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18/02/2005
Youssou Ndour, artiste engagé

(MFI) Son dernier album, Egypt, sorti l’an passé, est un opus de militant, une ode à sa foi en un islam ouvert et tolérant. A 45 ans, Youssou Ndour est à la croisée des chemins. Il passe désormais moins de temps dans les studios d’enregistrement et les salles de spectacles pour se consacrer à défendre ses idéaux auprès des grands de ce monde, suivant en cela la démarche de son ami Bono, chanteur du groupe U2.

On l’a vu accompagner le président Wade aux Etats-Unis en décembre dernier. Fin janvier, il était au Forum de Davos en compagnie de Tony Blair avec Bono et Peter Gabriel, ses mentors anglo-saxons. Début février, il dînait avec le président Chirac à l’occasion de sa visite officielle à Dakar. Youssou Ndour est-il en train de suivre le chemin tracé par Gilberto Gil, le célèbre artiste brésilien devenu ministre de la Culture dans son pays ? Son rapprochement récent auprès du président Wade est un signe. Et son action en faveur des plus défavorisés rappelle qu’il fut d’abord un enfant de la Médina de Dakar.
Que représente un tel engagement pour cet artiste mondialement connu ? « Je suis conscient que ce que je fais est une force qui touche le public. Même si j’arrête la musique, si je prends la parole, les gens vont y croire, me suivre. J’ai conscience que malgré mon côté “ambianceur”, j’ai un réel pouvoir de faire évoluer les choses. Je parle beaucoup des problèmes de société. Une chanson engagée est commentée dans les familles, dans les médias et a finalement un impact incroyable. » Du coup, l’artiste s’engage ce mois-ci dans deux nouvelles campagnes. L’une contre l’excision des jeunes filles : tout au long de l’année 2005, il devrait participer à différentes manifestations programmées par Amnesty International pour lutter contre les dangers de cette pratique. L’autre concerne le paludisme, ce fléau qui tue en Afrique plus que le sida. Il organisera à cette occasion deux grands concerts intitulés « Africa live » au stade Iba Mar Diop de Dakar, les 12 et 13 mars prochains. L’occasion de réunir autour de lui la crème des artistes du continent, de Manu Dibango à Khaled, en passant par Ali Farka Touré, Tiken Jah Fakoly, Rokia Traoré, Salif Keita ou Oumou Sangare.


« Moi, je leur parle de l’autre Afrique »

Les engagements de Youssou Ndour concernent autant le Sénégal, l’Afrique que le reste du monde : « Un artiste conscient voit ce qu’on délaisse. Il s’en empare, le “nettoie”, le représente. Les gens apprécient cela. Je voyage beaucoup, mais je suis de près ce qui se passe au Sénégal. Dès que l’on a besoin de moi, je sais me rendre disponible. En Afrique, les gens ont une certaine idée de moi : “C’est le boss de la musique africaine, il est toujours engagé dans des combats.” On attend toujours mon commentaire sur ce qui se passe. Dans le reste du monde, je représente l’image de l’Afrique en mouvement. Je me dois d’avoir trois visions différentes. Ca me fait du bien, car ce que je pense ne doit pas rester d’ordre privé. »
Le fait d’être un artiste africain est pour lui un atout pour faire passer les messages sur des fléaux tels que la pauvreté, l’exclusion, la malnutrition, le paludisme ou l’excision : « C’est dommage, mais c’est un avantage. Vous savez, les gens s’intéressent à l’Afrique. Ils connaissent une certaine Afrique. Mais moi, je leur parle de “l’autre Afrique”. Les Occidentaux disent : « “Ces gens-là sont fatigués, ont des problèmes et lui nous parle d’une Afrique qui sourit.” » Ce qui m’importe, aujourd’hui, c’est de parler de l’Afrique en marche, de proposer des festivals un peu partout, d’influencer les hommes politiques pour qu’il existe des manifestations culturelles de grande envergure. C’est quelque chose dont je rêve, comme d’inciter les artistes africains à retourner chez eux pour prendre en main le destin culturel du continent. L’écho d’un festival ou d’un concert dépasse largement le public présent grâce à la presse, aux retransmissions télévisées. Les artistes, qui sont des hommes libres, peuvent parler de leurs problèmes et essayer de trouver des solutions avec les autres. Ce sont des événements qui permettent de dénoncer les choses et d’avoir plus de présence. »
Après plus de trente ans de carrière, une biographie va être consacrée à l’enfant de la Médina de Dakar devenu l’ambassadeur du Sénégal à travers le monde. Intitulée Youssou Ndour, la voix de la Médina, elle est l’œuvre de son manager, Michèle Lahana, dite La Gazelle, et paraîtra en mars, à la veille d’« Africa Live ». Moment propice à un premier bilan avant des engagements plus politiques ? L’avenir le dira. Pour l’instant, Youssou Ndour reste à la croisée des chemins.

Pierre René-Worms

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