L’essentiel d’un livre : La fiction politico-poétique d’Yvonne Vera
(MFI) Auteur d’une oeuvre riche, engagée, et traduite en plusieurs langues, Yvonne Vera est la nouvelle voix d’un Zimbabwe aux prises avec les démons de l’autoritarisme politique et social.
« Je ne veux pas être mêlée à la politique », aime répéter l’écrivain zimbabwéen Yvonne Vera qui vit, comme beaucoup d’écrivains de son pays, dans la crainte d’être inquiétée par la police de Robert Mugabe pour avoir osé critiquer le régime dans ses livres. Or malheureusement pour elle, son projet littéraire, dédié à cette ambition d’«être la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche » qui a animé tant d’écrivains noirs avant elle, est une oeuvre intensément politique. Il est rare, il est vrai, qu’elle évoque directement les méfaits du pouvoir. Elle le fait pourtant dans son dernier roman, The Stone Virgins, non encore traduit en français, et dont l’action tragique se déroule sur fonds du génocide perpétré par les soldats loyalistes dans la province de Matebeland au lendemain de l’indépendance.
Profondément engagée, l’œuvre de la Zimbabwéenne, riche aujourd’hui de cinq romans et d’un recueil de nouvelles, est bâtie autour des thèmes de la liberté, de l’Histoire, de la réinvention de soi. Elle met en scène des êtres désemparés, fragilisés par cette violence cruelle et perverse qu’une société patriarcale exerce sur les faibles, et plus particulièrement les femmes, les privant de leurs voix, de leur dignité, les poussant dans leurs derniers retranchements. Une jeune adolescente se mure dans le silence après avoir été violée par son père. Les femmes courbent l’échine sous la pression conjuguée du colonialisme et de la tradition. Mais il arrive parfois que la victime se rebiffe, se libère du silence imposé par la société, pour dire ses souffrances et ses espoirs.
C’est le cas de Phephelaphi, magnifique jeune femme qui est la principale protagoniste de Papillon brûlé, premier roman d’Yvonne Vera à être traduit en français. Dans le décor de misère et de ségrégation du Zimbabwe colonial, elle fait la connaissance de Fumbatha, homme d’âge mûr et ouvrier du bâtiment. Ils se rencontrent par un après-midi d’été de plomb, au bord de la rivière Umguza qui traverse leur campagne commune. « Elle avait émergé haletante, cherchant son souffle sous ses pieds, surgissant de la rivière comme une ondine. L’eau coulait sur son visage, des ruisselets étincelants. (...) Pour Fumbatha, ce fut le matin le plus radieux, avec les yeux de Phephelaphi brillant comme des joyaux face à lui, ses bras de la même couleur que le rocher sur lequel elle se reposait. (...) Elle était le soleil. Sa beauté était plus que cela... ». C’est le grand amour, malgré leur différence d’âge. Mais très vite, la jeune femme qui nourrit d’autres ambitions que de vieillir dans le bidonville que son amant lui offre pour seul horizon d’attente, se fatigue de cette relation qui la tient prisonnière. Elle veut partir pour la grande ville, devenir infirmière. Mais c’est trop tard, car elle découvre qu’elle est enceinte. Dans un de ses précédents romans, Yvonne Vera avait déjà exploré cette thématique de la maternité comme un obstacle pour la femme à la réalisation de soi. Elle doit à tout prix écarter cet obstacle. Ainsi, dans une scène quasi-insoutenable, on retrouve Phephelaphi se tordant de douleur après avoir essayé d’extraire de son ventre cet enfant qui est son désespoir. Elle n’en sortira pas indemne.
C’est dans un langage poétique, riche en images et en métaphores, qu’« Yvonne Vera raconte la tragédie poignante de son pays, celle de ses femmes composant avec le désespoir au quotidien.
Yvonne Vera : Papillon brûlé. Traduit de l’anglais par Geneviève Doze. Edition Fayard, 211 p., 17 euros.
Tirthankar Chanda
Avec Naguib Mahfouz, le plaisir continue…
(MFI) Actes Sud poursuit, pour le plus grand bonheur des francophones, la traduction des œuvres de l’Egyptien Neguib Mahfouz. Sur plus de cinquante romans et recueils de nouvelles, la moitié sont maintenant disponibles, dont certains en édition de poche (les admirables Chimères, ou Vienne le nuit, par exemple, chez Folio). Cette fois, six romans paraissent en même temps ! Cinq d’entre eux regroupés en un volume de la collection Thesaurus (Passage des miracles, Le Fils de la médina, Le Voleur et les Chiens, Le Mendiant et Les Mille et une nuits), ainsi que son avant-dernière œuvre, qu’il venait de publier en arabe quand il a obtenu le Nobel en 1988, Propos du matin et du soir.
Dans celle-ci, point de récit linéaire ou « classique ». Tout comme le précédent, Miroirs, ce livre est composé d’une série de portraits d’hommes et de femmes. Classés par ordre alphabétique, de A (comme Ahmed) à Y (comme Yazid), chaque personnage est le maillon qui contribue à tisser une même trame, à dessiner une fresque de l’Egypte aux XIXe et XXe siècles, vue à travers les membres d’une famille sur trois générations. On peut donc parler d’un roman, dont la forme éclatée montre encore une fois à quel point le grand écrivain est à l’aise dans l’exploration de nouvelles formes littéraires, après avoir prouvé sa maîtrise dans les plus classiques (Le Fils de la médina, la Trilogie, etc.). « L’écrivain doit trouver la mélodie issue de son être profond, disait Mahfouz dans les années 80 (…) En ce qui me concerne, la révolte contre tout ce qui relève du classicisme occidental s’est accentuée au cours des quinze dernières années. J’ai gagné plus de confiance en moi, j’ai recherché plus loin en moi-même la petite musique qui dicte mon écriture. »
Chaque personnage est dessiné à grands traits, du matin au soir de sa vie, et l’on voit comme dans le croquis d’un peintre à la main assurée son physique, ses forces ou ses faiblesses, les erreurs, les conditionnements ou l’intime vérité qui tracent les lignes de son destin. Galîla : « De grande taille, elle observait (son mari) le cheikh Mo’awia du haut de sa stature – et il ne le lui pardonna jamais. » Hosni l’enfant doué et choyé, qui s’éprit d’une danseuse et alla jusqu’à l’épouser. Radia qui « ne se décida à rester chez elle qu’aux approches de son centième anniversaire et ne s’alita que durant l’année qui précéda sa mort »… On entre dans l’intimité d’hommes dévorés par l’ambition ou le démon de midi, de femmes opiniâtres, dures à la tâche ou aux épreuves, réduites à la solitude et pourtant rarement résignées ou abattues, personnages dont la plupart sont animés par un appétit de vivre qui ne cède que devant les plus terribles épreuves. Revigorant Neguib Mahfouz, jusque dans le tragique !
Neguib Mahfouz : Propos du matin et du soir. Sindbad/Actes Sud, 222 p., 19 euros.
« Thesaurus » Neguib Mahfouz, même éditeur, 1 078 p., 29 euros.
Henriette Sarraseca
L’afro-optimisme de Koffi Yamgnane
(MFI)Le « Celte noir », comme on l’a surnommé, à savoir l’ingénieur des mines togolais Koffi Yamgnane, maire de la petite commune de Saint Coulitz dans le Finistère en France, proclame avec vigueur son « afro-optimisme » dans ce livre intitulé Nous grandirons ensemble, dont la couverture illustrée juxtapose les visages souriants de deux enfants, l’un noir, l’autre blanc. Malgré la « malédiction » qui semble peser sur le continent, l’auteur veut fermement croire que des lendemains meilleurs y sont possibles.
Il dresse d’abord un état des lieux consternant, dont le sida, la mauvaise gouvernance, les guerres et le « lâchage » de l’Occident depuis la fin de la guerre froide sont les principales causes. Un chiffre suffit à mesurer le déclin de l’Afrique : son commerce extérieur ne représente aujourd’hui que 1 % des échanges mondiaux contre 10 % il y a quarante ans.
Certes, note Kofi Yamgnane, l’Occident a sa part de responsabilité dans ce déclin que la détérioration des termes de l’échange a accéléré, entre autres parce que les Etats-Unis et l’Union Européenne subventionnent largement leur agriculture respective. L’auteur est encore plus sévère à l’égard des dirigeants africains qu’il accuse de « trahison »envers les peuples des pays qu’ils ont acculés à la misère. Mais il rend hommage à l’aide des ONG et aux retraités européens « exemplaires » qui viennent travailler bénévolement en Afrique.
Il évoque avec sérénité les injures racistes dont il fut l’objet, comme ce tract distribué clandestinement à Saint Coulitz après son élection qui disait « il faut être taré et alcoolique comme un Breton pour élire un nègre à la mairie ».
Ancien secrétaire d’Etat à l’intégration des gouvernements Cresson et Beregovoy, Kofi Yamgnane conclut son ouvrage par un éloge du métissage, non sans rappeler que ce sont les femmes immigrées qui maintiennent en France le taux de fécondité élevé dont on se félicite.
Kofi Yamgnane : Nous grandirons ensemble. Robert Laffont, 289 p., 19,70 euros.
Claude Wauthier
Témoignage : Assassinées « pour l’honneur »
(MFI) Un « cas » parmi tant d’autres : « En mars 1997, un homme a tué sa fille de quinze ans en lui écrasant la tête avec une grosse pierre parce qu’il la suspectait d’avoir eu des relations avec un voisin. Au cours de son interrogatoire, il a expliqué à la police qu’elle avait démenti avoir eu une liaison mais qu’il ne l’avait pas crue. L’examen médical a prouvé qu’elle était encore vierge. » Cela s’est passé en Jordanie mais, d’après l’ONU, plus de 5 000 femmes sont tuées pour des « questions d’honneur » chaque année dans le monde - dont mille au Pakistan et en Afghanistan, environ quatre cents au Yémen, mille en Egypte et deux mille cinq cents en Cisjordanie, Gaza et Jordanie. Les vrais chiffres seraient plus élevés puisqu’en Jordanie par exemple, ces crimes, lorsqu’ils sont connus, sont listés parmi les simples délits ou les actes immoraux avec les viols et attentats à la pudeur. Parfois, de sordides histoires d’héritage en sont à l’origine. Les assassins, le père ou les frères des jeunes victimes, ne sont pas condamnés.
Celle qui signe Norma Khouri a fui la Jordanie suite au meurtre d’une amie qui était comme une sœur. Dalia, musulmane, a été poignardée à douze reprises par son père. Amoureuse d’un chrétien, elle l’avait rencontré pendant des mois en cachette, dans des cafés ou des restaurants, avec la complicité de Norma. Les jeunes gens pensaient quitter le pays pour pouvoir se marier. C’est finalement Norma qui a pu s’enfuir, pour sauver sa vie mais surtout raconter cette histoire traversée par l’excitation, l’amitié, l’inconscience, la témérité, la subite panique, la haine, la colère. Condamnée à l’exil à vie, Norma témoigne d’une amitié et de plusieurs vies brisées, dont la sienne, afin de relayer le combat des femmes et des hommes, plus sensibles ou humains, qui luttent en Jordanie même pour que les idées évoluent. On ne peut qu’admirer l’irrésistible pulsion de vie et le courage des victimes et de celles qui chaque jour risquent tout pour avoir le droit de vivre.
Norma Khouri : Pour l’honneur de Dalia. Ed. JC Lattès, 254 p., 18 euros.
H. S.
L’école française est-elle devenue raciste ?
(MFI) Ce livre fait froid dans le dos. Ecrit collectivement par des professeurs et proviseurs de l’éducation nationale, il témoigne des incroyables faits et gestes à caractère raciste et antisémite qui semblent, depuis un dizaine d’années être devenus monnaie courante dans certains établissements français, en province aussi bien qu’à Paris : quand ce ne sont pas les injures permanentes envers d’autres camarades (« sale juif » mais aussi « sale Français », ou encore « Hitler aurait fait un bon musulman, il haïssait les juifs ! »), ce sont des agressions envers les enseignants qui, comme le programme les y incite, enseignent la Shoah en classe de troisième. Le tout au nom de la défense d’un communautarisme qui va à l’encontre de ce que l’école publique française essaie d’enseigner depuis plus d’un siècle : l’égalité et la laïcité.
Alors que faire ? Si ce livre essaie d’expliquer les raisons d’une telle dérive - mal-être de jeunes issus de l’immigration qui retrouvent une identité dans la haine de l’autre, développée dans certaines groupes islamistes, et remettent en cause le système d’un pays qui n’a pas réussi à les intégrer – il tente surtout de sonner l’alarme. La plupart des paroles de ces enseignants sonnent juste. Ce sont les fondements même de la République, si chère au pays des droits de l’homme, qui sont en train de vaciller si l’on n’y prend garde, le racisme au quotidien étant un premier signe qui ne trompe pas.
Les territoires perdus de la République, sous la direction d’Emmanuel Brenner. Ed. Mille et une nuits, 238 p., 12 euros.
Moïra Sauvage
Fragments philosophiques pour les temps futurs
(MFI) Sous peine d’erreur, d’enfermement ou de sclérose, on ne peut plus penser le monde comme on le faisait au XIXe siècle. C’est pourtant bien souvent le cas - à commencer du côté des scientifiques ou des « penseurs » de toutes disciplines- alors qu’on est déjà au XXIe. C’est comme si les principales avancées et expériences du XXe siècle - physique quantique, pistes ouvertes par les astrophysiciens, médecine énergétique, psychologie des profondeurs, etc. - n’avaient pas encore été digérées, encore moins assimilées. En fait, une bataille fait rage aujourd’hui, dont le grand public a encore peu ou pas conscience, entre « d’une part, un paradigme galiléo-newtonien (et cartésien), néoscientiste, néopositiviste et matérialiste (…) et d’autre part un paradigme alternatif dont les fondements relèvent d’un autre univers de sens et qui poursuit une autre quête. » A Seattle, Porto Alegre ou Johannesburg, on a eu un aperçu de cet affrontement, qui sera celui de notre siècle naissant, dans ses dimensions écologique, économique et culturelle. Mais l’anticapitalisme a aussi une dimension philosophique, à laquelle nous introduit ce livre.
Le premier système de pensée a « accompagné le développement du capitalisme », les notions de modernité et de progrès. Le deuxième est né au XXe siècle dans le dépassement des impasses auxquelles nous a conduits le premier : impasses d’une certaine science dite exacte mais réductrice, et surtout présomptueuse lorsqu’elle prétend comprendre et expliquer la totalité du réel, impasses d’une économie capitaliste dont les conséquences sont le saccage de notre planète et la marchandisation non seulement de la force de travail (c’était au XVIIIe avec la révolution industrielle) mais aussi de toute la nature, du vivant et de l’humain jusque dans ses gènes.
Ce que propose ce livre remarquable et dense, fruit du travail de Mohammed Taleb, journaliste algérien et coordinateur de l’Université transdisciplinaire arabe, c’est une somme de connaissances, une réflexion, des pistes, un rendez-vous avec ces penseurs grâce auxquels est en train de se construire cette nouvelle compréhension, forcément globale et transdisciplinaire du monde : le sociologue Gilbert Durand (sociologie des profondeurs), le psychologue Karl Gustav Jung, les physiciens Wolfgang Pauli, Erwin Schrödinger ou Abdus Salem, le chimiste Ilya Prigogine, le logicien Stéphane Lupasco, etc. « Mais pour que ces nouveaux paradigmes non réductionnistes, non matérialistes, holistiques et écologiques puissent être intelligibles dans les cultures des peuples et des communautés du monde, il est nécessaire de sortir du processus pervers qui veut que la modernisation suppose nécessairement l’occidentalisation. » Aux penseurs et citoyens du « Tiers Monde » de s’inscrire, à partir des richesses authentiques de leur histoire – mythes, modes de vie communautaires, vision d’un être humain qui ne serait pas que consommateur (!), etc. – dans ce mouvement mondial de résistance à la colonisation des économies… et des esprits.
Sciences et archétypes – Fragments philosophiques pour un réenchantement du monde. Sous la direction de Mohammed Taleb. Ed. Dervy, 428 p., 21 euros.
H. S.
Ellison, Giono : cri de douleur, cri de joie
(MFI) Deux livres formidables – l’un épais, l’autre mince - paraissent en même temps dans la collection Les Cahiers rouges chez Grasset (une livraison qui comprend aussi Pélagie-la-Charrette d’Antonine Maillet, ou Ilona vient avec la pluie du grand Alvaro Mutis). Homme invisible, pour qui chantes-tu ? de Ralph Ellison demeure l’un des romans majeurs de la littérature américaine du XXe siècle. Un jeune Noir du Sud se retrouve à New York : arriéré rural pour les uns, grand seigneur africain pour les autres, fantasme d’étalon pour la blanche Sybil même si elle milite à ses côtés, il s’aperçoit que pour les autres il n’est qu’une image, fruit de leur ignorance et de leurs préjugés. En fait ils ne le voient pas… Aux yeux de l’Amérique de 1952, date de l’écriture de ce roman pathétique, l’homme noir n’existe pas. A lire ou à relire.
D’autres livres de Jean Giono sont plus connus que celui-ci : Que ma joie demeure, par exemple, ou Le Hussard sur le toit. Mais quel bonheur de découvrir ces Vraies richesses, écrites en 1935 et que ce tranquille pourfendeur de l’aliénation moderne, cet animiste si proche en cela de l’Américain Thoreau pourrait écrire aujourd’hui, avec les mêmes mots, la même limpidité, le même lyrisme, la même… joie. La joie : mot-clé chez lui, sentiment-clé, qui devrait être intimement mêlé à chaque respiration, à chaque souffle d’une vie bien vécue.
Giono commence par nous promener dans Paris, rue du Dragon ou à Belleville, il nous invite à suivre les employés des bureaux ou des grands magasins, leurs pérégrinations sur les pavés gris, leurs repas rapides, leurs gestes étroits, leur existence aux ordres. « Ils ne seront jamais plus alimentés de liberté, jamais plus. » Et il nous emmène bien vite, tout comme il l’avait fait lui-même, dans les monts de Haute-Provence, là où la nature réveille des sensations et des souvenirs enfouis, où chaque homme et femme accomplit des gestes simples et vitaux, « travaux naturels où jamais rien n’est esclavage, où tout est à la mesure de l’homme, lui laissant son temps (ce temps qui est l’habitation de Dieu) ».
Les fausses richesses sont toutes celles que l’argent peut acheter ; les vraies, celles qui sont là, pour tous, en abondance : vents, pluies, neiges, soleils, montagnes, fleuves, forêts, un savoir qui est avant tout « noblesse intérieure » (et non pas produit monnayable), et un travail véritablement utile à soi et aux autres. Noircit-il trop la ville, encense-t-il trop les champs ? Peu importe, nous n’avons pas entre les mains un manuel de sociologie, mais un livre poétique et inspiré, le cri du cœur d’un homme qui demande qu’on prenne ses livres « pour ce qu’ils sont : de simples histoires d’espérance », et qui s’est donné pour mission de faire vibrer ce qui, tout au fond de nous, ne s’est pas encore laissé aliéner, amadouer ou vaincre.
Ralph Ellison : Pour qui chantes-tu, homme invisible ? / Jean Giono : Les Vraies Richesses. Grasset, coll. Les Cahiers rouges.
H. S.
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