accueilradio  actualités  musique  langue française  presse  pro
radio
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Culture Société Liste des articles

10/11/2005
Chronique Livres

Une histoire des médias d’Afrique francophone

(MFI) Journaliste à Radio France Internationale, Thierry Perret a longtemps travaillé en Afrique de l’Ouest. Il était évidemment bien placé pour écrire ce livre qui retrace l’histoire de la presse, écrite et audiovisuelle, en Afrique francophone. Il a intitulé son étude Le temps des journalistes – L’invention de la presse en Afrique francophone, et puisé notamment dans l’ouvrage de Marie-Soleil Frère, Presse et Démocratie en Afrique francophone, comme il le souligne lui-même d’entrée de jeu. L’auteur suit pas à pas l’évolution du journalisme dans les pays africains de langue française, depuis ses débuts au Sénégal avec le groupe de Breteuil et son fleuron, le périodique Bingo, et les publications catholiques, à Dakar Afrique nouvelle, dont le jésuite et ancien spahi Joseph Roger de Benoist fut le principal animateur, et à Brazzaville La Semaine Africaine, que dirigea le père Le Gall.
Thierry Perret n’omet pas de souligner combien la presse africaine d’après les Indépendances fut soumise à la férule du pouvoir avec des journaux, mais aussi des radios et des télévisions dont les journalistes étaient le plus souvent des fonctionnaires. Progressivement cependant, une presse libre verra le jour, surtout après le grand tournant de 1990, quand le multipartisme s’instaura dans la plupart des Etats africains. La censure, et parfois des représailles plus graves contre les publications contestataires, n’en continuèrent pas moins à s’exercer dans bien des pays. Thierry Perret retrace ainsi le combat que durent mener des journalistes courageux, comme Pius Njawé avec Le Messager au Cameroun, Saleh Kebzabo avec Ndjamena Hebdo au Tchad, et plus encore Norbert Zongo avec L’Observateur au Burkina Faso. Ce combat a valu la prison à Pius Njawé pour un article paru en 1997, et a coûté la vie à Zongo, assassiné dans un « accident » de la route en 1998. Aujourd’hui, la presse africaine – surtout la presse écrite – est le plus souvent libre, parfois « politisée à l’excès », note Thierry Perret. Les radios privées se sont multipliées, tandis que les télévisions privées restent rares. La presse africaine n’est pas encore le « quatrième pouvoir », mais il faut désormais compter avec elle.

L’invention de la presse en Afrique francophone, Thierry Perret, Karthala, 318 pages.

Claude Wauthier


Pour que l’espoir renaisse

(MFI) La guerre civile qui a fait au moins 200 000 morts en dix ans au Burundi a été largement moins médiatisée que les massacres de 1994 au Rwanda. Sur place, l’horreur était pourtant la même. Confrontée aux massacres interethniques, Marguerite Barankitse, dite Maggy, décide dès 1993 de se battre pour sauver autant d’enfants que possible, qu’ils soient hutu ou tutsi. Portée par une foi indestructible, la jeune femme a créé l’ONG Maison Shalom pour leur venir en aide. Les 25 enfants soustraits aux massacres qui ont suivi la mort du président Melchior Ndadaye seront rapidement des centaines, puis des milliers. Entre temps, Maggy est devenue cette inlassable combattante qui affronte quotidiennement les politiques, les ONG, le clergé et sait s’en faire des alliés. Lentement mais sûrement, elle s’emploie surtout à faire renaître l’espérance chez les enfants les plus traumatisés. Dans la région de Ruyigy, Maggy est un peu l’envoyée de Dieu en enfer. En 2002, un nouveau projet l’occupe : la Cité des Anges, qui offre aux enfants déshérités un centre de loisirs sans équivalent hors de la capitale mais aussi un centre culturel, un centre d’apprentissage et des programmes éducatifs. Prochain objectif : un hôpital et une maternité. Quand on referme ce livre et que l’on mesure le chemin parcouru par Maggy et les siens, on se dit que plus rien n’est impossible.

La haine n’aura pas le dernier mot, Christel Martin, Albin Michel, 218 pages.

Geneviève Fidani


Vous avez dit intégration ?

(MFI) Non, Gaston Kelman n’est pas noir. Né au Cameroun il y a un demi-siècle, diplômé de l’université de Yaoundé, spécialiste de l’urbanisme, essayiste plein d’humour et d’érudition (on se souvient de Je suis noir et je n’aime pas le manioc), Gaston Kelman est un homme libre, bien décidé à faire entendre sa voix dans le débat sur la place des minorités noires et autres minorités visibles en France. Fustigeant les frilosités françaises face à la naissance d’un pays multiracial, l’auteur n’épargne pas pour autant ceux qui se réfugient derrière leurs racines pour masquer leur manque d’attirance pour l’intégration. Bien sûr, le débat ne saurait avancer sans une légitime interrogation sur les questions raciales et coloniales. Accepter et affirmer – enfin – l’égalité entre les hommes, reconnaître les responsabilités de chacun dans la douloureuse histoire de l’esclavage sont des exercices dont ni les Blancs ni les Noirs ne pourront faire l’économie. Mais une fois les non-dits évacués, il est de la responsabilité de chacun de faire un pas vers l’autre. Les exclusions sous-tendues par le mépris et le racisme, les révoltes stériles et le repli communautaire sont autant de fausses routes faciles qui égarent les hommes. Volontairement iconoclaste, Gaston Kelman adosse ce vibrant plaidoyer pour l’intégration à de nombreuses citations de Franz Fanon tout en se déclarant favorable, au moins pour un temps, à la discrimination positive. De quoi susciter une fois de plus le débat.

Au-delà du Noir et du Blanc, Gaston Kelman, éditions Max Milo, 255 pages.

G. F.


Quand le viol devient arme de guerre

(MFI) La profanation des vagins : sous ce titre provocateur, l’écrivain zaïrois Bolya a mené une enquête bouleversante sur le viol en Afrique noire par les « enfants-soldats » et autres rebelles qui exercent leurs ravages sur des populations désarmées. Ils sont pour beaucoup d’entre eux malades du sida et, quand ils ne tuent pas, il contaminent leurs victimes. Le viol constitue ainsi « une arme de destruction massive ». Au demeurant, relève Bolya, cette atroce pratique n’est pas l’apanage de l’Afrique. Les « saigneurs » de l’Afrique, comme il les appelle, ont été précédés par d’autres criminels, dans nombre de pays. En 1971, lors de la guerre d’indépendance du Bangladesh, plus de 200 000 femmes auraient été violées par des soldats pakistanais. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, l’armée impériale japonaise a contraint plus de 200 000 jeunes femmes coréennes à devenir des esclaves sexuelles, des « filles de réconfort ». Bolya évoque aussi le calvaire des gamines (parfois âgées de huit ans) soumises aux sévices des guérilleros colombiens qui les droguent à l’héroïne après les avoir contaminées. Il n’omet pas non plus les exactions sexuelles commises par l’armée russe en Tchétchénie, par les milices soudanaises au Darfour, et par les miliciens hutu du Rwanda lors du génocide des Tutsi.

La profanation des vagins, Bolya, Le Serpent à Plumes, 200 pages.

C. W.


Le tour du monde en trois livres

(MFI) Au même titre que le Beaujolais ou le James Bond nouveau, L’état du monde est devenu un rendez-vous de la rentrée. Normal : pour un format très discret et un prix modique, cet ouvrage collectif est une mine de renseignements qui, comme son titre l’indique, donne pour chaque pays de la planète des informations relevant autant du politique et du militaire que de l’économie, de la culture ou de la santé. A signaler, dans le même registre, la parution de l’Atlas de l’islam (après l’Atlas de l’Afrique, paru voici quelques mois), qui se donne pour ambition de photographier l’islam d’aujourd’hui, de l’Indonésie au Maroc.

L’état du monde, Collectif, Editions La découverte, 660 pages.
Atlas de l’islam, Anne-Laure Dupont, Autrement, 63 pages.
A signaler aussi : l’Atlas de la menace climatique, Frédéric Denhez, Autrement, 72 pages.

Elisabeth Lequeret


Le Nigeria, inventeur du film-kleenex ?

MFI) Plus 1 200 films par an, qui dit mieux ? Avec 7 000 films produits entre 1992 et 2005, le Nigeria est devenu le géant africain des images. Ce dynamisme stupéfiant tranche avec la sinistrose générale qui règne, en matière de cinéma, sur une Afrique plus que jamais garrottée par le manque de soutien financier à la production. Certes, comme le soulignent les auteurs de ce livre, le premier dans son genre entièrement consacré aux productions nigérianes, cette gigantesque production « constitue un phénomène social, économique, culturel sans précédent. En dehors de la musique, jamais une production culturelle d’Afrique noire n’avait atteint une telle ampleur et surtout un tel impact sur la population ». En d’autres termes, si ce n’est sûrement pas au Nigeria qu’il faut chercher les pistes d’un plausible renouveau cinématographique africain, il convient d’urgence de dessiner les contours de ce phénomène culturel sans précédent en Afrique. Dont acte.

Nollywood, le phénomène vidéo au Nigeria, Collectif sous la direction de Pierre Barrot, L’Harmattan, 168 pages.

E. L.


Quand Bagdad était la capitale mondiale de la pensée

(MFI) La couverture de ce livre, une miniature turque qui montre Pythagore enseignant à un petit groupe d’élèves en turban, tout comme la citation – sous le signe de l’hybridation – d’Edward Saïd qu’il arbore en exergue, tend à le placer sous le signe de la fructueuse fécondation des contraires. Depuis sa parution, en anglais, en 1998, Pensée grecque, culture arabe est devenu un classique des rapports entre l’Antiquité grecque et le monde arabe. Son cadre est le Badgad des 8e, 9e et 10e siècles, alors creuset de la pensée philosophique et scientifique. Ce sont les causes et les modalités de ce phénomène sans précédent que Dimitri Gutras analyse dans ces pages, et notamment le rôle majeur de l’Etat et des marchands.

Pensée grecque, culture arabe, Dimitri Gutas, Aubier, 342 pages.

E. L.


Le tour du monde de la philosophie

(MFI) Rédigé dans une langue claire et concise touchant un corpus aussi classique (Platon, Descartes, Kant) que contemporain (Lacan, Rawls, Foucault), La philosophie s’adresse en priorité aux élèves des classes de terminale, mais aussi à tous ceux qui souhaitent « découvrir et comprendre la philosophie ». Le prix élevé de l’ouvrage (70 euros) est justifié par un CD-rom qui comprend des dossiers complémentaires et plus de 600 textes d’anthologie. Quant au livre à proprement parler, il est constitué d’une série de leçons chacune centrée sur un grand thème philosophique. Vingt trois chapitres pour découvrir la philosophie ? De la conscience au bonheur, c’est déjà tout un programme…

La philosophie, collectif, Odile Jacob, 520 pages.

E. L.




retour

Qui sommes nous ?

Nos engagements

Les Filiales

RMC Moyen Orient

Radio Paris-Lisbonne

Delta RFI

RFI Sofia