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15/04/2005
Jacques Rabemananjara : le quatrième mousquetaire de la négritude

(MFI) On l’appelait affectueusement « Rabé » et il était le plus grand poète de Madagascar. Retour sur l’œuvre de Jacques Rabamananjara, qui s’est éteint à Paris le 1er avril 2005, à l’âge de 91 ans, laissant derrière lui une oeuvre littéraire substantielle : poésies, pièces de théâtre, essais politiques, récits.

Considéré par beaucoup comme le quatrième mousquetaire du mouvement de la négritude, il a joué effectivement un rôle important dans les années d’après-guerre aux côtés de Césaire, Damas et Senghor, dans les manifestations culturelles (notamment la création de Présence Africaine et les deux Congrès des écrivains et des artistes noirs) qui ont présidé à la renaissance des lettres noires.
Jacques Rabemananjara fut aussi étroitement lié à la vie politique de son pays, d’abord en tant que résistant anti-colonial avant d’occuper des postes ministériels de premier plan après l’indépendance de la Grande Ile en 1960. Condamné en 1947 par le pouvoir colonial français à de longues années de prison, il a écrit l’essentiel de son oeuvre poétique pendant cette période douloureuse qui a pris fin avec la promulgation de la loi d’amnistie, le 27 mars 1956. La légende veut qu’il ait écrit les poèmes de son célèbre recueil Antsa d’une seule traite, pendant ce qu’il croyait être sa dernière nuit sur terre avant son exécution. Volume inspiré, Antsa est un hymne à la liberté et à l’île natale du poète : « Ile ! / Ile aux syllabes de flamme ! Jamais ton nom / ne fut plus cher à mon âme ! / Ile, ne fut plus doux à mon cœur ! / Ile aux syllabes de flamme, / Madagascar ! ». Comme les paroles des prisonniers étaient sévèrement contrôlées et censurées, Antsa faillit finir au feu. Le manuscrit fut sauvé in extremis et publié en 1956 avec une préface de François Mauriac dont les mots sont restés célèbres : « Ce cri que l’amour et la douleur arrachent à un fils de Madagascar, la littérature française peut le revendiquer. Cela du moins nous appartient à nous aussi, cela nous est commun : (...) la passion de la liberté. »
Après la révolution de 1972, Rabemamananjara fut obligé de quitter son « île à la face lyrique », pour s’exiler en France où il a vécu jusqu’à sa mort. Il a continué à écrire jusqu’aux années 90, publiant ses ouvrages aux éditions Présence Africaine dont il était proche. L’Académie française lui a décerné en 1988 son prestigieux prix de la Francophonie pour l’ensemble de son oeuvre.

Tirthankar Chanda


Aux éditions Présence Africaine :
* Rites millénaires, poèmes, 1955
* Lamba, poèmes, 1956
* Antsa, poèmes, 1956
* Témoignage malgache et nationalisme, essai, 1956
* Les boutriers de l’aurore, théâtre, 1957
* Nationalisme et problèmes malgaches, essai, 1958
* Antidote, poèmes, 1961
* Agape des dieux Tritiva : Une tragédie, théâtre, 1962
* Les ordalies, sonnets d’outre-temps, poèmes, 1972
* Oeuvres complètes, poésie, 1978
* Thrènes d’avant l’aurore : Madagascar, poèmes, 1985
* Rien qu’encens et filigrane, poèmes, 1987
* Le prince Razaka, récit, 1995


Chez d’autres éditeurs :
* Sur les marches du soir, poèmes, Ophrys, 1940
* Les dieux malgaches, théâtre, Ophrys, 1947





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