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22/12/2005
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Mamans : élevez un homme, pas un macho
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(MFI) Peu de femmes sont capables de reconnaître : « Mon fils est macho ; c’est de ma faute ». Et pourtant… Au lieu de vous plaindre sans cesse des hommes, qui gagnent plus que vous pour le même travail et ne font rien à la maison, essayez de les changer. C’est-à-dire, de les élever autrement. Pas difficile, il suffit de suivre les dix commandements suivants.
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Règle n°1 : ne faites pas d’enfant avec un macho. Une évidence ? Pas si sûr. Pour faire grandir un garçon épanoui, mieux vaut ne pas aimer un homme terrorisé par les femmes ou méprisant à leur égard. Et si vous êtes malgré vous tombée sous le charme d’un bel hidalgo, évitez de vous comporter en femme soumise et mettez-le à la vaisselle. Votre fils l’imitera d’autant plus naturellement qu’il se sentira du même coup autonome, affranchi de sa dépendance à l’égard des femmes.
Règle n°2 : ne soyez pas une mère dévorante (plus connue sous le nom de « mamma » ou de « mère juive »). Comme le rappellent Stéphane Clerget et Pascale Leroy dans leur pertinent petit livre Elever un garçon aujourd’hui (1), la fusion mère-fils est l’un des terreaux essentiels du machisme. Faute de savoir comment être lui-même, le fils s’appliquera à ne pas être comme maman, « en se persuadant qu’elle est moins bien que lui ».
Règle n°3 : laissez de la place au père. A partir de deux-trois ans, le petit garçon prend conscience de son sexe et cherche à se démarquer de sa mère (sans quoi il resterait un bébé, dépendant et sans sexe). Il a alors besoin de modèles d’identification. C’est l’un des aspects essentiels du rôle du père : « en cassant la fusion, il défend le garçon d’une possible dévoration maternelle ». De même, encouragez les contacts avec d’autres hommes.
Règle n°4 : ne tolérez pas les colères et les crises d’autorité de votre fils sous prétexte que c’est « viril » ou « hormonal ». Pour se décoller de sa mère perçue comme toute-puissante (donc menaçante), le charmant bambin va passer, à partir de deux ans, par la fameuse phase du non. Tout en étant compréhensive, il faut savoir rester ferme et remettre les pendules à l’heure quand l’enfant se comporte en petit tyran.
Règle n°5 : évitez de proférer des généralités malfaisantes sur les hommes devant votre petit garçon : « Atteint dans son identité masculine, il pourrait alors chercher à l’affirmer de façon outrancière ».
Règle n°6 : votre compagnon vous a lâchée. Vous avez le droit de penser que c’est un sale type mais évitez de collectionner ouvertement les amants pour vous consoler. Devenu adulte, votre fils pourrait redouter de se faire manipuler ou dévorer par des « croqueuses d’hommes » et se conduire en macho pour se protéger.
Règle n°7 : sachez gérer la fratrie. Deux écueils à éviter : d’une part, ne pas présenter vos filles comme des petites choses fragiles en délégant à leurs frères une partie de votre autorité sur elles ; d’autre part, ne pas exiger des filles qu’elles soient toujours aux petits soins avec leurs frères. Ils auraient ensuite du mal à comprendre que toutes les femmes ne soient pas à leur disposition.
Règle n°8 : n’érotisez pas tous les rapports de votre pré-ado avec les filles (en lui demandant s’il est amoureux dès que vous le voyez discuter avec une copine devant le collège). Cette pression pourrait donner l’impression que pour être un garçon, il faut absolument séduire toutes les filles. Au contraire, mieux vaut valoriser l’amitié, qui permet des relations d’égal à égale.
Règle n°9 : gardez vos distances avec votre ado. Vers 12-13 ans, le garçon cherche à s’affirmer en tant qu’homme alors que dans le même temps, la puberté réactive les conflits oedipiens. Tiraillé entre son désir pour sa mère et son besoin de s’en démarquer, il peut réagir violemment… par une crise de machisme. Surtout, restez zen et n’hésitez pas à appeler le père à la rescousse. Ne tolérez pas les insultes et respectez la distance imposée par votre fils (finies les papouilles et les balades dans l’appartement en tenue d’Ève).
Règle n°10 : parlez dès le plus jeune âge à votre fils de la différence sexuelle entre garçon et fille. D’abord, calmez son sentiment de surpuissance en expliquant que non, il ne manque rien aux filles : elles aussi ont un sexe, mais il est caché à l’intérieur. Ensuite, combattez leur complexe d’infériorité en leur disant que les garçons aussi donnent la vie, que sans leurs graines, les femmes ne pourraient pas concevoir de bébé.
(1) Elever un garçon aujourd’hui, En faire un homme, pas un macho, Dr Stéphane Clerget et Pascale Leroy, Albin Michel, 134 pages.
Sophie Boukhari
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