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20/01/2006
Les Beatles : l’histoire fabuleuse de la bande des Quatre

(MFI) Si l’on vous dit David, Syd, Roger et Rick, ou Roger, Pete, John et Keith, il vous faudra un peu de temps pour comprendre que c’est des Pink Floyd et des Who qu’il est question. Mais la terre entière associe John, Paul, George et Ringo aux Beatles. Un livre retrace plaisamment l’histoire de ces quatre garçons de Liverpool qui, à l’aube des swinging sixties, ébouriffèrent la planète rock.

Ils sont passés par tous les styles, ont adopté tous les costumes : trois pièces-cravate du gendre idéal, vestes de cuir et cheveux longs, puis barbes et tuniques à fleur de ceux qui ont fait la route de Goa. Puisant dans tous les genres, ils ont fait le tour de la planète des instruments : sitar indien, percussions exotiques, cor anglais. Au propre comme au figuré, on les a dit morts, finis, perdu pour la cause du rock. Chaque fois, ils sont revenus sur le devant de la scène avec un nouvel album, avant de dire leurs adieux officiels à la scène, en 1970.
Les Beatles : un look, un genre, une musique. Vers la fin des tristes années 1950, ceux qui vont révolutionner la planète rock sont quatre post-adolescents issus de la middle class qui trompent leur ennui en bricolant sur des guitares bricolées. C’est l’après-guerre. A Liverpool, ville grise, on vit à la dure : magasins vides, coupons d’alimentation, et un ordinaire à peine amélioré par les marines américains avec qui se dealent cigarettes blondes et bas nylon. Aux Etats-Unis, le rock en est encore à ses balbutiements, dont quelques échos parviennent à Liverpool : en 1955, Graine de violence, film de Richard Brooks, fait découvrir à la jeunesse locale Bill Haley et son Rock around the clock.
Pour les Beatles aussi, le quotidien est difficile. Leur renommée encore confidentielle leur vaut une tournée à Hambourg : succès mitigé. Le 9 février 1961, de retour à Liverpool, le groupe tient l’affiche du Cavern Club, une boîte de jazz dont le patron s’est, air du temps oblige, reconverti au rock. Beaucoup de groupes vont passer au Cavern, mais les Beatles sont les stars du lieu : « Lorsque le tour des Beatles arrive, toutes les filles se précipitent vers le premier rang et l’air se charge d’effluves de poudre de riz », note leur biographe Jacques Colin.
Le 4 septembre 1962, après avoir été refoulés de toutes les maisons de production du pays, ils rencontrent George Martin, l’un des directeurs du célèbre label EMI. Celui-ci leur ouvre les portes du studio d’Abbey Road, au nord de Londres, où ils enregistrent leur premier single (« Love me do »/ « P.S. I love you »). Fin de la galère : les Beatles ont un manager, un contrat discographique, leurs deux titres sont régulièrement diffusés à la radio. Ils s’installent à Londres, cœur des swinging sixties, capitale de toutes les fêtes, et bientôt creuset de la beatlemania.

Evanouissements et crises d’hystérie

Devenus des rock stars, autant dire des demi-Dieux, les Beatles voguent de succès en succès. Ils tiennent le haut des charts, et leurs concerts se vendent à guichets fermés. Régulièrement, les fans se précipitent à leur poursuite en voiture. Des jeunes filles déguisées en femmes de chambre tentent de s’introduire dans leurs chambres d’hôtel. Lors des concerts, le public des premiers rangs est écrasé contre les grilles de protection, on ne compte plus évanouissements, crises d’hystérie et côtes brisées. Le 9 février 1964, lorsqu’ils participent au Ed Sullivan Show, 70 millions d’Américains sont vissés devant leur poste de télévision. Le lendemain, la police note que pendant la durée de l’émission, les crimes et délits ont considérablement diminué.
La beatlemania devient un business : après un concert, le manager de l’hôtel où ils ont séjourné récupère seize draps et huit taies d’oreiller et les revend pour 750 dollars à un homme d’affaires de Chicago. Ce linge, non nettoyé, est découpé en carrés de sept centimètres collés ensuite sur une carte postale vendue 10 dollars. Un sort identique est réservé aux serviettes de toilette avec lesquelles ils se sont essuyés le visage. Folie ? Hystérie collective ? Pour rejoindre le Panthéon des rock stars, ne manque à la gloire des « Fab Four » qu’un film. C’est chose faite en 1964 : tourné par un autre garçon dans le vent, l’Américain Richard Lester, A hard day’s night révolutionne le genre du « rockumentaire », alors terre promise des bluettes et des mélodrames sociaux.
Le 26 octobre 1965, ils sont reçus à Buckingham Palace, où la reine leur remet la MBE, équivalent britannique de la Légion d’Honneur. Jusqu’alors, les Beatles passaient très mal auprès de l’intelligentsia britannique. « La musique des Beatles est l’un des bruits les plus stridents qui ait retenti en Angleterre depuis que les sirènes de la guerre se sont tues », note un journaliste de Newsweek le 18 décembre 1963. Quant à la grande presse, elle leur reproche d’être « coiffés comme à l’âge de pierre ». Dans ce contexte, être reçu par Her Majesty est plus qu’un honneur : une consécration. Même John Lennon, pourtant le dur-à-cuire de la bande, note à la sortie : « C’était comme dans un rêve. C’était superbe. » So very british...

Une pétition pour le cannabis

Mais 1965 marque aussi l’entrée du LSD dans le groupe. Est-ce sous son influence que Lennon met le feu aux poudres en déclarant à une journaliste du Evening Standard : « Aujourd’hui, nous sommes plus populaires que Jésus. Je ne sais pas ce qui, du christianisme ou du rock’n’roll, disparaîtra en premier ». Alors que les Beatles viennent de signer une pétition pour la légalisation du cannabis, une rumeur monte et enfle dans la presse : Lucy in the Sky with Diamonds, titre-phare de leur dernier album, serait une ode au LSD. Aux journalistes déchaînés, Lennon a beau répéter qu’il ne s’agit que d’une phrase prononcée par son fils Julian, six ans, il ne convainc personne.
Les Beatles sont-ils finis ? « Quand 1968 est arrivé, je crois qu’on était spirituellement épuisés », avouera, bien des années plus tard, Paul McCartney. C’est au pied de l’Himalaya, auprès d’un gourou indien (qui se révèlera assez rapidement n’être qu’un escroc), qu’ils trouveront la voie d’un paradoxal salut. Le 30 mai 1968, ils entrent en studio pour enregistrer la première séance de The Beatles, plus connu sous le nom d’Album Blanc. Mais la fin du groupe est scellée. Elle trouve un catalyseur inattendu en la personne de Yoko Ono, jeune artiste japonaise qui, cette année-là, entre dans la vie de Lennon et n’en sortira plus jusqu’à sa mort, le 8 décembre 1980, sous les balles d’un fan déséquilibré. Un an plus tard, George Harrison et Patti Smith, mêlées à une histoire de drogue, sont arrêtés par la police. Le 12 mars, Paul McCartney épouse Linda Eastman, une photographe américaine. En 1970, après la sortie de Let it be, les Beatles tirent leur révérence au public. Désormais, les « Fabulous Four » continueront de tracer leur route, mais chacun de son côté.

Elisabeth Lequeret


Les Beatles, Jacques Colin, Hors Collection editions, 72 pages.
Dans la même collection : John Lennon et Paul McCartney.




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