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04/02/2005
Sonorama : toutes les musiques du sud du Bénin

(MFI) Deux jeunes gens découvrent le Bénin et décident de se lancer dans la confection d’un objet à la fois musical et audiovisuel : cinq ans plus tard, voici Sonorama, sud du Bénin, un coffret documentaire comprenant un DVD-rom interactif, un CD audio et un livret. Le premier jalon d’une future collection valorisant les patrimoines musicaux vivants des Suds ?

Sur l’écran de l’ordinateur dans lequel on a inséré le DVD-rom, les danseurs, de face puis de profil, seul ou à deux, exécutent les mouvements correspondant aux rythmes interprétés par diverses percussions. Un clic sur la souris et on décompose le rythme en isolant un seul des instruments, toujours synchrone avec la danse. Un autre clic et on peut suivre un vidéo-reportage, ici une cérémonie de sortie des masques, là une fête pour la libération d’un apprenti-menuisier enfin autorisé à se mettre à son compte. Encore un clic, et voici une série de photos qui défile… Chaque élément est accessible selon deux critères, le média employé (audio, vidéo, boîte à rythmes, photo) ou le thème (le répertoire, sachant que chacun correspond à une langue et/ou un « terroir » d’origine).
Sonorama, sud du Bénin est un documentaire interactif sur les danses et les musiques traditionnelles de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest. Il se présente sous la forme d’un coffret contenant un CD audio, un DVD-rom et un livret d’explication. Le CD audio, une compilation, propose quinze morceaux d’artistes vivant au Bénin où ils sortent régulièrement des K7. Il y a par exemple Gbessi Zolawadji, Alekpehanhou, Jaqueline Adomou ou le roi Alokpon, très connus sur place – le roi Alokpon, par exemple, a probablement sorti une cinquantaine d’albums en quarante ans – et n’ayant jamais exporté hors de leur pays. Le DVD-rom, lui, compte deux heures de vidéo, une heure et demie d’entretiens avec les artistes, 300 photos et les fameux modules permettant de visualiser les danses de cinq rythmes différents.


Pendant neuf mois, une large moisson de sons et d’images

Original, ce coffret autoproduit l’est non seulement par ce qu’il donne à voir – une plongée dans un monde musical peu connu hors du pays –, mais aussi par son histoire et sa distribution. « Il est né, raconte François-Romain Dumont, de la rencontre en 1999 de deux personnes, Jean-Baptiste Miel et moi-même, alors que nous étions en coopération au centre culturel français de Cotonou, lui comme régisseur de spectacles et moi en tant que graphiste. Nous étions avec un directeur très dynamique, André-Jean Jolly. A la fin de cette année et demie, on a décidé de monter ce projet autour des musiques dites traditionnelles. Nous avons assez tôt imaginé qu’il aurait cette forme, et c’était d’ailleurs difficile à décrire aux gens auxquels on demandait des subventions ! » Rentrés en France, les deux compères réussissent malgré tout à en obtenir (de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie, des ministères de la Culture et des Affaires étrangères, d’Air France…) suffisamment pour pouvoir retourner, à quatre personnes cette fois, sur le terrain. Pendant neuf mois, en 2001, avec Emmanuel Dumont, documentariste, et François L’Ecuyer, étudiant en anthropologie, ils filment, enregistrent, réalisent une large moisson de sons et d’images.
Revenus en France avec cette abondante matière, ils doivent maintenant la mettre en forme. La rencontre de Samuel Rousselier, fin 2002, est salutaire. « Nous avions, explique François-Romain Dumont, monté les films, préparé les médias… Lui a développé toute l’interface du DVD-rom. Evidemment, il y a eu des problèmes techniques, donc on n’a pas pu travailler régulièrement. En plus, nous faisions cela sans être payés, sur notre temps libre… On l’a fait en tant que mélomanes. Les outils de décomposition rythmique peuvent intéresser aussi bien des mélomanes que, peut-être, des ethnomusicologues ou des artistes de musique électronique qui recherchent sans arrêt de nouveaux sons… Ca peut aussi être utile pour des académies de danse. Mais à la base, ce n’est pas un outil scientifique, ni pédagogique. »
Tout est auto-édité, auto-produit, y compris la distribution, pour l’instant artisanale : le coffret est en vente depuis fin décembre 2004 via un site internet, ou par dépôt-vente dans les librairies qui veulent bien le prendre. L’équipe de Cosmonote (la structure créée par les deux anciens coopérants) est donc à la recherche d’un distributeur pour Sud du Bénin, mais aussi pour l’avenir. « Nous commençons, ajoute François-Romain Dumont, à réfléchir pour savoir si on peut développer ce concept à l’échelle d’une collection, en Afrique et ailleurs. Avec le même principe : mettre en avant des formes de création musicales et dansées très populaires localement mais qui n’ont pas tellement d’écho en dehors de cette zone. » L’équipe espère rencontrer un éditeur qui aura les moyens de développer une collection en coproduction, pourquoi pas en plusieurs langues. « Pour que notre structure soit viable, on pense aussi à réaliser un documentaire classique sur l’histoire du projet… Ce qui permettrait, si on a une promesse de diffusion, de concrétiser le financement du projet. La collection pourrait alors démarrer. »


Une musique « traditionnelle » car jouée entièrement avec des instruments « africains »

Les musiques auxquelles Sonorama s’intéresse, dites traditionnelles, n’en sont pas moins bien vivantes, loin de la reproduction de rythmes figés depuis des décennies… « Les artistes se disent traditionnels parce qu’ils n’utilisent pas d’instruments électriques. L’opposition se fait entre une musique jouée entièrement avec des instruments “africains”, comme ils disent, des percussions essentiellement, et la musique dite moderne, jouée avec des synthés, des claviers, guitare, basse, etc. » Une musique traditionnelle qui est donc tout à fait actuelle, puisqu’elle n’était pas jouée de la même façon il y a deux, cinq ou dix ans. Chaque artiste affirme d’ailleurs s’inscrire dans une lignée tout en y apportant sa touche. « D’aucuns, précise F.R. Dumont, disent même avoir tout inventé dans ce qu’ils font, comme Amikpon : sa musique s’appelle le palongo, c’est un rythme qui originellement vient du Ghana, et lui dit avoir inventé tous ses tambours, qui ont des formes assez excentriques, et les rythmes qu’il leur a donnés. Donc ça relativise la notion de musique traditionnelle ! »
Ces formes de création sont omniprésentes sur place. « Les artistes ont manifesté un intérêt modéré pour notre projet, se souvient le jeune homme, dans la mesure où ils sont totalement immergés dans leur musique… Quelques uns, assez peu, en vivent bien, d’autres plutôt mal et les derniers pas du tout, ils font autre chose à côté. Mais par exemple on n’a pas réussi à travailler avec les grands musiciens yorubas, parce que eux gagnent tellement quand ils vont animer un enterrement qu’ils n’en voyaient pas l’intérêt. Côté droits d’auteur, les musiciens avec lesquels nous avons travaillé ont été payés – ce sont les seuls d’ailleurs ! On a fait des contrats dans les règles, s’il y a un retirage, ils toucheront des royalties… » Pour l’instant, Sonorama a été tiré à mille exemplaires.

Pour en savoir davantage : http://www.cosmonote.net

Ariane Poissonnier




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