Créée en mars 2002 par un groupe d’étudiants lyonnais, autour de trois axes principaux (démocratie et droits des êtres humains, culture de paix et développement durable), l’association des Jeunes Volontaires Francophones (JVF) a parcouru du chemin : elle compte aujourd’hui 24 délégations nationales, regroupées en 9 régions francophones. Cependant, jusqu’à présent, elle souffrait d’un grave déficit : ne pas connaître physiquement ses adhérent(e)s. En effet, le réseau JVF s’est bâti… à partir d’une émission qui lui fut consacrée par RFI (1) peu après sa naissance, et tous les échanges d’informations se sont faits sur la Toile, depuis deux ans (2).
La rencontre de Dakar, inaugurée le 18 septembre dernier par un colloque intitulé « Volontariat international, paix et développement durable dans l’espace francophone » a donc été l’occasion pour une trentaine de délégués et de participants sénégalais de lier connaissance. Durant la semaine de travail qui a suivi, ils ont eu le loisir d’assister à une série d’exposés sur les situations nationales respectives ainsi qu’à la présentation des actions menées par les associations, car la plupart des jeunes présents à la rencontre sont déjà engagés dans des activités sociales et éducatives.
Mutualiser les expériences
Selma Nedzip est vice-présidente de Corba Diffusion, une petite organisation macédonienne qui se bat pour maintenir les liens entre les différentes communautés nationales, en organisant des échanges et des chantiers de jeunes. « Après la guerre du Kosovo, les réfugiés albanais, au nombre de 300 000, sont venus renforcer les rangs des Macédoniens albanophones. Leur ressentiment a nourri des idées nationalistes comme celle d’une Grande Albanie, qui priverait la Macédoine, toute jeune république, d’une partie de son territoire. Ces idées provoquent une véritable scission dans la société macédonienne au point que les gens s’évitent dans la rue ». Corba Diffusion, née il y a un an, a fusionné avec JVF très rapidement tout comme l’Association pour la Solidarité des Populations Africaines (ASPA) du Cameroun, emmenée par Parfait Bissaï : « Bien sûr que nous attendons de JVF un soutien financier pour nos propres projets comme le dépistage du Sida, ou des rencontres “apaisantes” entre jeunes des différents partis politiques » admet le délégué camerounais, « mais nous avons besoin aussi de conseils. Nous voulons bénéficier des expériences des autres pays francophones ». Pour son compatriote, Louis-Marie Essemneme, ancien secrétaire de la Jeunesse Etudiante Chrétienne du Cameroun, aujourd’hui responsable des relations internationales au siège lyonnais de JVF, si Dakar est bien un « premier rendez-vous où s’affirment les convictions » et où le partenariat est encouragé dans la mesure où il contribue à l’expansion du réseau, la priorité reste cependant le développement de celui-ci afin qu’il devienne une véritable force de la Francophonie « Notre présence sur le terrain garantira le suivi des activités ». La délégation du Tchad a d’ailleurs déjà œuvré en ce sens, et revendique près de 300 membres recrutés essentiellement dans les milieux universitaires. Il est vrai que l’antenne est déjà considérée comme une « ancienne » avec ses deux années d’existence !
Le facteur francophone
La première motivation des adhérente(e)s de JVF est donc de donner une dimension internationale à leurs aspirations. Mais pas n’importe laquelle puisque c’est celle de la Francophonie qu’ils recherchent. « La famille » diront certains avant d’ajouter « elle va au-delà de la langue française puisque par son intermédiaire, nous avons accès à la diversité des cultures, des situations et des expériences ». D’autres délégués ont des idées plus déterminées : « Nous voulons faire descendre les institutions de la Francophonie dans la rue » affirme Patrice Yee Chong Tchi Kan, 21 ans, étudiant en informatique et président de JVF Ile de la Réunion, « une île que les touriste ne veulent jamais quitter » précisera-t-il, avec un sourire enchanteur, lors d’une séance de travail. « Nous devons utiliser les liens politiques : l’île de la Réunion c’est aussi faire partager l’Europe aux pays de l’Océan indien ! L’Union européenne et la Francophonie peuvent aider les jeunes à relever les défis politiques, économiques, culturels et écologiques. Nous ne voulons pas être uniquement catégorisés en “Jeunesse et Sports”. Nous avons devant nous cinquante ans (sic) d’actions sur la place publique. Nous devons travailler pour nous, nos enfants et les enfants de nos enfants parce qu’il faut se souvenir que ce qui se fait ici et maintenant a des répercussions sur deux générations. Les conséquences de l’industrialisation, entamée il y a un siècle, … ses bouleversements économiques, sociaux et climatiques, c’est aujourd’hui que nous les subissons ! »
Parmi les initiatives de l’association, il faut citer le « passeport JVF ». Ce document est l’une des revendications qui sera présentée par les Jeunes Volontaires Francophones au Xe sommet de la Francophonie, en novembre. A l’image d’un véritable passeport, il constitue non seulement un carnet de route des volontaires, qui permettra de valoriser leur expérience dans les différents pays de la Francophonie, mais constituera aussi la preuve tangible de l’engagement des Etats membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie à faciliter la mobilité des jeunes dans l’espace francophone, programme qui existe déjà au sein des institutions mais connaît quelques ratés : une poignée de délégués nationaux de JVF n’ont pu se rendre à Dakar, en raison de problèmes de visa.
(1) Magazine Francophonie
(2) Site internet : www.reseaujvf.org
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