L’essentiel d’un livre : Le roi est mort ce soir
(MFI) L’aube. Le soleil se lève sur le royaume de Massaba, quelque part au cœur d’une Afrique ancestrale. Une agitation fiévreuse règne dans les couloirs du palais royal où le roi Tsongor s’apprête à marier sa fille avec le prince des terres du sel… Inspiré par l’Afrique, voici l’un des meilleurs romans de la rentrée.
Depuis plusieurs semaines le pays est en émoi et toute la population attend fiévreusement cet événement. Dans le palais, le vieux roi, tiré de son sommeil comme à l’accoutumée par Katabolonga, son plus fidèle serviteur et le porteur de son tabouret d’or, se prépare pour cette journée qui s’annonce harassante et qui se révélera tragique tant pour le roi que pour l’immense empire qu’il a bâti au cours d’une longue vie remplie de conquêtes et de massacres. En effet, en l’espace de vingt-quatre heures, des événements dramatiques vont compromettre le mariage de la princesse Samilia avec son fiancé, le beau et fier prince des terres du sel, entraîner la mort du roi et plonger le pays dans une guerre longue et dévastatrice dont personne ne sortira indemne.
Tout commence par l’entrée en scène du fils adoptif du roi, perdu de vue depuis longtemps, mais qui, devenu entretemps un seigneur de guerre redouté, vient réclamer la main de Samilia au nom d’un très ancien serment. Samilia reconnaît avoir échangé des promesses de mariage avec Sango Kerim, mais c’était dans une autre vie, lorsqu’ils étaient tous les deux très jeunes et ni l’avenir ni les serments n’avaient beaucoup de sens. Pour ne pas avoir à décider Tsongor se tue, après avoir éloigné du royaume son plus jeune fils qu’il charge de se rendre dans les quatre coins de l’empire pour y élever « sept tombeaux sombres et somptueux ». Peut alors commencer la guerre terrible des prétendants pour la possession de Samilia.
Massaba, c’est Troie, Samilia son Hélène. La Mort du roi Tsongor, c’est en effet l’Iliade revisitée, africanisée. Tout fait penser à l’Afrique dans ce récit, de la quatrième de couverture représentant une scène de cure traditionnelle dans une clinique à Bamenda (Cameroun) jusqu’aux noms de certains personnages (Katabolonga ou Bandiagara), en passant par le souffle de la littérature orale qui rythme ce singulier roman-poème. Son auteur, Laurent Gaudé, n’a pourtant jamais mis les pieds en Afrique. L’Afrique est, pour lui, un espace de projection, un lieu encore marqué par les temps anciens où son imagination à la recherche de correspondances entre le passé et le présent peut se déployer. Pour écrire ce roman, Laurent Gaudé qui est d’abord un homme de théâtre, s’est inspiré de La Geste de Ségou, mais aussi de L’Epopée de Gilgamesh et bien entendu de l’Iliade et des tragédies grecques. Ce mélange de sources diverses pour raconter une histoire aux dimensions épiques, une histoire de guerre, de transmission interrompue et d’amour, donne un des romans les plus étonnants et les plus atypiques de cette rentrée littéraire placée obsessionnellement sous le signe de l’introspection et du minimalisme.
Laurent Gaudé : La Mort du roi Tsongor. Actes Sud, 204 p., 15,90 euros.
Extrait: « Souba s’était acquitté de sa promesse, mais le sourire triste de Tsongor l’obsédait. Il restait Samilia que tous avaient oubliée et que la vie avait saccagée. Il pensa, un temps, partir à sa recherche. Mais il connaissait l’immensité du royaume et il savait qu’il ne la retrouverait jamais. Cette quête-là était vaine. Il réfléchit longtemps sur sa mule. Jusqu’à atteindre le dernier défilé des montagnes pourpres. Il leva alors la tête et regarda le paysage autour de lui. Les montagnes étaient dans son dos. Face à lui l’immensité du royaume. Il était le dernier d’un monde englouti. Un homme mûr dont la vie n’avait pas encore commencé. Il lui restait à vivre. » Thirtankar Chanda
L’essentiel d’un livre : Le roi est mort ce soir
(MFI) Warda est prête à donner sa vie pour changer le monde. Belle, courageuse, lucide, elle est l’héroïne du dernier roman de l’Egyptien Sonallah Ibrahim, ancien militant communiste qui a payé ses convictions de plusieurs années d’emprisonnement, et dont plusieurs livres ont été traduits en français : Le Comité, Cette odeur-là, Les années de Zeth et Charaf. Elle pourrait être une Palestinienne d’aujourd’hui - l’innocence et l’espoir en moins –, elle est une jeune Omanaise des années soixante et son destin est semblable à celui de ces jeunes femmes arabes, mais aussi latino-américaines ou autres adolescentes du Tiers Monde, « gauchistes » qui ont pris les armes ou sont entrées dans la clandestinité par aversion de l’injustice, conviction politique ou idéologie mais aussi par pur idéal. Warda et son frère Yarib se sont engagés dans la guérilla du Dhofar, qui va s’implanter dans la région et recruter parmi les Dhofaris rebelles à l’autorité du sultan. L’éviction des Britanniques d’Aden et l’instauration d’un régime marxiste dans le Sud-Yémen voisin en 1967 confortent les jeunes révolutionnaires dans leurs convictions. Mais, dès 1970, le nouveau sultan Qaboûs reconquiert le terrain perdu avec le soutien des Britanniques et surtout lance la modernisation du pays qui va lui donner une base populaire.
Il y a plusieurs temps forts dans le roman, fait de deux récits entrelacés, le journal de dix années de lutte tenu par Warda, et celui du narrateur, un Egyptien jadis amoureux d’elle qui part à sa recherche vingt ans après. Des temps forts et une énigme : Warda, disparue dans le désert où elle trouve la mort dans des circonstances troubles, a-t-elle été trahie par son propre frère ? Entre temps, elle aura accompli son bref destin, lutté, tenté de changer les mentalités traditionnelles, connu la solitude puis aimé librement et conçu une fille que le narrateur va pouvoir aider. A travers le journal de la jeune femme, on suit les principaux événements du monde arabe en ces années d’espoir, et l’auteur a fait à cet égard un remarquable travail de recherche historique. Feuilletant les pages du journal de Warda, et bien que l’écriture en soit précise et sobre, on suit surtout les émotions et l’évolution d’une jeune femme qui a su aller au bout de ses convictions et de ses désirs, un beau portrait de femme arabe luttant pour sa liberté.
Sonallah Ibrahim : Warda. Actes Sud, 452 p., 23,90 euros. Henriette Sarraseca
Ibrahim al-Koni : L’inspiration venue du désert
(MFI) Fascinant, mystérieux, implacable, obscur et par-dessus tout poétique : ce roman du Libyen Ibrahim al-Koni a tous les attributs de l’univers qui l’a inspiré, le Sahara profond. Le récit, mythe retraçant la quête d’un peuple, paraît se situer en un temps précédant une « modernité » annoncée et l’installation de la tribu dans une oasis longtemps rêvée et enfin trouvée, mais on pourrait aussi bien l’imaginer aux commencements de l’humanité. Il évoque l’initiation non pas d’un personnage mais celle de tout un peuple qui, à l’image de l’être humain, ne sait d’où il vient ni où il va, sans cesse tiraillé entre l’appel de l’éternité et le désir de vivre. La vie n’est qu’un passage, un voyage, à l’image de la migration annuelle des oiseaux décrite dans les premières pages, magnifiques. « Quand les oiseaux s’envolent, à leur saison, chaque homme fait retour sur lui-même, pour vaincre sa nostalgie, la nostalgie de cet ailleurs d’où il est venu un jour, sur les ailes des oiseaux »… A l’origine, un homme doit renoncer à l’amour et à sa vocation de poète pour devenir le chef de la tribu, sacrifice de la vie au pouvoir décrit comme une malédiction. Mais chacun est confronté aux questions existentielles : faut-il se soumettre à la tradition ou oser le sacrilège, choisir la prudence ou le risque, s’établir et assumer ses responsabilités ou céder aux sirènes de l’augure et prendre avant l’heure « le chemin de l’oubli » ?
Né en Libye en 1948, venu tard à l’écriture, nous dit l’éditeur (il a appris à écrire à l’âge de douze ans après une enfance passée dans le désert), Ibrahim al-Koni partage aujourd’hui son temps entre la Suisse, où il réside, et le désert de son pays qui l’inspire toujours. Il a écrit plusieurs romans, des nouvelles, des recueils d’aphorismes. Ce récit, ardu et mélodieux, porte la marque (l’appréciation est de l’écrivain espagnol Juan Goytisolo) d’un « grand artiste ».
Ibrahim al-Koni : L’Oasis cachée. Ed. Phébus, 182 p., 18 euros. H. S.
Savoureux proverbes d’Egypte
(MFI) L’Universitaire Arlette Tadié, qui vient de publier le récit de son « enfance à Gaza », nous offre le fruit de plusieurs années de travail dans une anthologie thématique regroupant trois mille proverbes égyptiens, dont beaucoup rejoignent la sagesse mondiale avec, souvent, l’humour en plus. Exemples.
Sur quelqu’un qui est à la fois timoré et agressif : « Comme le chien il a peur et il fait peur » ; vantard : « Il est aveugle et se prétend astrologue » ; imprudent : « Aveugle et galopant dans une palmeraie » ; talentueux : « Il jongle avec l’œuf et la pierre »… ce que seule une personne très adroite peut faire sans casser l’œuf ! Sur le savoir : « Un savoir sans travail est un fardeau sans chameau » ; ou bien : « Il y a toujours plus savant que le savant » ; ou encore : « L’ignorant est son propre ennemi ». Sur l’apparence physique (de la femme, puisque l’homme, ici comme ailleurs, se reconnaît le droit d’être laid et attirant) : « La taille élancée est la moitié de la beauté » ; ou (mais que faut-il donc croire ?) : « L’homme est comme le boucher, il n’aime que celles qui sont grasses ». A méditer : « Celle qui n’est pas aimée de son mari pour sa peau ne le sera pas par son nombre d’enfants ». De toutes manières, « une femme capable dit au four de s’allumer sans carburant » !
Deux versions sur le mariage, l’optimiste : « Marie-toi, tu auras au moins un gardien la nuit et un serviteur le jour »… et la pessimiste : « Quand la célibataire voulut se plaindre, elle trouva la femme mariée en larmes »– ce que les Russes expriment par : « On pleure d’être jeune fille, à peine mariée on hurle ! » Une consolation tout de même, pour celles qui auront assez de caractère : « Ton fils sera comme tu l’as éduqué, et ton époux comme tu l’as habitué ».
Des consignes de bon sens pour se maintenir en bonne santé : « Fatigue ton corps mais ne fatigue pas ton cœur » (mieux vaut une saine fatigue qu’une angoisse prolongée) ; ou : « Ne t’en fais pas et tu seras bien potelé ». Le b.a.ba : « Déjeunez et étendez-vous, dînez et promenez-vous ». Se méfier des actions inutiles : « Allons-nous piler de l’eau dans un mortier ? » Ne pas oublier qu’« une vie sans amour est une vie sans vie ». Après ce bref aperçu, on conviendra aisément que « les mots sont des nains, et les proverbes des géants » !
Arlette Tadié : Le sel de la conversation - 3000 proverbes d’Egypte. Maisonneuve & Larose, 620 p., 26,70 euros. H. S.
Naipaul par Naipaul
(MFI) Comment est-il devenu écrivain ? Comment ses sujets se sont-ils imposés à lui ? Pourquoi se méfie-t-il de la fiction ? Réponses et explications.
Ecrivain britannique originaire de la diaspora hindoue des Antilles, V.S. Naipaul a reçu le prix Nobel de littérature en octobre 2001. Avec plus d’une trentaine d’ouvrages à son actif, cet écrivain septuagénaire est considéré comme un très subtil styliste. L’œuvre de Naipaul se situe à mi-chemin entre la fiction, le reportage et l’autobiographie. Dans certains de ses ouvrages, il a évoqué l’histoire de ses ancêtres venus de l’Inde lointaine, fuyant la misère et la faim pour trimer dans des conditions de quasi-esclavage dans les plantations de canne à sucre. Il a reconstitué à travers ses livres leur lutte pathétique contre l’oubli, leurs tentatives dérisoires et désespérées de préserver le passé ancestral. L’essai que Naipaul vient de faire paraître en français, parallèlement à son nouveau roman La moitié d’une vie, jette un éclairage sur les origines comme « source et aiguillon » de cette oeuvre. Ce volume bref mais riche en analyses et en intuitions, est composé de trois textes: « Lisant et écrivant » retrace la venue à l’écriture de Naipaul, suivi de « L’écrivain et l’Inde » et du très beau discours de réception du Nobel.
« J’avais onze ans, pas plus, quand le désir me prit d’être écrivain; et très vite ce fut une ambition arrêtée », écrit Naipaul. D’où lui venait ce désir précoce ? En partie de son père, un journaliste autodidacte qui avait écrit des nouvelles basées sur la vie de sa communauté aux Antilles. Et en partie de ses lectures des classiques de la littérature anglaise, bien que le jeune Naipaul eût beaucoup de mal à s’identifier à ces auteurs lointains, dont les univers n’avaient rien en commun avec la société insulaire de Trinidad où il a grandi. « Je désirais être écrivain. Mais le désir s’accompagnait de la conscience que la littérature qui me l’avait inspiré venait d’un autre monde, très éloigné du nôtre. » C’est seulement lorsqu’il quitte l’île à l’âge de vingt ans pour s’installer en Angleterre qu’il songe sérieusement à l’écriture comme vocation et gagne-pain.
Encore fallait-il avoir un sujet. Il faudra au futur écrivain quatre ans pour le découvrir. Guetté par le dénuement et la dépression, hébergé par un cousin dans « un sombre appartement en sous-sol de Paddington », il finira par entrevoir un jour avec étonnement ce que son sujet pourrait être: « la rue de Port of Spain (capitale de Trinidad) à la vie bariolée que nous tenions à distance, et l’existence villageoise d’avant, aux coutumes et aux comportements d’une Inde remémorée ». Tout au long d’une carrière littéraire qui embrasse un demi-siècle, Naipaul a exploité sa propre vie, l’abjection et les souffrances liées à ses origines comme matériau de son écriture si particulière. « Enfant, j’avais donc ce sentiment de deux mondes, le monde à l’extérieur du haut portail de tôle ondulée, et le monde de chez moi - ou du moins de chez ma grand-mère. C’était un reste de notre sentiment de caste, la chose qui excluait et isolait. (...) Nous regardions vers l’intérieur; nous accomplissions nos journées; le monde extérieur existait dans une sorte d’obscurité; nous ne nous interrogions sur rien. (...) Quand je suis devenu écrivain, ces zones de ténèbres qui m’environnaient enfant sont devenues mes sujets. Le pays, les aborigènes, le Nouveau Monde, la colonie, l’histoire, l’Inde, le monde musulman – auquel je me sentais aussi lié – l’Afrique, puis l’Angleterre, où j’écrivais mes livres. »
Ce sont ces zones de ténèbres, synonymes de schrizophrénie coloniale, d’ambiguïté et d’incomplétude, qui font, si l’on en croit Naipaul, l’unité de son oeuvre. Une unité qu’il a mis longtemps à voir et dont la conscience fait dire à l’auteur aujourd’hui, arrivé quasiment au terme de son chemin: « Je suis la somme de mes livres. Chacun d’eux (...) couronne les précédents et en procède ».
V.S. Naipaul : Comment je suis devenu écrivain. Editions 10/18, 87 p., 6 euros. T. C.
Saison des prix : la bonne littérature… et l’autre
MFI) Qu’est-ce qu’un bon, un grand roman ? Est-ce une question de goût personnel, de frissons ressentis à la lecture ? Ou bien y a-t-il des critères précis, « objectivables », qui font qu’un texte littéraire, poésie, roman ou nouvelle, ont une valeur indéniable ? Quelles œuvres deviendront des « classiques », survivront à leurs auteurs ? Et quels écrits passeront comme les modes, les critiques et les prix saisonniers qui les ont portés (au pinacle) ? Vieux débat et question difficile à trancher, qu’il peut être salutaire en tout cas de réveiller alors que sévit en France la saison des prix littéraires tant convoités, par les auteurs et les éditeurs. Débat qu’un écrivain et critique littéraire « dissident », Jean-Pierre Domecq, tente de relancer en provocateur, mais aussi en connaisseur de la littérature, et lui-même écrivain de talent.
Son livre est composé d’un long texte critique paru il y a quelques années dans la revue Esprit, et de réflexions plus récentes. Le plus intéressant – quoique éclairant – n’est pas dans sa charge contre le supplément littéraire du Monde, et contre quelques critiques nommément cités capables par leur prestige de faire la fortune d’un auteur médiocre (et de son éditeur), mais dans les pièces qu’il verse au dossier sur le fond. Il est vrai que nombre d’écrivains moyens sont couramment « vendus » aux lecteurs comme des très bons ; et des critères existent bel et bien qui, « fond » (ou propos, ou portée, ou atmosphère, ou univers) et « forme » (style, écriture, petite ou grande musique) intimement mêlés, permettent de dire si on est en présence d’un grand roman, d’un véritable créateur ou pas. A cet égard, Domecq apporte des éléments au débat, et permet surtout à son lecteur de relancer sa propre réflexion dans un domaine qui, bien sûr, relève d’un art (et non pas, d’abord, d’une industrie comme cela l’est hélas devenu) plus que d’une science exacte.
Tel roman rose, de gare, ou de qualité moyenne pourront bien sûr émouvoir des millions de lecteurs ; seulement, des centaines d’auteurs sont capables de produire ces livres. Mais l’œuvre de Céline, Camus ou Marguerite Duras sont des apports uniques dans le paysage littéraire. Uniques, rares et précieux. Un grand dramaturge du XXe siècle, l’Américain Arthur Miller, rappelle pour sa part dans son essai Fenêtres sur le siècle, qui vient de paraître en français, le rôle le plus ambitieux qu’on puisse attribuer à un écrivain : « Ce n’est pas tant de divertir (ce qui est essentiellement le cas maintenant) que de transformer l’humanité d’une manière ou d’une autre. » Voltaire, Hugo, Balzac, Zola, Dostoïevski, Steinbeck, Soljenitsyne, Faulkner, Philip Roth et d’autres géants moins connus ont joué ce rôle. Entre les deux, peut-être, ceux qui « promènent le miroir le long du chemin », mais un miroir déformant tant leur singularité, leur force et leur talent sont éclatants. Ils ne transforment peut-être pas l’humanité mais, dépassant un narcissisme complaisant, nous donnent à voir et à sentir les brulûres et les profondeurs du désir, de la haine, du désespoir, de l’amour, de la vie : Stendhal, Flaubert, Dumas, Neguib Mahfouz, Driss Chraïbi, André Brink, Le Clézio, Christiane Singer, entre autres, nous révèlent notre intime part d’humanité…
Pour en revenir à Domecq, il évoque le « phénomène vraiment nouveau en France » qu’est Michel Houellebecq en ces termes : « Ses romans sont idéologiques - idéologie de l’exécration nostalgique mais à cet égard « engagés » au lourd sens du terme (…) sa vision du monde est tellement prévisible. Prévisible parce que ce qu’il dit du monde et des êtres est l’application de ce qu’il en pense, une mise en roman d’une conception, au demeurant assez pauvre. Celle-ci consiste en un déversement des rancoeurs et ressentiments (…) Ajoutez à cela le ton du désespoir étranglé, à blanc, en vérité fort complaisant dans le style douloureux qui joue sec et contrit. Libre à certains d’y voir un nouveau style de degré zéro. » De quoi, en effet, relancer bien des polémiques.
Jean-Philippe Domecq : Qui a peur de la littérature ? Ed. Mille et une nuits, 248 p., 12 euros. H. S.
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