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18/01/2001

La science au XXe siècle : ce qu'elle nous a apporté

(MFI) Résumer ou dresser un panorama des innombrables avancées scientifiques du XXe siècle est forcément une gageure. Science et Vie, le magazine fondé en 1913 « pour se tenir à l'écoute de tout ce qui se découvre, s'invente, se discute, se construit ou se projette » a voulu relever le défi.

De la théorie de la relativité à la découverte de l'ADN en passant par le moteur à réaction, l'informatique ou l'astrophysique : le mensuel de vulgarisation, véritable institution française, fait paraître, en même temps que son millième numéro, un « livre-événement » en 2 volumes, afin de communiquer à la fois le savoir essentiel sur une question et la présentation qui en avait été faite à l'époque. Dommage peut-être que, même si elles ont donné des coups d'accélérateurs à la recherche, les guerres, et surtout la Seconde Guerre mondiale, occupent une telle place dans l'ensemble. Certes, sans les guerres l'aviation moderne ne serait pas ce qu'elle est, mais en quoi l'importance des navires porte-avions dans la flotte de combat moderne peut-elle intéresser ceux que la science passionne ? Et en quoi cela a-t-il changé la vie de chacun de nous ?
Car c'est bien là l'une des réussites de ce livre : montrer à quel point les découvertes scientifiques ont bouleversé – en bien et en mal – notre existence au quotidien. La recherche d'abord : c'est après le conflit de 1914 qu'avec l'hygiénisme et la pasteurisation, on s'attaque aux microbes et aux épidémies (décision salutaire : la javellisation de l'eau) ; on découvre la radioactivité, s'interroge déjà sur la biodiversité et l'importance de sauvegarder la nature ; et on entre, sans trop le réaliser encore, sous la coupe de l'impérialisme américain par le biais militaire – envoi de troupes qui assurent la victoire contre l'Allemagne- mais surtout économique : la viande congelée américaine va nourrir une partie de l'Europe. La production à grande échelle et la future société de gaspillage – à grand renfort de publicité – sont d'ores et déjà inscrites dans l'avenir de l'Europe et d'une partie de la planète.

Cris d'alarme des chercheurs

Dans l'entre-deux-guerres se vérifient expérimentalement les théories de la relativité d'Einstein ainsi que la théorie des quanta qui bouleversera les sciences physiques et la conception de l'univers. L'automobile, les avions, la TSF entrent dans la vie courante même si la majorité de la population n'y a pas encore accès.
C'est aussi la biochimie qui prend pied dans les années 30 avec la découverte dans notre organisme d'éléments aussi fondamentaux que les hormones et les vitamines. Concernant celles-ci, des chercheurs lancent déjà des cris d'alarme : l'épluchage, la mise en conserve, la stérilisation, les traitements industriels font perdre aux aliments une grande part de leurs vitamines « indispensables à notre santé ». La réflexion est à reprendre, telle quelle, 70 ans plus tard…
Tout paraît merveilleux – et l'est alors – dans l'euphorie et la pénurie de l'après-guerre : l'automobile-liberté – mais on n'imagine pas la pollution et les millions de morts de la route qui s'ensuivront ; les « cités radieuses » de Le Corbusier et autres grands architectes – qui se mueront en sinistres ghettos-dortoirs.
Dans les années 50 survient la « révolution antibiotique » (formidable avancée), mais aussi une médecine « qui entre dans la société de consommation », toujours à la suite du modèle américain de production industrielle, rappelle Science et Vie ; production en l'occurrence de médicaments à grande échelle. La santé du particulier n'y trouve pas toujours son compte, loin de là, puisque la véritable prévention passe à la trappe : les médecins généralistes le clamaient encore, tandis que les spécialistes s'inséraient logiquement dans le nouveau paysage. De nos jours, un discours recouvre tous les autres : celui des services de communication des grands labos pharmaceutiques.

Bon travail, vraies questions

L'immunologie, la génétique, l'informatique, les grandes découvertes en astrophysique et en cosmophysique ont continué ensuite de bouleverser notre univers et notre quotidien. Science et Vie a expliqué toutes ces avancées, sans répugner souvent à prendre parti : contre l'homéopathie et les « pseudo-sciences » en incluant pêle-mêle astrologues et guérisseurs, « soucoupistes en tous genres, amateurs de vaudou en plein Quartier latin »… et « chrétiens saisis par le yoga, le zen ou le tao » – les traîtres !
Plus sérieuses et méritoires, en leur temps, les véritables questions posées sur le devenir de la médecine, ou l'engagement de la France dans le tout-nucléaire, que Science et Vie voyait d'emblée « à hauts risques, tant écologiques qu'économiques ».
Aujourd'hui, la revue continue à faire du bon travail, et à tirer à plus de 300 000 exemplaires. Mais, ainsi que l'a déclaré l'un de ses rédacteurs en chef, Olivier Postel-Vinay, « les temps ont changé. Loin de la foi aveugle dans les vertus du progrès qui accompagna l'essor de La Science et la Vie, nous sommes entrés dans l'ère du doute ». Les découvertes scientifiques soulèvent de plus en plus d'interrogations. Et qui veut informer sur la recherche doit aussi, parallèlement, aborder le pourquoi des choix de cette recherche, ses conséquences et ses implications économiques. Ah ! Qu'elle était belle et simple la science de papa !


Science et Vie témoin du siècle où tout a changé – 1913-2001. 240 pages chaque tome. 249 FF.

Henriette Sarraseca





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