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MFI HEBDO: Culture Société Liste des articles

12/10/2000

Chronique Livres

L'essentiel d'un livre


Le passé distancé de Raphaël Confiant

(MFI) Dans ce très beau second volume de ses mémoires, le Martiniquais Raphaël Confiant fait ressurgir des ravines du passé les émois et les peines d’une adolescence vécue au rythme des romances de la servante Rosalia.

Dans le premier volume de ses mémoires Ravines du devant-jour, Raphaël Confiant avait évoqué avec sensibilité et beaucoup de drôlerie son enfance passée sur les mornes bossus de la propriété de ses grands-parents et sa rébellion contre l’image du petit chabin (« Espèce de mauvaise race de chabin! Espèce de chabin aux poils suris! ») que lui renvoyait la société martiniquaise prisonnière de ses obsessions raciales. Le Cahier de romances retrace les années d’adolescence à Fort-de-France où le narrateur fréquente le lycée Schoelcher et tente de se libérer des contraintes de son milieu petit-bourgeois (« ce fils de fonctionnaires assimilationnistes et pro-français que tu étais ») par la lecture d’une part et, par l’observation minutieuse, d’autre part, de tout un petit peuple de djobeurs, de drivailleurs, de crieurs de magasins, de Syriens, de servantes au grand cœur, de mendiantes, d’éclopés qui évoluent en marge de la bonne société. On retrouve ici une préoccupation constante de l’écrivain , apologue de la créolité: recentrer la littérature sur le quotidien « des héros anonymes, des héros insignifiants, des oubliés de la Chronique coloniale » afin de témoigner ainsi « de la Créolité et de l’humaine condition ». Il n’est donc pas étonnant que ce récit de souvenirs s’ouvre sur l’évocation de la figure attachante et un peu triste de Rosalia la négresse bleue, servante chez les Confiant. Rosalia chante pour oublier l’eczéma qui ravage son visage. « Sa bouche de caïmité pulpeuse affectionne les vocalises corses de Tino Rossi, les valses créoles du temps de Saint-Pierre, avant l’éruption du volcan, quelques boléros qu’elle capte sur les ondes de Cuba ou de Bénèzuèle... ». Les chansons de la servante ponctuent les quinze scènes et tableaux qui composent ce Cahier de romances et constituent le fil d’Ariane qui conduit le lecteur, de texte en texte, au coeur d’une adolescence riche en émois et en découvertes.
Confiant célèbre aussi dans ces pages le monde de la littérature qu’il distingue des « Lettres » auxquelles l’école et l’université ont réduit « cette chose magnifique, multiforme, enthousiasmante, délicieuse qu’était la “Littérature” ». Raphaël lit pour oublier ses déceptions amoureuses, sa vocation ratée de gardien de but professionnel, les contradictions entre un De Gaulle en visite aux Antilles s’extasiant sur la francité profonde des Martiniquais et le racisme subi par le père de Raphaël lors d’un voyage en métropole. L’adolescent rentre précipitamment du lycée pour se plonger à corps perdu « dans cette espèce de liquide amniotique que constituaient pour (lui) les œuvres de François Mauriac ou d’Hervé Bazin ». Pendant très longtemps, Moravia, Montherlant, Marceau ou Mauriac (« les quatre M ») seront ses écrivains de chevet , jusqu’à ce qu’il ne tombe un jour par hasard sur La Lézarde d’un certain Glissant. Et ce fut une révélation! « Enfin un livre antillais! Un livre qui parlait de toi. De toi-même! » Cette découverte de Glissant, de Saint-John Perse (« plus antillais que son alter ego noir Aimé Césaire ») constitue un des plus beaux passages de ce livre, d’autant plus beau qu’il entraîne chez le narrateur la douloureuse prise de conscience de l’inadéquation entre le français et les réalités du vécu antillais. « Tu avançais à travers la langue française comme un somnambule. Tu connaissais chacune des pièces de cette vaste maison, de ce château-fort dans lequel tu pouvais te déplacer sans te cogner à une porte ou à un meuble, mais tu avais les yeux fermés. »
Les choses ont beaucoup changé depuis ces années 60 qu’évoque Le Cahier de romances. Le lyrisme, l’inventivité à la fois linguistique et compositionnelle de ce texte écrit à la deuxième personne, montre bien que l’écrivain est venu à bout de sa contradiction et a réussi à trouver un idiome en adéquation à son lieu, à son expérience, à ses sentiments profonds. Tel est sans doute le sens de ce « tu » peu orthodoxe qui creuse le fossé entre le passé et le présent, entre l’enfant et le narrateur.

Raphaël Confiant : Le Cahier de romances, Collection « Haute Enfance ». Editions Gallimard, 247 p., 85 FF.

Tirthankar Chanda



Les exils londoniens de la Nigériane Buchi Emecheta

(MFI) Depuis Londres où elle réside, la Nigériane Buchi Emecheta poursuit l’élaboration d’une œuvre marquée par l’exil et les destinées féminines, Gwendolen, son cinquième roman traduit en français vient de paraître. La production littéraire du Nigeria semble décidément à la mesure de la taille du pays et de ses quelque 120 millions d’habitants. En effet, après le pionnier Amos Tutuola et ses délires fantasmagoriques, et derrière le prix Nobel de littérature, Wole Soyinka, et le très populaire Chinua Achebe (l’un des plus forts tirages des lettres africaines), aux côtés de Ken Saro-Wiwa et de sa destinée dramatique, d’autres talents se sont affirmés. Ainsi deux voix venues de Londres : la révélation de cette dernière décennie, Ben Okri, et la voix féminine de Buchi Emecheta qui s’impose, de livre en livre, offrant à la veine du roman social la dimension féminine du déracinement, de l’éloignement et l’exil.
Sur les quatre titres de la romancière traduits en français (Editions Gaïa) deux d’entre eux, Les enfants sont une bénédiction et La Dot, évoquent la contraintes de la tradition et leurs conséquences sur la vie des femmes. Les deux autres, Citoyen de seconde zone et La Cité de la dèche (les titres sont éloquents !), mettent en scène des personnages, à la destinée sans doute très proche de celle de la romancière, qui, issus d’un ailleurs, connaissaient les affres quotidiennes de l’exil londonien.
Gwendolen (traduit par Maurice Pagnoux), s’inscrit dans cette veine. Son personnage, qui donne son nom au roman, est une jeune fille jamaïcaine dont l’auteur va nous conter la destinée, depuis son île natale des Caraïbes jusqu’à la capitale britannique. Après l’éloignement, dès son plus jeune âge, de son père puis de sa mère, tous deux partis vers l’Angleterre en quête d’un meilleur destin, Gwendolen connaît une enfance troublée par les approches incestueuses de son oncle Johnny et la rencontre avec la famille de son père. C’est avec cette existence qu’elle devra rompre lorsque ses parents lui demanderont de les rejoindre à Londres où commencera pour elle un dur apprentissage et une autre vie...
Tout à la fois emportée par un destin qu’elle ne maîtrise pas et guidée par une farouche volonté de le prendre en mains, Gwendolen, avec la naïveté de l’adolescence, focalise sur sa personne les multiples traumatismes du déracinement, l’hostilité des adultes et l’âpreté d’un monde qui lui est étranger. Dans cet univers douloureux, il lui est bien difficile de trouver sa véritable identité sous les divers masques et noms d’emprunt qu’elle se choisit ou que d’autres lui attribuent. A moins qu’elle ne trouve la force de vaincre, grâce à la naissance d’un enfant auquel elle donnera le nom d’Iyamide, ce qui signifie en yoruba « ma mère est ici »...

Editions Gaïa, 336 p., 139 FF.

Bernard Magnier



Nocky Djedanoum, passeur et poète

(MFI) Tchadien installé depuis plusieurs années dans le nord de la France, Nocky Djedanoum est à l’origine de Fest’Africa, une manifestation littéraire importante qui se tient, chaque automne, à Lille et dans sa région et qui s’est vue cette année agrandie par la présence de créateurs venus d’autres disciplines, de la chanson au cinéma, des arts plastiques au théâtre. Nocky Djedanoum est aussi à l’initiative du projet baptisé « Rwanda : écrire par devoir de mémoire » qui a permis à dix écrivains africains de se rendre en résidence au Rwanda et d’en revenir avec un manuscrit. Si le Sénégalais Boris Boubacar Diop (Murambi aux Éditions Stock) et le Guinéen Tierno Monenembo (L’Aîné des orphelins au Seuil) ont choisi le roman, l’Ivoirienne Véronique Tadjo a recueilli la parole de ceux qu’elle a su rencontrer et amener à la complicité du témoignage (L’ombre d’Imana chez Actes Sud) et le Tchadien Koulsy Lamko a orchestré une pièce de théâtre polyphonique composée à partir des textes de ses collègues écrivains : Corps et voix, paroles et rhizomes.
Au delà de ses qualités d’animateur et d’organisateur, Nocky Djedanoum a aussi rapporté de ses séjours au « pays des mille collines » quelques textes réunis dans un recueil intitulé Nyamirambo. Dans les poèmes de ce recueil, il tente, avec une retenue empreinte de gêne et de culpabilité, de répondre à cette lancinante question : comment se taire ? Immédiatement suivie de cette tout aussi délicate interrogation : comment parler ? comment dire ? sans paraître voyeur ou observateur maladroit. Il faut en effet dire, parler et témoigner, « clamer et déclamer », non l’indicible et effroyable cataclysme mais la trace laissée dans la mémoire des uns et dans la conscience des autres. Tenter de partager une part de culpabilité, tant les collines « pèsent sur la conscience » sur cette « terre de recueillement et de mémoire » qui invite le poète à dire : « Je suis d’ici et je suis de retour »...
Ce recueil est co-édité par les Éditions du Figuier à Bamako et Fest’Africa, devenu éditeur pour l’occasion. Il est publié conjointement au roman de la Burkinabé Monique Ilboudo, Murekatete, et à l’essai du Rwandais Jean-Marie Vianney Rurangwa : Le Génocide des Tutsi expliqué à un étranger.

B. M.



Exil et révolte dans le roman africain

(MFI) Le roman africain a commencé à s’imposer depuis longtemps sur la scène littéraire internationale, et nombre d’auteurs du continent qui ont contribué à son succès sont aujourd’hui mondialement connus. Mais aucune étude complète n’avait encore été menée sur ce genre en pleine expansion. Les barrières linguistiques héritées de l’époque coloniale ayant encore la vie dure, la plupart des travaux de ces dernières années sont demeurés tributaires de la division du continent en zones linguistiques. Spécialiste de la littérature africaine de langue anglaise, la Française Denise Coussy a décidé, en revanche, de traverser les frontières pour dresser un panorama d’ensemble du roman africain contemporain. Son dernier ouvrage – qui laisse de côté la poésie – tente une typologie de ses principaux thèmes, des images qu’il produit, des archétypes qu’il crée et de la vision qu’il donne de l’Afrique subsaharienne. D’un Chinua Achebe à un Nurudin Farah, le genre a beaucoup évolué depuis le début des années soixante. Les thèmes post-coloniaux y ont supplanté ceux qui tournaient autour de la présence européenne, et la conscience de l’anomie a succédé aux espérances. Les rôles des femmes y ont évolué, de même que la place de la ville. L’exil y est omniprésent, et la révolte devant les maux qui accablent l’Afrique sourd de la plupart des œuvres écrites ces dernières années. D’une étonnante vitalité, dominé par l’anglais et le français, maniant aussi bien le tragique que le grotesque, le roman subsaharien donne aujourd’hui à voir toute la complexité d’un continent en pleine mutation.

Denise Coussy : La littérature africaine moderne au Sud du Sahara. Ed. Karthala, 208 p., 120 FF.

Sophie Bessis



Un moine zen au cœur de l'action

(MFI) Certains parcours méritent le détour : juif new-yorkais, ingénieur dans l'aéronautique, docteur en maths, Bernie Glassman est devenu… moine bouddhiste zen, puis enseignant dans cette discipline avant de se lancer avec son épouse dans l'action sociale et le « peacemaking » (action pour la paix). En voilà un qui n'a pas choisi la méditation et la spiritualité pour s'évader du réel. Ses enfants élevés, il fonde en 1970 un centre zen à New York (les juifs représentent 30% des bouddhistes aux Etats-Unis, où on les appelle jubus, abréviation de « jew buddhist »). Puis il crée un lieu qui combine activités commerciales et non-lucratives afin de permettre la réinsertion de SDF, de taulards ou de toxicomanes. On y trouve aussi des logements à bas prix, une crèche et un hôpital de jour pour malades du sida. Depuis quelques années, Bernie Glassman organise des retraites sur des « lieux de grande souffrance » comme Auschwitz ou des quartiers difficiles des villes occidentales. Les membres de l'ordre des peacemakers (sa dernière « entreprise » créée avec d'autres bouddhistes, des jésuites, des soufis et des rabbins), passent plusieurs semaines par an dans les rues, sans un sou, méditant en groupe le matin puis survivant comme le font les SDF, ceci afin de porter témoignage des plaies sociales de notre époque, mais surtout d'apprendre à vivre en dehors des repères habituels, du confort matériel et mental. « Nous voyons la faim, la maladie, le racisme, et aussi les individus, les institutions et les sociétés qui en bénéficient, écrit B. Glassman. La guérison qui en découle menace les fondements mêmes de ces sociétés. Nous serons qualifiés de trublions, de communistes ». Et de conclure, à l'intention de tous ceux qui voudraient ouvrir et yeux, et agir : « Porter témoignage est une activité dangereuse : une fois que nous commençons, il est difficile de nous arrêter. »

Bernie Glassman : L'art de la paix. Ed. Albin Michel, 236 p., 110 FF.

Henriette Sarraseca



Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les métiers du cinéma

(MFI) On raconte qu’un jour, le célèbre producteur hollywoodien Sam Spiegel se promenait dans les rues de Los Angeles, une superbe blonde à son bras, lorsqu’un inconnu furieux lui donna un grand coup de pied dans les fesses. Alors Spiegel, sans même se retourner : « Le chèque est au courrier ! ». Vraie ou non, l’anecdote est en tout cas révélatrice de l’aura (de mystère, de soufre, de charme…) qui entoure les producteurs et d’une manière générale tout ce qui touche au septième art. C’est l’un des grands mérites de ce guide pratique (en deux tomes) sur les Métiers du cinéma que de lever le voile sur la légende sans la tuer complètement. Tous ceux qui veulent entrer dans cette « grande famille » (sic) pourront y trouver des fiches techniques très complètes sur chaque profession, des conseils pour décrocher un stage, un tableau comparatif des écoles de cinéma (à Paris et ailleurs), bref, tous les renseignements indispensables pour devenir producteur, scénariste, réalisateur, distributeur, décorateur. Ce dernier métier, très mal connu, est par ailleurs le sujet d’un magnifique et passionnant ouvrage publié par la Compagnie des livres, et qui prend la forme d’une suite d’interviews données par les grands noms du métier : Dan Weil explique comment, pour Le grand Bleu, Besson lui demanda de construire un village grec entier… au bord de la mer ; Wynn Thomas raconte que Tim Burton voulait, pour Mars Attacks ! , un décor qui ressemble aux dessins d’un jeu de cartes des années 60... Dans un tout autre registre, les éditions Dixit publient Faire son premier film, un livre absolument incontournable pour tous ceux qui souhaitent se lancer dans la réalisation.

Les métiers du cinéma, tomes 1 et 2, Rebondir, 49 FF.
Frédéric Plas, Faire son premier film, Ed. Dixit, 119 FF.
Peter Ettedgui, Les chefs décorateurs, Ed. La compagnie du livre, coll. Les métiers du cinéma.

Elisabeth Lequeret



Un auteur à découvrir
Michael Ondaatje, un romancier qui s’attaque à la guerre

(MFI) « Cadavres brûlés. Cadavres jetés dans les fleuves ou dans la mer. Cadavres dissimulés puis enterrés ailleurs. C’était une guerre de Cent Ans menée à l’aide d’un armement moderne... ». L’action du nouveau roman de l’écrivain canado-srilankais Michael Ondaatje se situe dans le Sri Lanka contemporain ravagé par la guerre.

La protagoniste de ce roman est une jeune femme d’une trentaine d’années. Médecin au sein d’une organisation internationale, Anil débarque dans l’île pour enquêter sur les exécutions perpétrées par des groupes inconnus. A quel camp appartiennent les meurtriers ? Aux guérilleros séparatistes ? Aux insurgés du Sud ? Aux militaires ?
Sous couvert d’un thriller politique et policier, le romancier nous livre ici le récit baroque de la descente en enfer d’un pays qui lui est cher. Au désarroi de l’auteur face à la destruction morale et matérielle causée par la guerre civile, répond en écho celui de l’héroïne, elle aussi issue de cette île, et qui doit affronter les fantômes de son propre passé, tout en poursuivant sa dangereuse mission.
Révélé au grand public par la splendide adaptation de son très beau roman Le Patient anglais, Michael Ondaatje publie depuis les années 60. Né au Sri Lanka en 1943 dans une famille aisée et établi au Canada depuis l’âge de dix-huit ans, Ondaatje est entré en littérature par la poésie. Il a à son actif une dizaine de recueils. Dans ses poèmes souvent elliptiques et proches des haïkus japonais, Ondaatje explore les thèmes de la guerre, de l’exil, de l’histoire qui sont les constantes de son oeuvre. La question de la guerre était, on se souvient, au cœur de l’intrigue romantique du Patient anglais, roman qui a obtenu le Booker prize (le Goncourt anglais) et fable sur la vanité des hommes et des nations. La tirade du protagoniste contre les nations est un des plus beaux moments du livre: « Nous étions allemands, anglais, hongrois, africains, mais pour les Bédouins du désert, cela ne voulait rien dire. peu à peu, nous sommes devenus apatrides. J’en vins à détester les nations. Le désert, c’était un endroit où régnait la confiance. Nous disparaissions dans le paysage. Feu et sable. Effacez le nom de famille! Effacez les nations! »
Les premiers romans d’Ondaatje qui ont pour titres Billy the kid, oeuvres complètes (1970), Les Blues de Buddy Bolden (1976), Un air de famille (1982) et La Peau d’un lion (1987) , sont des ouvrages hybrides, à la croisée de la fiction, du texte poétique et du documentaire. Ils ont pour thème la quête de soi, une quête qui s’appuie, ici, sur des photos de familles jaunies par le temps, ailleurs, sur le parcours emblématique de héros oubliés de l’histoire culturelle et sociale américaine tels le poète-tueur Billy the kid ou le cornettiste de l’aube du jazz Buddy Bolden. Ce sont des récits ludiques, faits de collages narratifs et de séquences lyriques, que Michael Ondaatje qualifie de « puzzles dont le lecteur est invité à recoller lui-même les morceaux ». En rupture avec cette veine ludique, Le fantôme d’Anil, et Le Patient anglais, sont des livres graves où la structure narrative complexe reflète la conscience atomisée, aliénée, atrophiée des citoyens otages de guerres insensées. Cette conscience déshumanisée est le véritable sujet des écrits récents d’Ondaatje, comme le montrent ces quelques vers tirés de ses Ecrits à la main. « Au dessus du sol, du massacre et des guerres raciales./Un cœur réduit au silence./La langue arrachée./Le corps humain fusionnant avec un pneu enflammé./La boue furieuse/qui regarde. »

Michael Ondaatje : Le Fantôme d’Anil ; Traduit de l’anglais (Canada) par Michel Lederer. Editions de l’Olivier. 300 p., 130 FF. A lire aussi: Ecrits à la main, poèmes par Michael Ondaatje. Editions de l’Olivier. 90 p., 100 FF.

Tirthankar Chanda





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