Quand les Etats-Unis s’intéressaient à l’Afrique
(MFI) Tout comme celle du triangle Afrique/Europe/Amérique, l’histoire des liens entre les Etats-Unis et l’Afrique noire a été très peu étudiée. De plus, peu d’historiens ont fait le lien entre l’histoire de la Guerre froide et celle de la décolonisation. Dans Les Etats-Unis ont-ils décolonisé l’Afrique noire francophone ?, François Durpaire, un jeune universitaire français, revisite cette idée bien ancrée dans l’Hexagone que les empires coloniaux ne sont pas morts « naturellement » mais qu’ils ont plutôt été « assassinés » par les Américains à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’idée circule à l’époque largement dans les milieux coloniaux. L’auteur étudie ces interactions non plus seulement dans un cadre bilatéral mais dans le contexte plus large des relations internationales, s’appuyant sur des sources inédites.
Donnant à la lecture des éléments d’archives belges et françaises, il nous fait découvrir « la méfiance des autorités coloniales à l’encontre de toutes les initiatives américaines ». Où l’on découvre cependant que leurs analyses du phénomène divergent radicalement. Pour les uns, le mobile des Américains est idéologique puisqu’ils sont anti-impérialistes par principe. Pour les autres, il est économique et relève au contraire de leur esprit impérialiste. D’autre voix, à la confluence des deux précédentes, estiment encore que « les Américains doivent faire face à l’internationalisation de la question raciale – dû au positionnement idéologique de l’Union soviétique mais aussi à la décolonisation. »
Cette enquête très documentée de François Durpaire a aussi des « résonances contemporaines ». Ces dernières années, les relations franco-américaines en Afrique noire ont été au centre de toutes les polémiques : génocide rwandais, fin du règne de Mobutu au Zaïre, crise ivoirienne – où les patriotes en appelaient aux Etats-Unis dans leurs manifestations pour les « sauver » des griffes de la France. « Dans les années 1950, l’Afrique colonisée espérait déjà de l’Amérique anticolonialiste qu’elle contraigne les puissances européennes à quitter le continent », commente l’auteur. Quoi qu’il en soit, si l’ouvrage met en lumière l’intérêt constant des Etats-Unis pour l’Afrique noire de 1945 à 1960, il nous permet surtout de découvrir les différents acteurs de la politique africaine des Etats-Unis et de mieux saisir la complexité de leurs relations avec l’Afrique.
Les Etats-Unis ont-ils décolonisé l’Afrique noire francophone ? François Durpaire, L’Harmattan, 356 pages.
Antoinette Delafin
Les maisons en Afrique de l’Ouest et au Sahel
(MFI) Le terme maison désigne en Afrique de l’Ouest une entité plurielle, complexe, le regroupement de plusieurs foyers. Plusieurs générations s’y côtoient, issues le plus souvent d’un seul ancêtre mâle (peu de sociétés matrilinéaires). C’est à partir de cette définition que les auteurs de cet ouvrage nous conduisent dans un fascinant voyage dans l’intimité de différentes ethnies. Les couleurs, les matières, les fonctions de chaque pièce font comprendre le lien culturel, religieux et le rapport avec les forces de la nature. C’est tout un savoir-faire millénaire qui transparaît ici. Les textes qui soulignent et expliquent les illustrations ont un parti pris scientifique qui parfois brouille le plaisir de la découverte. On peut aussi regretter l’absence d’explications sur les difficultés contemporaines des sociétés ouest-africaines et leur incidence sur les constructions actuelles.
Habiter un monde - Architectures de l’Afrique de l’Ouest, Jean Paul Bourdier et Trinh T. Minh-ha, Ed. Alternatives, 192 pages.
Sylvie Rys
L’Afrique du Sud, présent, passé et utopies
(MFI) Terre de conquête, de violence et de métissage, l’Afrique du Sud fut aussi la terre de toutes les utopies. Les colons blancs qui vinrent s’y installer convoitaient le bétail, la terre, mais aussi les feux de l’or et des diamants. Bientôt, un autre délire, tout aussi meurtrier, devrait prendre sa place : l’apartheid, idéal d’ordonnancement et de compartimentation du monde, voulait arrêter le temps, celui qui métisse peaux et cultures. Quid de ce géant de l’Afrique, en ce début de millénaire ? En près de 500 pages, le jeune universitaire français François-Xavier Fauvelle-Aymar livre ici un portrait de l’Afrique du Sud dont la dimension historique prend aussi en compte géographie, ressources naturelles, cultures et religions.
Histoire de l’Afrique du Sud, François-Xavier Fauvelle-Aymar, Seuil, 469 pages.
Elisabeth Lequeret
Tout Souchon en 60 chansons
(MFI) Il y a les grands classiques, « Allo, maman, bobo », ou « On est foutus, on mange trop », et puis ses chansons moins connues. Ainsi de « C’est déjà ça », opus secret des années 1990 : « Je sais bien que rue d’Belleville/Rien n’est fait pour moi/Mais je suis dans une belle ville/C’est déjà ça/Si loin de mes antilopes/Je marche tout bas/Marcher dans une ville d’Europe/C’est déjà ça ». En trente ans, Alain Souchon, né Alain Kienast à Casablanca, en 1944, est devenu l’un des piliers de la scène musicale française. Cet album richement illustré retrace les principales étapes de son parcours. De quoi ravir les fans, qui pourront en prime s’offrir un karaoké, puisque les paroles chacun des soixante titres ici répertoriés sont restituées dans l’album, avec leur contexte de création.
Alain Souchon, une vie à travers ses chansons, Larousse, 160 pages.
E. L.
L’homme, la sorcière et les trois plumes de la femme-oiseau
(MFI) Connaissez-vous l’histoire de Hatiam, ce jeune agriculteur qui un matin se prit d’amour pour la belle Kalita, fille d’une terrible sorcière ? Vous pourrez lire leurs aventures dans ce beau livre pour enfant édité par les éditions Dapper, illustré par les dessins au pastel de Philippe Davaine.
Kalita, Christine Falgayrettes-Leveau, Philippe Davaine, Ed. Dapper.
E. L.
Eh bien jouez maintenant !
(MFI) Réflexion, concentration, patience, nombreuses sont les qualités requises par l’awalé. Ce petit livre entend nous initier aux subtilités de ce jeu de stratégie très prisé en Afrique occidentale. Son auteur, le Camerounais Serge Mbarga Owona, a aussi conçu le premier logiciel de jeu de songo accessible sur Internet. A quand la même chose pour l’awalé ?
L’awalé, Serge Mbarga Owona, L’Harmattan, 155 pages.
E. L.
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