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18/07/2002
Chronique Livres

L'essentiel d'un livre : Les secrets d’enfance d’Abdellatif Laâbi

(MFI) Le dernier roman de l’écrivain marocain, Le fond de la jarre, nous invite sur les traces de son enfance au coeur de la ville de Fès. Passeur des autres écrivains par ses traductions et souvent à l’écoute des douleurs des autres, Abdellatif Laâbi est allé chercher au plus près de lui-même les bribes de mémoire qui allaient constituer la trame de ce roman.

Le poète convie à cette cérémonie des confidences, tout en balisant le chemin et en évitant soigneusement les chausse-trappes, les images et imageries, les clichés et lieux communs qui encombrent volontiers ce type de livres qui fleurent parfois la commémoration, l’ennui et le stéréotype. Ici, l’auteur s’adresse à son lecteur et le met en garde en même temps qu’il le rassure : « On l’aura compris, car à l’averti suffit un clin d’œil quand au lourdaud il faut un coup de poing, c’est la prime enfance qui sera revisitée et, là encore, l’impasse sera faite sur les thèmes éventés ». Et Laâbi de citer l’école coranique, la circoncision, la fête du mouton, le hammam et ses secrets, ou la tyrannie paternelle parmi les sujets maintes fois ressassés.
Abdellatif Laâbi articule son récit autour de Namouss, un enfant, personnage central, double avec lequel il établit une relation, tout à la fois complice et distante. Namouss « c’est mon ancêtre et mon enfant » avoue-t-il et c’est dans la connivence de cette double filiation que l’auteur, narrateur héros et protagoniste du livre nous convie à la table familiale, dans ses secrets, ses drames et ses rires. « Famille, je vous aime » aurait peut-être pu dire Namouss mais il aurait fallu aussitôt évoquer l’amour des lieux, et de cette ville de Fès, tant chantée par le poète, qui donne aussi un charme mélancolique à ce livre d’évocation de lieux et de temps qui ne sont plus. C’est dans cette atmosphère que l’enfant feuillette l’agenda des souvenirs, mais s’il évoque la maison familiale, l’école, les parents, les copains, les voisins, les frasques d’enfance et les premières découvertes, Laâbi a le souci d’éviter la folklorisation de son récit et la volonté explicite d’écrire l’envers d’une carte postale stéréotypée, par ailleurs trop souvent adressée aux lecteurs. Quant au « fond de la jarre » qui donne son titre à ce livre, Abdellatif Laâbi nous livre l’origine de l’expression (une supercherie de commerçants que le lecteur découvrira à la fin du volume), tout en précisant qu’avec le temps le sens en a été contrarié...
Comme un vieux tiroir et ses secrets oubliés, comme une soirée entre amis au cours de laquelle s’entremêlent anecdotes et souvenirs, comme une vieille malle entrouverte sur ses trésors enfouis, Abdellatif Laâbi est allé puiser dans Le fond de la jarre afin d’en extirper quelques traces de son passé. Il en ressort un livre d’intimité mais avant tout le livre d’un poète qui mesure la confidence, se joue des mots, de la transgression, du vrai et du faux, non pour travestir le réel mais pour donner sa vérité et sa vision, loin des chemins balisés et souvent encombrés de trop de poncifs et clichés. Un livre exigeant qui réclame une attention de toutes les lignes.

Gallimard, 254 pages, 15 euros.

Bernard Magnier


Nawal El Saadawi : souvenirs d’une humaniste rebelle

(MFI) A 70 ans, la célèbre féministe égyptienne, médecin psychiatre et écrivain, n’a rien perdu de son enthousiasme ni de son mordant. Infatigable, elle était présente en avril 2002 au contre-sommet de Porto Alegre, en tant que membre d’un jury informel devant recueillir des témoignages d’oubliés de la mondialisation. L’année passée n’a pourtant pas été de tout repos pour elle. Traînée en justice par un avocat islamiste pour « apostasie », elle était menacée de devoir divorcer de son époux depuis trente-sept ans, avec qui elle a eu deux enfants, le Dr Sherif Hetata, lui aussi écrivain et militant tiers-mondiste ayant longtemps sillonné l’Afrique et l’Asie. Un procès similaire, intenté contre le professeur et écrivain Hamid Nasr Abou Zeid et son épouse, le professeur Ibtihal Younès, avait obligé les deux enseignants à s’exiler après que le tribunal eut prononcé leur séparation. Mais Nawal et son mari ont fait front, soutenus par une campagne internationale en leur faveur. Le 30 juillet 2001, le tribunal leur a donné raison. Reste qu’un musulman ayant été accusé d’apostasie par n’importe quel obscur imam islamiste risque de subir le sort des écrivains égyptiens Farag Foda, assassiné en 1992, ou Neguib Mahfouz, grièvement blessé deux ans plus tard…
Plus de vingt ans après les faits, les éditions Serpent à plumes proposent une traduction française du récit de son incarcération sous le titre Mémoires de la prison des femmes. Figurant sur la « liste noire » du ministère de l’Intérieur depuis des années en raison de sa liberté de pensée et d’expression dans ses livres, articles et lors de colloques internationaux, Nawal El Saadawi avait été arrêtée sur ordre de Sadate en septembre 1981. Son récit nous fait partager le quotidien fait de violences, de misère, de rires et de solidarité de la chambrée des détenues politiques, là où finissent par fraterniser paysannes et professeurs d’université. L’assassinat de Sadate, en octobre de la même année, devait entraîner leur libération un mois plus tard. A travers ces lignes, nous voyons aussi une femme de caractère, rebelle et déterminée, pour qui la justice et la dignité humaines sont inaliénables. « Révoltée contre l’immobilisme », dotée d’une « capacité humaine d’adaptation et de victoire dans les pires circonstances », elle avoue « ignorer aujourd’hui encore le secret de cette joie qui m’habite chaque matin ». A cette occasion, on pourra revenir sur des livres importants de l’écrivain, romans ou essais sur la condition sociale et surtout psychologique de la femme arabe, mais aussi sur la condition humaine en général. Ou parcourir certains de ses articles sur son site, très bien fait mais destiné aux anglophones : www.nawalsaadawi.net. L’œuvre et le personnage valent vraiment le détour.

Nawal El Saadawi : Mémoires de la prison des femmes. Le Serpent à plumes, 268 p., 18 euros.

Henriette Sarraseca


Mais comment peut-on être un écrivain nègre ?

(MFI) Publié pour la première fois au Québec en 1994, Cette grenade dans la main du jeune Nègre est-elle une arme ou un fruit ? est un récit qui se situe -et bien qu’il en soit séparé par d’autres publications- dans la lignée du roman qui a rendu célèbre l’écrivain haïtien Dany Laferrière, Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer. Neuf ans après la parution de ce premier roman, Dany Laferrière revenait sur l’accueil réservé à ce livre, sur les enthousiasmes, les ambiguïtés et autres effets collatéraux de son succès. Près de vingt plus tard, voici à nouveau et dans une version revue par son auteur, ce roman au titre aussi long que les travers de la société américaine qu’il entend dénoncer. Sous le couvert du rire, de l’humour, du sarcasme et de l’ironie, Dany Laferrière explore les sentiments (bons et mauvais) de cette société multiraciale nord-américaine qui n’a pas encore fini de digérer le poids de son histoire.
Cette grenade dans la main du jeune Nègre est-elle une arme ou un fruit ? comporte une double départ : une sorte de prologue qui commence par ces mots « ceci n’est pas un roman » et pose ainsi, de façon théorique à la manière du peintre Magritte, l’existence de ce texte, et un vrai premier chapitre dont la première phrase l’inscrit d’emblée dans la référence autobiographique : « J’ai connu le succès à cause du titre de mon premier roman ». Ainsi donc, fort de ce succès, un jeune romancier d’origine caribéenne -qui ressemble beaucoup à notre auteur et porte le même nom que le héros de son premier roman- bénéficie d’une certaine aura médiatique et se voit sollicité par un magazine pour écrire des articles et servir d’alibi culturel, politique et racial, ou, pour le dire d’une façon plus crue, servir de « couleur locale », de « parfum du mois ». Sur ce point de départ, Dany Laferrière se met en scène lui-même, n’hésite pas à dénoncer les hypocrisies du système tout en continuant d’en utiliser toutes les ficelles. Tel un ethnologue qui serait lui-même objet d’observations croisées, il pose un regard mordant sur les jeux et les enjeux des milieux littéraires. Jouant et se jouant du succès et des bénéfices qu’il peut en obtenir, Dany Laferrière démonte les tenants et les aboutissants de la célébrité, et tout particulièrement dans les relations interraciales nord-américaines, mettant à nu (au propre comme au figuré) le couple écrivain noir à succès et lectrice blanche sous le charme.
A l’image de l’auteur, aujourd’hui résidant à Miami après avoir dû fuir Haïti et avoir vécu au Québec, Cette grenade dans la main du jeune Nègre est-elle une arme ou un fruit ? est un roman aigre-doux, intelligent et malicieux qui mêle hargne et humour, et nous permet de pénétrer l’envers d’un décor souvent bien lisse et si politiquement correct sur sa façade. Dany Laferrière y offre aussi une interrogation sur la création littéraire, ses hasards et ses doutes, ses fragilités et ses pièges. Aux côtés de ses récits évoquant ses années de jeunesse passées à Petit Goâve en Haïti auprès d’une grand-mère tendrement aimée et aimante, ce roman s’inscrit parmi les dix titres que l’auteur a lui-même réunis sous le titre « Autobiographie américaine ».

Cette grenade dans la main du jeune Nègre est-elle une arme ou un fruit ? Serpent à plumes (réédition), 360 pages, 18 euros.

B. M.


Fela, attachant et contradictoire

(MFI) Articulé autour de différents thèmes, cet ouvrage propose des traductions, des anecdotes et des commentaires passionnants sur la vie et l’œuvre du chanteur rebelle Fela. On découvre ainsi que son grand-père fut l’auteur de l’hymne d’Abeokuta et que son père, directeur d’école, chassa à coups de fouets un inspecteur blanc venu superviser ses cours.
Si l’auteur, journaliste nigérian, commente la vie de son idole avec une exaltation inquiétante, il a parfois l’honnêteté de souligner les excès du chanteur. Ainsi nous révèle-t-il les errements de Fela croyant dur comme fer aux gilets pare-balles magiques (totalement inefficaces) de son gourou le professeur Hindu ou ses propos aberrants alors que, atteint du sida, il déclarait peu avant sa mort : « Les Africains ne peuvent pas attraper le sida. Nous autres africains mangeons de la viande et des légumes frais donc nous possédons une immunité naturelle contre les maladies de l’homme blanc ».
Fela n’en demeure pas moins un personnage attachant et même brillant si l’on en juge par son intervention lors du Symposium sur la Conférence mondiale contre l’apartheid publiée ici. Cet ouvrage nous offre également des photos inédites et une liste de sites à consulter. Ainsi qu'une interview de Femi qui nous éclaire sur les idées d’un héritier talentueux, engagé, plus nuancé que son père mais parfois aussi contradictoire. Ne dit-il pas que la place de la femme est à la maison alors que son épouse, choriste, l’accompagne dans sa vie professionnelle ?

Mabinuori Kayode Idowu : Fela le combattant. Ed. Le Castor. 139 p., 20 euros.

Sylvie Clerfeuille


La Bible dévoilée par l’archéologie

(MFI) Il y a ceux pour qui le caractère sacré du texte biblique ne peut être mis en doute. Et puis il y a les archéologues, dont les découvertes les plus récentes vont en faire frémir plus d’un. Israël Finkelstein, par exemple : directeur de l’institut d’archéologie de l’université de Tel-Aviv, il dévoile aujourd’hui qui étaient vraiment les auteurs de cette incroyable saga historique. « Brillant produit de l’imagination humaine », celle-ci fut selon lui conçue en l’espace de deux ou trois générations, il y a environ 2 600 ans, par un peuple de pâtres et de fermiers à la population clairsemée…
Si nombre de légendes, de personnages ou de fragments de récits de la Bible remontent à des temps beaucoup plus anciens, leur compilation aurait donc été effectuée pour la première fois à l’époque du royaume de Juda, expression d’un élan créatif et religieux remarquable. La Bible refléterait l’idéologie et la vision du monde de ce moment précis de l’humanité où la terre d’Israël était partagée en deux royaumes dont les textes nous racontent l’opposition… Quant aux thèmes mythiques de l’exode ou des rois David et Salomon, l’auteur va jusqu’à s’interroger sur leur existence réelle. Les très nombreuses questions soulevées par ces découvertes contemporaines ne retirent pourtant rien à la magie d’un texte universel, somptueuse histoire au fort pouvoir d’émotion de la relation entre un peuple et son Dieu.

Israël Finkelstein et Neil Silberman : La bible dévoilée. Ed. Bayard, 430 p., 24 euros.

Moïra Sauvage


Immigration : dédramatiser le débat

(MFI) Hormis le titre, qu’on dirait fait pour induire le lecteur en erreur sur son contenu, c’est un livre utile que vient de publier Philippe Bernard, journaliste au quotidien français Le Monde, où il a longtemps tenu la rubrique des questions migratoires. Seul le premier chapitre de cet ouvrage précis et clair est en effet consacré aux migrations planétaires. Le reste du livre est exclusivement consacré à la France. Est ainsi passée en revue au fil des chapitres l’histoire déjà ancienne de l’immigration dans ce pays, depuis les premières vagues de Belges sous le Second Empire jusqu’à l’arrivée massive de ressortissants des anciennes colonies d’Afrique du Nord. Quelles lois régissent-elles le séjour de ces populations étrangères ? Quel est le sort réservé à leurs descendants, pour la plupart devenus français ? Quel a été l’impact de la politisation du débat à partir des années 80 et de l’instrumentalisation du thème des immigrés par une partie de la classe politique ? Quelles sont les conditions à réunir pour réussir une intégration dont les ratés sont aujourd’hui plus visibles que les réussites ? C’est à cette série de questions que l’auteur tente de répondre avec le souci méritoire de dédramatiser le débat, en en expliquant les différentes dimensions, sociale, culturelle et religieuse, entre autres. Un précis juridique recensant l’ensemble des lois relatives à l’immigration vient opportunément compléter un ouvrage où la volonté pédagogique ne cède pas au refus du simplisme et à un optimisme mesuré sur l’avenir français des populations issues des dernières vagues d’immigration.

Philippe Bernard : Immigration, le défi mondial. Ed. Gallimard, Le Monde/Folio actuel, 346 p.

Sophie Bessis


Trois questions à Jacques Chevrier

(MFI) « Monde noir poche » a vécu. Vive « Monde noir » ! Entretien avec Jacques Chevrier à l’occasion de la relance de cette collection de littérature africaine et caribéenne qu’il dirige depuis vingt ans.

MFI : « Monde noir poche » reparaît. Comment avez-vous réussi à ressusciter cette excellente collection que l’on croyait morte et enterrée ?

Jacques Chevrier :
Elle n’était pas tout à fait morte. Elle avait été simplement mise en veilleuse à cause des bouleversements qu’a connus son éditeur, Hatier International pendant les années 1990. Comme vous le savez, la maison Hatier a été cédée à Hachette. La nouvelle direction ne savait trop que faire de cette collection qui, si elle n’a pas perdu d’argent, n’a jamais été très rentable. Or le bilan 1998-99 a révélé que l’éditeur avait quand même vendu sur cette période de deux ans quelque 60 000 exemplaires d’ouvrages estampillés « Monde noir poche », alors que la collection n’avait publié aucun nouveau titre depuis plusieurs années. On m’a donc rappelé l’année dernière et proposé de travailler à la relance de la collection. L’idée de l’éditeur était de passer du format poche à un format normal. Pour cela, il fallait aussi changer la présentation. Une équipe de graphistes a travaillé sur la maquette et a abouti à cette très belle couverture représentant un masque bicéphale polychrome sur un fonds de terre ocre étalée sur une page beige. En bas de la couverture apparaît le nouveau nom de la collection, « Monde noir ». Mais attention, « Monde noir poche » ne disparaît pas pour autant car on continuera de publier en format poche un certain nombre de titres de la nouvelle collection à destination du marché africain.

MFI : La collection a changé d’aspect, mais comment se fait-il que les titres publiés soient essentiellement des reprises ?

J. C. :
Ce n’est pas tout à fait exact car nous avons inauguré la collection pendant le Salon du Livre de Paris en publiant d’emblée quatorze titres, dont six nouveaux : Histoire pour toi d’Arlette Rosa-Lameynardie, L’Espagnole de Nicole Cage-Florentiny, Nègre blanc de Didier Destremau, Ecce Ego de Pierre Mumbere Mujomba et les deux anthologies africaines de fiction et de poésie. D’autres nouveaux titres sont en chantier pour une sortie programmée en septembre. Je voudrais par ailleurs que cette collection soit représentative de la production littéraire du monde noir dans son ensemble. C’était déjà le cas dans l’ancienne, qui comptait plusieurs traductions de l’anglais. J’ai été un des premiers à publier Wole Soyinka en français, et cela avant même qu’il ait eu le prix Nobel. J’entends conserver cette approche internationaliste en faisant une large place aux anglophones de l’Afrique noire ou de la Caraïbe. Mon intention est aussi d’aller vers des textes de langue portugaise et des textes écrits dans des grandes langues africaines.

MFI : La relance de votre collection coïncide avec l’émergence, ces dernières années, de plusieurs collections consacrées à la littérature africaine. N’avez-vous pas l’impression qu’il y a aujourd’hui dans ce domaine un trop-plein d’offre pour une demande somme toute limitée ?

J. C. :
Au contraire. Nous avons tellement entendu pendant des années les écrivains déplorer l’étroitesse de l’édition africaine et pleurer l’agonie de Présence Africaine qu’on ne peut que s’enthousiasmer de l’apparition de collections telles que « Afriques » chez Actes Sud, « Continents noirs » chez Gallimard, ou les séries africaines de Dapper et du Serpent à plumes. Je suis convaincu que cette concurrence saine entre éditeurs aura un effet bénéfique sur la production littéraire du monde noir en stimulant les écrivains à produire plus et mieux.


* Outre les six ouvrages cités dans l’entretien, on pourra lire dans la collection « Monde noir »: Le lieutenant de Kouta (roman), Le coiffeur de Kouta (roman) et Le boucher de Kouta (roman) par Massa Makan Diabaté, Au bout du silence (roman) par Laurent Owondo, Anacona (théâtre) par Jean Métellus, La parenthèse de sang (théâtre) par Sony Labou Tansi, La tortue qui chante (théâtre) par Sénouvou Agbota Zinsou et La clé des songes (conte) par Béatrice Tell.

Propos recueillis par Tirthankar Chanda




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