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11/06/2004
Chronique Musique

Baaziz, entre chaâbi et folk song

(MFI) Après Dorénavant et Life in Algéria, le « Renaud algérien » signe une nouvelle œuvre toute aussi contestataire que les précédentes avec Café de l ‘Indépendance (Suave/Mélodie). Ce nouveau pamphlet de l’héritier de Ksentini (chansonnier contestataire des années 1930) brosse un portrait émouvant de la jeunesse algérienne, de ses rêves sacrifiés, de sa poésie et de son humour. Après les très populaires « Algérie mon amour » et « Waili, Waili », qui dénonçaient ouvertement le régime du Président Zeroual, Baaziz nous offre ce très militant Café de l’Indépendance. « Vois cette jeunesse, cette force vive, cette force exubérante qui n’aspire qu’à faire de ce pays le plus beau des vergers. Même sans tuteurs, cette jeunesse aurait pu produire des fruits, nos tyrans en ont fait des bonzaïs en les ligaturant dès la racine. » Interdit aujourd’hui d’antenne et de tournée dans son pays natal, menacé de mort, il a surenchéri le 6 avril dernier à la Maroquinerie (salle de concert parisienne) en fondant un « pseudo gouvernement » pour fustiger les élections algériennes. Baaziz a déjà offert en France, en Belgique, en Suisse, en Allemagne et à Cuba ses talents de protest singer. Chantant en arabe, en kabyle et en français des textes à l’humour corrosif, oscillant entre chaâbi et folk song, sur un très beau souffle de guitare, il a décidé de parler pour le meilleur et pour le pire « On dit que je parle trop/ Quand je me tais, personne ne parle/ Oui, je parle trop mon frère et toi, tu n’as jamais rien dit/Tu dors sous la terre/T’es quand même mort, c’est fini/Il vaut mieux parler et mourir. »

Ziskakan et Richard Bohringer : duo d’enfer

(MFI) C’est en 2003, lors de la présentation de l’album Rimayer, que la rencontre musicale a eu lieu entre Richard Bohringer et Gilbert Pounia, le leader tamoul du groupe Ziskakan. Ce « coup de foudre » réciproque a valu à l’artiste réunionnais une couverture médiatique exceptionnelle pour la sortie toute récente de son double live au Casino de Paris (Créon Music/EMI). En 28 titres, c’est le tour d’une œuvre de plus de vingt ans qui nous est proposée ici. On y retrouve ses titres-phares comme « Bato Fou », « 4 Ti mo », « Gaoue », « Rimayer », « Kozman », « Siraz la nuit », des œuvres composées et écrites par Gilbert Pounia mais aussi par de grands noms de la créolité comme Axel Gauvin, JCC Marimoutou et Bernard Payet. Pour faire chanter la langue créole « qui libère la langue et le cœur » (Axel Gauvin), « déchagrine la vie » (Danyel Waro), « dit les paroles cachées » (Carpanin Marimouton), Ziskakan a rassemblé les sons d'Afrique, d'Asie, d'Europe et de Madagascar.

Youssou Ndour : 4 4 44

(MFI) Le Sénégal est tombé sous le charme du dernier album de Youssou Ndour 4 4 44 (Jololi). Après une digression dans les musiques orientales (Santa Allah/Egypte), ce retour au mbalax se singularise par une référence omniprésente à l’indépendance symbolisée par le discours du 4 avril 1944 prononcé par Waldiodio Ndiaye (futur ministre de l’Intérieur de Senghor). Il innove également par d’intéressants duos avec de vieux routiers comme Ouza, pionnier du mbalax moderne dans les années 1960, et avec de jeunes « étoiles montantes » comme Tity, aujourd’hui la coqueluche du public sénégalais. Introduit par une marche militaire au son du tama (« 4 4 44 »), l’album enchaîne avec « Défilé » un clin d’œil au titre « Thiaroye » de Ouza qui valut à son auteur un exil en Côte d’Ivoire. « Ande » (« être ensemble ») contraste avec un titre folk en compagnie de Pap et Cheikh (guitare et voix), deux jeunes très populaires dans le milieu dakarois. « Damay Latche » (« Je veux savoir ») révèle le talent de la chanteuse Tity au timbre griottique dans un titre aux confluents du mbalax et du folk. Le leader de la scène sénégalaise qui n’investit pas son énergie que dans la musique a également créé une fondation qui lance divers programmes en direction de la jeunesse dont une bourse d’études pour jeunes filles. « Le chômage des jeunes, l’insuffisance marquée et le mauvais accès aux services sociaux de base (santé, éducation…) sont un frein important à la participation effective de la jeunesse au processus de développement de leur pays » précise Youssou Ndour qui appelle les énergies à se mobiliser autour de projets concrets et à le soutenir dans son effort.

Mort de Brenda Fassie, « la Madone des towships »

(MFI) Brenda Fassie n’est plus. « La Madone des townships » s’est éteinte le 9 mai au Sunninghill Hospital de Johannesburg. Affaiblie par la drogue, elle était dans le coma depuis le 26 avril à la suite d’une crise d’asthme. Lors de son hospitalisation, de nombreuses personnalités (dont Winnie Mandela et le président Thabo Mbeki) se sont pressées à son chevet. Artiste à la personnalité sulfureuse, elle était née à Langa en 1964 où sa mère Sarah, pianiste professionnelle, la met sur scène à l’âge de quatre ans dans le groupe les « Tiny Tots ». Membre en 1979 du groupe Joy, un trio de femmes très populaire, elle fait ses débuts professionnels à l’âge de seize ans sous la houlette du producteur Koloi Lebona et connaît le succès quatre ans plus tard avec la sortie du tube « Week-end special ». L’album Too late for Mama, plusieurs fois disques de platine, confirme son ascension mais accélère sa plongée dans la cocaïne. Sa voix exceptionnelle, chaude et très expressive, s’inscrit dans la grande lignée des chanteurs de mbube et repose sur une rythmique mapantsula enrichie de couleurs funk, jazz, rap et house. Brenda Fassie était devenue une véritable icône pour la génération kwaïto (house music sud-africaine). Très instable dans la vie privée, elle se métamorphosait sur scène, fascinant son public par des spectacles combinant énergie et émotion. Elle avait à peine 39 ans et venait d’achever un nouvel album, Mali.

Ballou Canta et Luciana : deuxième round

(MFI) Deux Congolais, l’un de Brazzaville (Ballou Canta), l’autre de Kinshasa (Luciana de Mingongo), ont opté une nouvelle fois pour la rumba des origines, une attitude de plus en plus fréquente des deux côtés du fleuve. Ancien du Soukouss Stars, fondateur du premier Orchestre des travailleurs du Congo, Ballou Canta vit à Paris où sa voix a bercé les compositions de nombreux artistes : Ray Lema, Manu Dibango, Lokua Kanza, Pepe Kalle, l’Américano-Congolais Ricardo Lemvo, le Gabonais Oliver Ngoma et bien d’autres. Arrangeur, il a également travaillé avec Ronald Rubinel avant de s’offrir une collaboration fructueuse avec Luciana, ancien chanteur de Viva la Musica et auteur de plusieurs albums dont Sang bleu. On écoute avec plaisir la guitare hawaïenne de « guetele », les sons cubains de « Metiola », le sébéné (couplet introductif, longue exécution instrumental soutenant la voix) dans « Yvon » et le soukouss enlevé dans « Pokola ». Epoque oblige, les deux complices ont cédé aux sirènes de l’époque en s’offrant un petit ndombolo, « Kansaï ». Ça swingue, c’est doux et les voix coulent comme du miel.

Sylvie Clerfeuille

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