'UCK aidera la KFOR à reconstruire notre pays et à faire régner la paix de nouveau.
RFI : Les Serbes fuient à leur tour le Kosovo. Comprenez-vous leurs craintes¯?
IR : Pour vous dire toute la vérité, je pense que c'est mieux pour eux. Si je savais qui a tué les membres de ma famille, je me ferai justice moi-même. Il vaut mieux qu'ils partent en exil pour ne pas subir des représailles. S'ils restent, certains d'entre nous pourraient se venger ce qui entraînerait une nouvelle guerre civile au Kosovo, une nouvelle guerre ethnique. C'est mieux pour tout le monde qu'ils partent. Du moins, pour l'instant.
par Propos recueillis par Clarisse VERNHES
Article publié le 22/06/1999