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07/06/2001

Diversité culturelle : un combat francophone
Nouvelles technologies : entre modernité, mondialisation et diversité


(MFI) Les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont-elles un facteur d’homogénéisation culturelle ou de préservation de la diversité ? Tout dépend de la manière dont on utilise ce nouvel outil. Dans ce contexte, la Francophonie a certainement un rôle à jouer.

L’apparition des réseaux électroniques a-t-elle amplifié les effets de la mondialisation ? Le risque d’homogénéisation est-il devenu plus grand avec Internet ? L’anglais, langue dominante sur le Net, exerce-t-elle d’autant plus facilement son monopole qu’elle n’a pas de concurrentes à son niveau ? Toutes ces questions sont légitimes. En effet, la répartition actuelle des groupes linguistiques sur Internet montre que 51,3 % des internautes sont anglophones contre 8,1 % qui parlent japonais, 5,9 % allemand, 5,8 % espagnol, 5,4 % chinois et 3,9 % français. Effet de masse, effet d’uniformisation ? Quels sont les liens entre l’offre et la demande, entre les utilisateurs et les contenus ?
Au vu de ces chiffres, il semble que la Francophonie ait tout intérêt à intégrer Internet dans ses stratégies de coopération. Dans un contexte de mondialisation, la Francophonie a fait de la promotion des langues, le français mais aussi toutes les langues pratiquées dans les pays francophones, l’un de ses chevaux de bataille. Et la promotion du plurilinguisme est à n’en pas douter l’un des moyens de préserver la diversité culturelle. Quant à Internet, nouvel outil de communication, outil d’avenir par excellence, son développement exponentiel ces dernières années le rend incontournable. Dans le cadre de la préparation de la Conférence des ministres de la Culture de Cotonou (juin 2001), l’Agence intergouvernementale a donc réuni des experts pour faire avancer le débat autour de ces questions et proposer des actions. Avec un objectif : concilier les impératifs de préservation de la diversité culturelle et de développement de l’accès aux technologies de l’information dans les pays les plus démunis.

Un outil de développement et de désenclavement

Il s’agit en premier lieu de favoriser une présence plus importante du français et des cultures francophones sur Internet, mais aussi d’aider les pays africains à utiliser les nouvelles technologies pour favoriser leur développement. Par exemple, sur le plan de la communication, de la diffusion et de la commercialisation des produits culturels, de la collecte et du stockage des données, de la formation… Internet semble un outil puissant pour permettre le désenclavement des Etats africains, et l’une des voies pour faire fructifier la mondialisation en matière d’accès à l’information et d’échanges culturels. Pour Louise Lassonde, démographe, membre du Fnuap et pilote de l’un des ateliers consacrés aux nouvelles technologies dans les séminaires de préparation de la Conférence des ministres francophones de la Culture, « l’essentiel des enjeux consiste dans la manière dont seront façonnés les rapports entre maîtrise technologique, développement économique et rayonnement culturel ».
En terme de contenus aussi, l’enjeu d’Internet est important pour la Francophonie. Le réseau peut être un facteur de désenclavement culturel pour les pays africains, s’ils participent activement à la production de contenus et aux échanges culturels via le web. Pour Louise Lassonde, il s’agit pour la Francophonie d’aider les pays à avoir « la capacité de protéger, sauvegarder et valoriser leur savoir-faire artistique et culturel dans un contexte général où le commerce des produits culturels sur Internet fait courir le risque de dépossession ». Devenir et rester des créateurs, mais aussi des diffuseurs autonomes de contenus et pas simplement des consommateurs ou des producteurs instrumentalisés qui « alimentent » une offre culturelle sans y être associés... C’est aussi à ce niveau que se joue la promotion de la diversité culturelle.
Un obstacle de taille subsiste cependant : la communauté francophone est constituée majoritairement de pays en développement, pour la plupart en Afrique, qui sont encore en termes d’équipements et de financements largement distancés dans la course à l’Internet et aux nouvelles technologies. Au manque de moyens, d’infrastructures et à leurs conséquences, s’ajoute aussi le problème de la place importante de la culture orale en Afrique, et celui de l’analphabétisme, qui entravent l’appropriation de l’outil par le plus grand nombre.

Première initiative : le Fonds francophone des inforoutes

Dans ce contexte, quelles actions peuvent contribuer à promouvoir à la fois l’accès aux nouvelles technologies et la diversité culturelle ? Tout d’abord, la Francophonie peut jouer le rôle d’intermédiaire pour les États membres auprès des instances de régulation de la société de l’information, ceci afin d'influer sur la mise en place des normes et standards, plaider pour le respect de la diversité culturelle, et essayer de préserver les intérêts des pays qu’elle représente. Une présence à ce niveau est importante pour lutter contre les monopoles et avoir une influence sur les décisions concernant l’avenir.
Du côté des instruments de coopération au sein de l’espace francophone, l’Agence intergouvernementale de la Francophonie a déjà mis en place, en 1998 à la suite du Sommet des chefs d’État et de gouvernement francophones de Hanoi (1997), le Fonds francophone des inforoutes (FFI). Avec notamment comme objectif de donner un appui à la création de contenus sur Internet. Les projets financés par le FFI doivent répondre à certains critères. Par exemple, être réalisés conjointement par au moins trois partenaires originaires de pays francophones du Nord et du Sud. Ce Fonds est destiné à mettre des financements à disposition de projets « reproductibles », dans l’optique d’élargir et de pérenniser les expériences au sein de l’espace francophone. Actuellement douze pays apportent leur contribution au FFI (Cameroun, Canada, Canada-Québec, Canada-Nouveau Brunswick, Communauté française de Belgique, Côte d’Ivoire, France, Gabon, Liban, Monaco, Suisse, Sénégal).
D’autres mécanismes de financement seraient nécessaires. Notamment pour mettre en place des modules de formation, mener des actions de valorisation du patrimoine culturel sur Internet ou renforcer la coopération décentralisée. Avec un objectif primordial en vue : faire de la culture « le moteur de l’espace économique francophone ».

Valérie Gas



Encadré : Fonds francophone des inforoutes : bilan et perspectives d’avenir

(MFI) Après trois ans de fonctionnement, le Fonds francophone des inforoutes semble avoir trouvé sa vitesse de croisière. Le montant des contributions des Etats (environ 15 à 20 millions de francs par appel à propositions), les sommes allouées à chaque projet (environ 600 000 francs en moyenne) et le nombre de dossiers sélectionnés (environ 1 sur 9 lors de chaque appel à propositions) sont restés stables. Un « volet jeune » a été créé après Moncton pour favoriser l’implication des moins de trente ans. Il bénéficie de critères de sélection plus souples : la multilatéralité des initiatives n’est, par exemple, pas obligatoire. Mais en contrepartie, les budgets alloués à chaque programme sont moins importants (100 000 francs).
Pour Pietro Sicuro, gestionnaire du Fonds, « le maintien des crédits est un signe très positif. D’autant plus que le Fonds est la seule structure francophone dans laquelle les pays du Sud contribuent au financement… Les projets sont dans l’ensemble de grande qualité. Mais nous devons faire un choix à chaque appel à propositions en fonction des budgets disponibles ».
Une évaluation par des consultants extérieurs va être engagée en vue du Sommet des chefs d’État et de gouvernement francophones à Beyrouth, à l’automne 2001, pour faire le point sur le fonctionnement du Fonds, les résultats obtenus, l’impact des programmes réalisés. « Il s’agit d’être constructif et de faire des propositions au Comité francophone des inforoutes, composé des douze pays bailleurs, qui gère le FFI ». Certaines questions sont à l’ordre du jour. Notamment les modalités de réponse aux candidatures qui ne sont pas retenues, en définissant la bonne formule pour motiver les refus. Mais aussi sur les objectifs du FFI : la promotion des contenus ne doit-elle pas être accompagnée par des actions au niveau des équipements, étant donné les besoins très importants dans ce domaine dans les pays francophones du Sud ? Les dotations doivent-elles être augmentées ? Des experts extérieurs doivent-ils être associés au processus de décision du FFI auprès des Etats contributeurs ? A suivre, très prochainement...

V. G.





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