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03/05/2001

Polar africain : des tyrans et des cocus

(MFI) Les cocus posthumes, le deuxième polar de l'écrivain zaïrois Bolya, fait suite à La polyandre, dont l'humour macabre avait fait le succès. On retrouve dans le nouvel ouvrage les mêmes personnages, l'inspecteur Robert Nègre, Oulematou, la princesse africaine aux maris alternatifs, son amie Rosemonde et l'infâme Makwa, l'ami d'enfance africain du policier.

Le décor et le milieu sont les mêmes, le Paris des immigrés africains, en particulier la place d'Aligre et sa foule bigarrée, où se côtoient Blancs, Noirs et Maghrébins. Le récit commence par la découverte d'un double crime atroce : un beau matin, après le marché, on dégage des immondices les cadavres de deux fillettes noires – des jumelles – qui ont été violées. A côté de leurs corps, des poils de léopard et une fine mèche de cheveux blonds. On appelle l'inspecteur Nègre…
Sa patiente enquête va lui faire découvrir d'étranges cérémonies initiatiques pratiquées par une mystérieuse secte africaine qui se réunit la nuit dans le bois de Vincennes. Un grand maître au visage masqué par une peau de léopard, officiant devant deux poupées Barbie blondes, ordonne à ses adeptes terrorisés de s'adonner à un culte obscène qui s'inspire de la crainte révérentielle que suscitent les jumeaux dans les sociétés africaines. Pour le grand maître, qui œuvre pour le compte d'un « successeur de Dieu » au pouvoir dans un pays africain, le sang des jumelles est une eau de jouvence.
En réalité, comme le découvrira l'inspecteur Nègre, la secte est au service d'un réseau de trafiquants d'organes, de mines anti-personnel, et, subsidiairement d'animaux protégés par les conventions internationales. L'ordonnateur financier de ces trafics en tous genres est un blanc, au nom prédestiné, Jean-Baptiste Sangsexe, prototype de l'expatrié à la fortune douteuse. Il est le mari de la belle Rosemonde, laquelle poursuit sa recherche en vue d'une thèse de doctorat, sur les performances sexuelles des mâles africains. Pour finir, l'inspecteur Nègre (décidément en passe de devenir un autre Mégret ou un second San Antonio) démasquera tous les coupables, dont Makwa, son ami d'enfance, qui essayait de le faire chanter.
Au-delà d'un récit vivement mené à coups de scènes sinistres ou cocasses, le polar de Bolya est un réquisitoire contre les potentats superstitieux et sans scrupules qui se sont parfois emparés du pouvoir en Afrique. Un des personnages du roman réclame d'ailleurs la création d'un Tribunal Pénal International pour l'Afrique habilité à les juger. Mais d'ores et déjà une autre punition les attend : ils seront des « cocus posthumes » qui contempleront de leurs tombes les ébats de leurs veuves infidèles.
Ainsi l'auteur – lauréat du Grand Prix Littéraire de l'Afrique noire voici quelques années pour son premier roman, Cannibales – rejoint-il la cohorte des écrivains africains qui dénoncent les dérives en tout genre du pouvoir sur le continent noir. Mais Bolya prévient le lecteur que son ouvrage est de pure fiction. Pour récuser à l'avance les supputations de ceux qui seraient tentés de mettre des noms sur quelques-uns des personnages de son roman.


Bolya : Les cocus posthumes. Le Serpent à Plumes, collection Serpent Noir. 218 p., 89 FF.

Claude Wauthier





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