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03/10/2003
Hollywood, miroir de l’Amérique ?

(MFI) Plus qu’aucun autre, le cinéma américain a pour sujet d’élection la politique, ses rouages et ses excès. Jean-Michel Valantin, sociologue français spécialiste des questions de défense, tente de démonter les liens entre l’un et l’autre. Exemples de films à la clef.

Les plus grandes villes des Etats-Unis pulvérisées par des soucoupes volantes, les rares survivants obligés de se réfugier dans le désert, le président évacué dans une base secrète : c’est le scénario d’Independance Day (1997), l’un des plus gros succès du box-office américain. On raconte qu’à la vue de la destruction de New York, les paysans du Midwest se levèrent en hurlant de joie, ravis de voir réduite en cendres la Grosse Pomme, par eux considérée comme la nouvelle Babylone, repaire d’athées et de pécheurs. Une chose passa plus inaperçue : Independance Day est un panégyrique à la gloire de l’Air Force, qui finit par abattre in extremis les soucoupes. Heureuse « coïncidence », sachant que quelques années plus tôt, pendant la Guerre du Golfe, les états-majors de Norman Schwarzkopf eurent le plus grand mal à coordonner chaque arme. Avec Independance Day, l’Air Force a enfin le film qui (selon elle) lui rend justice et présente l’aviation américaine comme la plus moderne, la plus réactive, celle capable de répondre le mieux aux attentes du Pentagone.
Tout l’ouvrage de Valantin est construit sur ce système d’échos et de résonances. Il s’agit de montrer, films à l’appui, en quoi Hollywood apparaît comme le miroir ou (plus rarement) le contre-miroir non seulement des stratégies d’une nation mais aussi de ce qui les fonde : autrement dit de ses fantasmes et de son imaginaire collectif. Ainsi, Gladiator, en remettant en prenant pour propos la légitimité de l’Empire (« Le monde est ténèbres, Rome est lumière » dit l’un des héros) ne fait que décalquer le propos mythologique selon lequel l’Amérique serait la Nouvelle Jérusalem, celle dont la lumière éclaire le monde (ce qui justifie implicitement toutes les expéditions punitives). Dans un tout autre registre, l’histoire d’Alien (une navette spatiale est attaquée par surprise par une créature monstrueuse qui laisse son équipage sans défense ni espoir de retour, sur une planète inconnue) n’est qu’une ultime resucée du grand mythe fondateur américain de la Frontière (cet espace inconnu et hostile dont les colons repoussent sans relâche les limites).
On reste un peu plus sceptique sur la façon dont la collaboration entre le Pentagone et la Maison Blanche d’un côté, Hollywood de l’autre est laissée dans le flou par l’auteur, qui laisse parfois à croire que cette dernière n’est qu’une luxueuse agence de communication des deux premières. En revanche, le livre redevient passionnant dès qu’il met à nu les mythes fondateurs de la Nation américaine et la façon dont ils s’incarnent au cinéma. En outre, tout ceci éclaire sous un jour radicalement nouveau les derniers épisodes de la politique extérieure ou intérieure américaine, 11 septembre et Irak compris.

Hollywood, le Pentagone et la Maison Blanche, Jean-Michel Valantin, Ed. Autrement, 15 euros.

Elisabeth Lequeret

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